Accueil > Déontologie médicale et indépendance professionnelle > Un désastre moral
Un désastre moral
C’est ainsi que Roselyne Bachelot a qualifié l’état actuel des hommes en blancs lors d’un point presse ce lundi.
Première publication : mardi 22 juin 2010,
par - Visites : 7233
En plein centre des médias à Genève, Roselyne Bachelot, la ministre
de la santé, a tenu une conférence de presse pour exprimer son sentiment sur
la situation des hommes en blanc et donner « des pistes » pour le futur de la Direction Technique Nationale de la Santé.
« Un désastre moral ! » C’est ainsi que Roselyne Bachelot a qualifié l’état actuel des Blancs lors d’un point presse ce lundi.
« J’ai indiqué au cours d’une réunion de travail, puis d’une prise de parole devant les médecins, que la santé publique française affrontait un désastre. Non pas parce qu’elle a perdu un combat, mais parce que ce désastre était moral. La
réalité de la situation, il faut l’affronter de face. Ce n’est pas seulement un mauvais moment à passer. Rien ne sera plus comme avant et je l’ai dit aux médecins dans un entretien extrêmement émouvant. Je l’ai vu dans les yeux de
chacun d’entre eux. J’ai dit aux experts de la grippe : ce sont nos enfants pour qui peut-être vous ne serez plus des héros. Ce sont leurs rêves que vous avez peut-être brisés. C’est l’image de la France que vous avez ternie.
Pour beaucoup d’entre vous, leur ai-je dit, c’est peut-être votre dernière campagne sanitaire. Une pandémie grippale, vous en avez rêvé lorsque vous étiez étudiants. Et je crois avoir vu des larmes dans leurs yeux lorsque je leur ai racontés ce qu’avait dit Didier Houssenech avant la mise au point de programme contre la grippe aviaire (Ndlr : lors de la peur de la grippe aviaire en 2005). Une épidémie jugée alors effrayante. A l’époque, Didier Houssenech avait simplement écrit cette phrase sur le tableau : "comment voulez-vous que l’on se souvienne de vous ?" Et je leur ai répété cette phrase. Le secret de
demain, il n’est pas dans les seringues des grippistes, mais dans leurs cerveaux. Je leur ai dit de tout donner, de se battre. Et j’ai vu dans leurs yeux qu’ils ont cette intention. L’heure est celle des experts, pas encore du bilan.
Depuis une semaine, j’ai beaucoup consulté avec le Président de la République, le Premier ministre, les responsables de la santé française...
L’heure n’est pas à détailler les leçons qu’il faut en tirer. En revanche, je peux déjà vous dire quelles pistes et quelles méthodes je compte mettre en oeuvre à mon retour à Paris.
D’abord, je recevrai le nouveau directeur technique national de la santé. Ensuite, je procéderai à un audit externe, réalisé par un cabinet indépendant, de tout ce qu’il s’est passé durant cette pandémie. Les médecins seront consultés. J’ai décidé aussi, en plein accord avec Françoise Webiade, d’entamer
le chantier de la rénovation de la gouvernance.
Quatrième point, je l’ai déjà commencé : je continuerai le combat de la moralisation financière de la santé.
Enfin, la déontologie. Un décret a été publié sur la déclaration des conflits d’intérêts en 2008. Il a été foulé aux pieds. Je veux qu’avant chaque grande manifestation publique ayant trait à la santé, il fasse l’objet d’une lecture solennelle et d’une
signature non moins solennelle des médecins et notamment des experts. Cela n’a pas été le cas avant pendant la campagne de vaccination. Et si un expert ne veut pas s’y conformer, il ne doit pas être sélectionné.
Mais ce soir, tout cela est une autre histoire... Les 12 mois
qui viennent n’appartiennent qu’aux médecins et c’est cela que je suis venu leur dire. »
Vous aurez bien sûr reconnu la déclaration de Roselyne Bachelot concernant les bleus et la triste affaire de la coupe du monde de football. Ce qui est amusant, c’est que je n’ai quasiment pas modifié sa déclaration en la transposant dans le domaine de la grippe. Mêmes mots, mêmes phrases. Seul le contexte change. Et en point d’orgue, mon ami Olivier D me signale cette phrase issue d’une autre interview de la ministre "les acteurs de ce désastre devront rendre des comptes". Fais ce que je dis, mais ne dis pas ce que je fais... |