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90% des arrêts de travail sont justifiés
Selon la CNAM, seuls 10% des arrêts de travail posent problème
Première publication : mercredi 10 juin 2009,
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Le chiffre est tombé le 9 juin 2009 : à partir d’une enquête portant sur plus d’un million de contrôles, l’assurance maladie confirme que 90% des arrêts maladie rédigés par les médecins sont justifiés.
Pour une notion aussi subjective que la capacité au travail d’un salarié, un aussi bon résultat a de quoi surprendre.
En effet, quelle entreprise peut s’enorgueillir de tels chiffres ? Qui peut prétendre atteindre 90% de réunions justifiées, 90% de dépenses de consultants, de démarche qualité, d’achat de matériel qui soient non contestables ?
Alors que l’arrêt maladie du médecin est l’un des derniers remparts contre la souffrance sociale, liée à des conditions de travail de plus en plus tendues, comment expliquer un aussi bon résultat ?
La première raison tient sans doute à la crise et à l’angoisse qu’elle génère chez les salariés. Il devient de plus en plus difficile de convaincre les employés et cadres malades de s’arrêter. La crainte pour leur emploi les conduit à ne pas suivre nos recommandations et prescriptions de repos. Pourtant, dans de nombreuses affections, comme la grippe, le repos au lit est l’élément principal du traitement, et non les inutiles antibiotiques.
Heureusement, il reste des secteurs épargnés par ce dangereux phénomène. La fonction publique par exemple, génère son lot de souffrance du fait de ses maigres salaires et de sa désorganisation croissante, assure une sécurité d’emploi. Cette sécurité permet au salarié malade de suivre sans crainte la durée de repos prescrite et d’accepter sans difficultés, voire avec enthousiasme, une prolongation si elle est nécessaire.
L’autre raison me paraît liée à la subjectivité du contrôle effectué par les agents de l’assurance-maladie. Chacun dispose de son échelle de valeur et la durée optimale d’un repos n’est pas appréciée par tous de la même façon.
Or, le personnel de l’assurance maladie tient depuis toujours une place de choix au palmarès de l’absentéisme. Le document que La Tribune s’est procuré comporte peut être des analyses sectorielles récentes, mais pour l’instant, les sources disponibles confirment une première place incontestée. L’absentéisme du personnel des CPAM corse dépasse 11%. A titre de comparaison, il était de 3% au Crédit Lyonnais à la même époque.
Ce dernier élément est sans doute le principal biais qui explique ce trop bon résultat.
Le vrai chiffre est probablement plus bas. Entre le patient qui trompe son médecin (il est facile de simuler une gastro-entérite), le médecin trop compassionnel, et bien sûr le pourcentage très faible mais incompressible de médecins malhonnêtes, il n’y a mon avis pas plus de 80% d’arrêts maladies parfaitement justifiés sur des critères stricts (qui d’ailleurs n’existent pas).
Il est dommage qu’un tel biais vienne fausser une statistique aussi importante. Seul élément positif, ces 90% devraient permettre à la profession de discuter la tête haute avec une tutelle capable de brûler des centaines de millions d’euros dans des projets insensés comme le dossier médical personnel. Rappelons également que l’absentéisme pour maladie des médecins est quasi nul, comme celui des indépendants non indemnisés en général.
Pour en savoir plus sur la fréquence exacte des arrêts-maladie discutables, lire cette synthèse : http://web.fdn.fr/~amagnouat/metge/spip.php?article121