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Faut-il se vacciner contre la grippe ?

Comme tous les ans, le nouveau vaccin contre la grippe saisonnière est annoncé

Première publication : vendredi 28 septembre 2012,
par Dominique Dupagne - Visites : 82397

Nouvelle année, nouveau vaccin, même question : faut-il se vacciner ou se revacciner contre la grippe ? Cet article tente d’apporter des éléments de réponse sous une forme accessible au public. Son but n’est pas de vous dicter votre choix, mais de vous aider à forger votre opinion.

Cet article constitue une mise à jour de celui de septembre 2010. Il intégre notamment les résultats d’une synthèse réalisée par la Collaboration Cochrane

Tous les ans, le vaccin contre la grippe saisonnière voit sa composition légèrement modifiée pour tenir compte des petites mutations virales observées lors de l’épidémie précédente.

Les vaccins saisonniers comportent désormais les antigènes du A/H1N1 2009 dit "mexicain" ou "californien" en remplacement de celui de la grippe espagnole. Les vaccins actuels ne contiennent ni dérivé du mercure ni l’adjuvant au squalène qui a fait beaucoup parler de lui (et provoqué de nombreux effets indésirables) en 2009/2010. Ils contiennent aussi la souche de virus A/H3N2 (Hong Kong) et une souche B.

Faut-il se vacciner ou se revacciner tous les ans contre la grippe ?

La grippe A/H1N1 2009 n’était pas fondamentalement différente de la grippe saisonnière. Elle était simplement nouvelle (sauf pour les plus de 65 ans) et a donc touché beaucoup de monde. Nous ne savons toujours pas en 2012 quel est le pourcentage de la population qui a rencontré ce virus et s’est donc immunisé contre lui [1].

Tentons donc de répondre à cette question, chose qui n’est pas simple.
Ce n’est pas simple car les travaux scientifiques évaluant l’impact de la vaccination antigrippale sont peu nombreux et peu convaincants [2].

Pour forger notre opinion, nous disposons principalement de deux éléments objectifs : la mortalité de la grippe en France et la synthèse des travaux scientifiques ayant évalué l’efficacité de la vaccination.

La mortalité de la grippe en France

La mortalité est une des données les moins mal connues car le décès est un élément qui est toujours déclaré, documenté, et qui peut faire l’objet d’enquêtes. Pour autant, aussi étonnant que cela puisse paraître, personne ne connaît le nombre exact de décès dus à la grippe en France. Un bilan sur la saison 2004-2005 [3] apporte néanmoins des données intéressantes : nous n’avons pas le chiffre absolu de décès, mais nous pouvons l’estimer, et connaître le rapport entre les décès et les cas de grippe calculés par un réseau de surveillance fiable. La mortalité a été relevée dans 22 départements répartis sur le territoire, représentant 37% de la population métropolitaine. Il suffit donc de tripler les chiffres pour avoir une estimation grossière de la mortalité totale [4].

Fig 1 Comparaison de la mortalité grippale et du nombre de cas de grippes lors de l’épidémie 2004-2005, permettant d’évaluer la mortalité globale à environ 1/10.000 pour les grippes déclarées (source). Attention, la mortalité pour la grippe en général est plus faible car de nombreux cas de grippe ne donnent que peu ou pas de symptômes et ne sont donc pas comptabilisés.

En tout, 228 décès ont donc été recensés en 2004-2005. En extrapolant à la population totale, on obtient environ 700 décès. Ce chiffre est à comparer aux estimations officielles de 5000 à 7000 décès. Ces dernières estimations reposent sur une lecture savante mais audacieuse des courbes de mortalité, et de l’attribution arbitraire à la grippe d’excès de décès survenus pendant la circulation du virus grippal. Cette méthode n’a jamais été évaluée, est purement théorique, et est mise à mal par le décompte précis des décès pendant la grippe A/H1N1 (350 décès). Pour ma part, je préfère me fier au décompte des causes de décès, même si cette méthode risque elle-aussi de surestimer les décès dus à la grippe [5]. L’Institut national de veille sanitaire a publié en octobre 2011 un récapitulatif qui évalue à quelques centaines au maximum le nombre de décès dus à la grippe.

L’autre information importante est celle de l’âge auquel survient le décès par grippe.

Fig 2 : Age des patients décédés de la grippe lors de la surveillance de la grippe 2004-2005 sur 22 départements. Source
>

L’âge moyen des patients décédés de la grippe au cours de la saison 2004-2005 est de 86 ans (médiane : 87 ans). La classe d’âge des plus de 90 ans est la plus représentée avec 43 % des effectifs.

La grippe saisonnière est donc dans la majorité de cas la grippe "du dernier souffle" qui vient emporter une personne fragilisée par le grand âge. C’est bien sûr souvent un drame, mais cette information est importante pour qui veut apprécier l’intérêt de se vacciner contre la grippe saisonnière. Le décès des personnes jeunes grippées est donc un évènement très rare : 1/100.000 à 1/1000.000 de grippes. Ce décès est souvent associé à une maladie préexistante. Cela correspond aux constatations faites par les médecins généralistes : rares sont ceux qui ont été confrontés à un décès par grippe chez une personne jeune et en bonne santé pendant l’ensemble de leur carrière. Médicalement parlant, "jeune" signifie moins de 65 ans...

Ces chiffres concernent essentiellement la grippe A/H3N2 (Hong Kong) qui circulait majoritairement en France avant 2009.

La grippe H1N1 a épargné les personnes âgées qui possédaient apparemment une immunité ancienne et protectrice contre ce nouveau virus, qui n’était donc finalement pas si nouveau.

Le nombre de décès de patients liés (sans certitude [6]) à la grippe A/H1N1 a été de l’ordre de 350 en 2009/2010, dont une majorité de personnes fragilisées par des facteurs de risque préexistants. Certaines données font douter d’un excès de gravité de cette nouvelle grippe A/H1N1 chez les jeunes, excès pourtant communément admis.

En pratique, la probabilité de mourir de la grippe pour un enfant ou un adulte de moins de 65 ans est de l’ordre de 1 pour un million chaque année. Ce risque est équivalent à la probabilité de trouver les 6 numéros du Loto en jouant 20 euros.

Quelle est l’efficacité du vaccin antigrippal ?

Vous pourriez penser que le vaccin antigrippal protège à près de 100% contre la grippe, comme c’est le cas pour le vaccin antipolio ou antitétanique. Il n’en est rien. Le vaccin contre la grippe est peu efficace. Les interprétations des données scientifiques les plus optimistes évaluent cette efficacité à environ 50% (deux fois moins de grippe chez les sujets vaccinés).

Néanmoins, cette interprétation favorable est contestée. Ce qui est surtout contesté, c’est que cette diminution des cas soit associée à une diminution équivalente des complications graves de la grippe. [7]

Une des sources scientifiques internationales les plus fiables, la Collaboration Cochrane, conclut que si la vaccination permet peut-être d’éviter une grippe sur deux, il n’existe aucune preuve que le vaccin soit efficace sur les complications de la grippe et notamment les décès. La commission d’enquête du Sénat a auditionné le Pr Jefferson de la collaboration Cochrane et vous pouvez lire en français le compte rendu de son audition qui résume bien la situation.

Un autre élément factuel non négligeable est la situation de la Pologne : ce pays n’a vacciné aucun de ses citoyens en 2009/2010 et la mortalité grippale par habitant y a été moins importante qu’en France. Le réponse des partisans du vaccin est que les polonais ne savent pas compter les morts de la grippe...

En pratique, les accidents graves et décès liés à la grippe sont tellement rares qu’il est quasiment impossible de mettre en évidence l’efficacité du vaccin sur la mortalité, à supposer que cette efficacité existe.

Le vaccin permet de diminuer au mieux par deux la probabilité d’être alité et incapable de travailler plusieurs jours, tous les dix ou quinze ans. C’est en effet l’intervalle moyen qui sépare deux accès de grippe chez une personne donnée (certains n’en "font jamais", d’autres sont grippés plus souvent).

Quels sont les dangers du vaccin antigrippal

Face à un risque aussi faible, nous sommes en droit de nous intéresser aux risques, même très rares, de la solution proposée, à savoir le vaccin.

Nous n’avons pas d’argument solide actuellement pour affirmer que le vaccin antigrippal saisonnier expose à des risques importants. L’absence d’adjuvant au squalène dans le vaccin saisonnier (sauf GripGuard®) évite les nombreuses réactions locales désagréables observées avec le vaccin pandémique et peut-être certaines réactions auto-immunes. Les accidents survenus chez les vaccinés ne sont pas (à ce jour) significativement plus fréquents que ceux attendus pour les mêmes effectifs dans une population non vaccinée.

Nous n’avons pas non plus d’argument solide pour affirmer qu’il n’existe aucun accident grave lié au vaccin. Des troubles sérieux sont survenus après la vaccination : maladies neurologiques graves, maladies immunitaires, et enfin des décès. S’il n’est pas possible actuellement d’affirmer que le vaccin est responsable de ces accidents, il n’est pas non plus possible d’affirmer qu’il est innocent.

Il suffirait que la vaccination provoque deux décès par million de personnes jeunes vaccinées pour en annuler le bénéfice théorique.

Bénéfice théorique, car encore une fois, personne ne peut affirmer que le vaccin permet d’éviter des décès ou des accidents graves liés à la grippe.

La seule chose qui est sûre, c’est que l’on ne sait pas grand chose

Nous ne savons pas exactement combien la grippe provoque de décès, mais nous avons des raisons de penser que le taux est très faible, de l’ordre de 1 pour 1 000 000 chez les enfants et adultes de moins de 65 ans en bonne santé.

Nous ne savons pas combien la vaccination provoque d’accidents graves, mais nous savons que ces accidents, s’ils existent, sont rarissimes.

Nous avons des éléments solides pour penser que la vaccination contre la grippe divise au maximum par deux la probabilité d’être atteint par la grippe et donc d’être exposé à ses inconvénients (alitement, fatigue durable, forte toux, parfois pneumonie nécessitant des antibiotiques). Il faut vacciner 30 personnes tous les ans pour éviter une grippe.

Dans ces conditions, le rapport bénéfice/risque de la vaccination antigrippale est difficile à apprécier. A chacun de faire son choix en fonction de ses peurs ou de son vécu personnel. Nous nous exposons quotidiennement à des risques largement aussi importants, comme faire une promenade en vélo ou un voyage en voiture.

Le "risque zéro" est un mythe, la vie est pleine de risques rares que nous ne pouvons éviter !

Se pose enfin le problème des cas particuliers : vieillards fragiles, grands malades, femmes enceintes, asthmatiques. Ils sont clairement exposés à un surcroît de risque variable en fonction de chaque situation. Le surcroît de risque chez la femme enceinte n’est pas solidement établi et les risques éventuels de cette vaccination pendant la grossesse ne sont pas bien connus.

Le rédacteur de cet article et les médecins co-signataires espèrent que ces éléments auront pu faciliter votre choix ou éclairer la décision que vous prendrez avec votre médecin traitant.

Remerciements : Dr Jean-Claude Grange, Dr Olivier Rozand.

Liens d’intérêt de l’auteur : voir ici.

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Signatures

29 Signatures
Date Nom
9 septembre 2010 sentis
30 octobre 2015 Pelican
27 septembre 2010 Nicot Philippe
28 juin 2011 Mondon jean-Michel médecin éducation nationale
23 septembre 2010 molimard jm
2 octobre 2010 Michel Colombé
17 octobre 2010 MENAT
14 novembre 2011 médecin généraliste guillé arlette
15 novembre 2011 medecin generaliste gore jm
30 novembre 2012 Mathias Merlin
26 octobre 2010 Marie Soulard
11 septembre 2010 joel oosterlinck
30 décembre 2010 JEANMAIRE Yves
29 septembre 2012 Harriague Jean-Baptiste
10 novembre 2011 Dr TUJAGUE Philippe
1er octobre 2012 dr thierry lecoquierre
9 septembre 2010 Dr Paul touron
14 novembre 2011 Dr Guillaume PLAISANTIN
30 septembre 2010 Dr Guerber Eric
11 novembre 2011 Dr Daniel Grossin
14 octobre 2012 Dominique MACHILLOT
31 octobre 2012 DOCDUTRAVAIL
18 novembre 2011 Delarue Louis-Adrien
2 juillet 2012 Daniele
5 octobre 2012 Christophe LAMARRE
3 septembre 2013 Chris
15 octobre 2012 Charles Bhat
13 septembre 2010 AtouSante
29 septembre 2010 annick michau

[1L’immunité conférée par la maladie est beaucoup plus importante et durable que celle induite par le vaccin qui simule une fausse infection localisée (au point d’injection).

[2Il aurait été très facile d’apprécier cette efficacité lors de la mise en place de la vaccination gratuite pour les personnes âgées ou les patients en longue maladie : cette vaccination aurait été offerte à un échantillon de patients tirés au sort, ou à certains départements et pas d’autres. La mortalité de ces patients aurait pu être comparée après plusieurs années à celle d’un autre échantillon de personnes non incitées à la vaccination. C’est facile, les données sont déjà informatisées et la traçabilité des personnes ayant retiré leur vaccin gratuit est aisée. Cela n’a pas été fait. Comme trop souvent en France, on a lancé une politique de santé publique avant de l’évaluer, et il est désormais trop tard pour faire cette étude.

[3Surveillance épidémiologique de la grippe en France 2004-2005, rapport de l’Institut National de Veille Sanitaire. Archive.

[4Les auteurs font remarquer à juste titre que cette extrapolation est invalide. Néanmoins, il est douteux que l’erreur liée à la non représentativité de l’échantillon dépasse un facteur 2. De plus, le chiffre obtenu (700 décès) ne paraît pas absurde après le décompte précis de la grippe 2009/2010 qui se monte à 350 décès attribués à la grippe

[5Ont été comptabilisés comme dus à la grippe les décès pour lesquels le certificat contenait les mot "grippe" ou "grippal", sans qu’il soit nécessaire que la grippe soit présentée comme cause principal du décès. Cette étude a donc été conçue pour "ratisser large" et surestime probablement les décès par grippe puisque de nombreux autres virus peuvent provoquer un "syndrome grippal".

[6Tous les décès dues à un pneumonie grave en 2009/2010 ont été attribués à la grippe A/H1N1 sans vérification virologique.

[7Un exemple parmi d’autres : des chercheurs américains ont étudié plus en détails les données scientifiques sur la vaccination des personnes âgées. Ils constatent que les vaccinés meurent moins pendant l’épidémie de grippe, mais meurent moins aussi avant et après ce qui n’a pas beaucoup de sens et suggère l’existence d’un biais statistique. Voila de quoi relativiser la valeur de ces donnéesqui sont censées fonder l’efficacité de la vaccination contre la grippe.

Il y a 21 messages sur ce forum.

Messages

  • Merci de cette belle synthèse. Le prochain papier pourrait s’intituler : les professionnels de santé doivent-ils se vacciner contre la grippe ? Ou bien l’effet cocooning, tant vanté par les spécialiste de la vaccination grippale existe-t-il vraiment ?
    Beau travail !
    Merci.

  • Plutôt d’accord avec la méthodologie. Mais on n’évoque comme risque que le deces. Ai un souvenir de garde avec jeune 25 ans en détresse respiratoire aiguë grippale. J’ignore s’il a "gagné au loto". Autre souvenir d’un we de garde en épidémie ou c’est moi qui avais 40. J’ai du en contaminer pas mal. Cela pose le problème de la grippe et du travail. Important pour un artisan ou libéral. Important pour une entreprise, de plus en plus nombreuses à vacciner leur personnel sur la base du volontariat. Il y a aussi un volet économique tout comme un volet scolaire (je ne me souviens plus du pays qui articule sa stratégie de vaccination sur les enfants) . Sauf à raisonner sur le filtre purement individuel et à ignorer le sociétal, ces critères doivent entrer en ligne de compte dans le choix de chacun, médecin et patient.

  • Il faut vacciner 30 personnes pour éviter une grippe mais combien de personnes éviterons d’être contaminée par cette grippe évitée ?

    Si le seul but de la vaccination est d’éviter les décès cela pose des questions sur d’autres vaccinations.

  • Bel article qui a le mérite d’être clair, synthétique, et de mettre en avant la part d’incertitude concernant les décès par grippe et l’efficacité du vaccin.
    Je rajoute quelques remarques.
    Les incertitudes sont encore plus importantes que celles qui sont évoquées dans cet article.
    Sur l’efficacité générale des vaccins contre la grippe d’une part, avec ou sans squalène.
    Le nombre de sujets à traiter, par exemple. Le chiffre de 30 sujets à vacciner pour éviter une grippe est issue d’une méta-analyse de la collaboration Cochrane. En réalité la collaboration Cochrane était très prudente car cette efficacité s’appliquait uniquement à des adultes de 16 à 65 ans en bonne santé et uniquement si les conditions idéales étaient réunies, en particulier une concordance parfaite entre le virus vaccinal et le virus circulant. http://summaries.cochrane.org/CD001269/vaccines-to-prevent-influenza-in-healthy-adults
    Pour les enfants de moins de deux ans Cochrane n’a mis en évidence aucune efficacité pour les vaccins inactivés http://summaries.cochrane.org/CD004879/vaccines-for-preventing-influenza-in-healthy-children
    Aucune conclusion n’a pu être tirée pour les individus de plus de 65 ans en institution en raison de la mauvaise qualité des études .http://summaries.cochrane.org/CD004876/vaccines-for-preventing-seasonal-influenza-and-its-complications-in-people-aged-65-or-older .
    Pour le vaccin pandémique, la Finlande, pays de 5 millions d’habitants, avec une couverture vaccinale de 50% par le vaccin Pandemrix bien supérieure à celle de la France inférieure à 10% a récence 44 décès (344 en France pour 63 millions d’habitants) et autant d’hospitalisations pour cas graves qu’en France (1580 contre 1389 en France donc six fois plus en Finlande proportionnellement à la population). http://www.eurosurveillance.org/images/dynamic/EE/V16N27/Lyytikainen_tab2.jpg
    Les incertitudes portent aussi sur l’importance réelle des virus de la grippe dans les syndromes grippaux. Pendant la pandémie grippale 2009 les prélèvements positifs au virus de la grippe parmi les patients présentant des syndromes grippaux étaient en moyenne de quelques 23% (24279/103 352 prélèvements). Au moment du pic, pendant quelques jours, cette proportion peut atteindre 50%. Il faut en conclure que 3 fois sur 4 les symptômes attribués au virus de la grippe, pendant une épidémie, ne sont pas dus au virus de la grippe mais à d’autres. http://www.invs.sante.fr/beh/2010/24_25_26/beh_24_25_26_2010.pdf
    Contrairement à ce qu’on nous laisse croire et que beaucoup semblent penser nous ne sommes pas sans défense face au virus de la grippe. Sinon les 14% à 21% de personnes touchées pendant la pandémie seraient mortes. L’organisme n’a pas attendu le vaccin, comme le messie, pour apprendre à composer avec le virus de la grippe. La plupart des individus disposent donc d’un certain degré de protection, comportant une part de protection non spécifique, sur laquelle le vaccin agit difficilement car il est fractionné. La protection due à l’infection naturelle semble se prolonger à très long terme puisque les personnes âgées ayant rencontré le virus pandémique une cinquantaine d’années en arrière ont été peu touchées par celui-ci.
    A l’inverse, les vaccinations itératives par le vaccin de la grippe pourraient s’avérer contre-productives. Plusieurs travaux vont dans ce sens et montrent que les personnes vaccinées de manière itérative contre la grippe ont tendance à présenter des formes plus graves de grippe que les personnes non vaccinées, probablement par défaut de stimulation du système immunitaire non spécifique. http://docteurdu16.blogspot.fr/2012/02/vaccination-anti-grippale-une-etude.html
    Certaines études montrent aussi que les syndromes de détresse respiratoire aigus dus au virus de la grippe qui servent de justification au vaccin pourraient être également en relation avec les vaccinations itératives http://docteurdu16.blogspot.fr/2011/01/lecons-de-h1n1-et-si-une-immunisation.html .

    • En assistant à une présentation sur le vaccin grippal en 2008 à Paris au ministère de la santé sous le haut patronage de notre chère Roselyne, une intervention m’apparut pertinente, celle d’un virologue qui donna deux notions importantes :
      - il y a un âge favorable pour le développement d’une maladie virale au sein d’un écosystème , ainsi l’enfant de moins de deux ans n’est pas un bon hôte pour le virus de la grippe, il l’est pour d’autres virus comme le VRS. Peut-on accepter l’idée de vacciner un enfant de moins de deux ans contre la grippe juste parce qu’il est étiqueté "faisant partie d’une population fragile" ?La notion de fragilité renvoyant à un système immunitaire non abouti.
      - la stimulation de l’immunité de personnes de plus de 65 ans en institution n’entraîne pas une protection suffisante d’où la préconisation de la mise en place d’une vaccination pour l’entourage ( médicale, paramédicale) ; Quid de la vaccination annuelle des soignants pendant plusieurs décennies, soignants qui seront à leur tour étiquetés fragiles à partir de 65 ans ?

  • est-il publié quelques part l’intérêt de vacciner un groupe pour éviter la circulation du virus ? entourage d’une mucoviscidose, personnel de crèche ou enseignants...
    dr coq

    • Si on sort du cadre de référence fixé par Big Pharma et qu’on réfléchit au fait que moins de 10% de ce qu’on appelle "grippe" est dû au virus de la grippe on ne sera pas étonné du résultat de cette revue Cochrane http://summaries.cochrane.org/CD005187/influenza-vaccination-for-healthcare-workers-who-work-with-the-elderly qui montre qu’il n’y a pas d’effet positif de la vaccination contre le virus de la grippe des soignants travaillant avec des personnes âgées dans des établissements de long séjour.
      Ce qui est efficace ce sont les mesures non spécifiques comme l’utilisation de masques, le lavage des mains etc.
      Alors que ces mesures paraissent relativement peu efficaces pour empêcher la diffusion des virus en population générale pour des problèmes d’observance, on peut penser que parmi les soignants ou parmi les proches d’une personne fragile qui peuvent s’astreindre à une certaine discipline et peuvent prendre des habitudes sur la durée, ces méthodes pourraient atteindre leur pleine efficacité.

  • J’ai fait une grosse erreur de calcul et personne ne corrige.
    J’ai dit que proportionnellement à la population il y avait eu 6 fois plus d’hospitalisations en soins intensifs lors de la grippe pandémique H1N1 en Finlande par rapport à la France. En réalité, alors que le seul vaccin utilisé en Finlande était le Pandemrix et qu’il y avait une couverture vaccinale de 50%
    http://www.thl.fi/en_US/web/en/swine_flu/vaccine/pandemic_vaccination_coverage contre 8% en France avec différents vaccins, majoritairement le Pandemrix ,http://www.invs.sante.fr/behweb/2010/03/pdf/n3.pdf on peut estimer qu’il y a eu 14 à 15 fois plus d’hospitalisations en soins intensifs consécutifs à des syndromes grippaux en Finlande, proportionnellement à la population.
    On peut en tirer plusieurs conclusions selon les hypothèses qu’on envisage :
    - le nombre d’hospitalisations en soins intensifs est un très mauvais indicateur de sévérité d’une grippe (la même chose pourrait être dite concernant la rougeole, par exemple, pour les hospitalisations en milieu ordinaire)
    - ou il serait temps d’uniformiser les critères de prise en compte des cas pris en compte étant donné l’énergie, le temps et l’argent consommés pour les campagnes de vaccination contre la grippe
    - ou il ne faut surtout pas se faire vacciner contre la grippe, en tous les cas avec un vaccin du même type que celui qui a été utilisé en Finlande, parce que cela induit une très nette aggravation des conséquences d’une banale et bénigne épidémie de grippe

  • il est clair qu’une trop grande partie de la population en arrêt de maladie, même court, n’arrange pas les affaires...économiques, donc pas non plus celles des dirigeants politiques, tous bords confondus.
    La démonstration de l’ampleur de cette crainte, aux yeux de ceux qui ont "les manettes", a été flagrante avec H1N1 : démesure de moyens dans la plus grande des précipitations.
    Là où il faut des mois ou des années pour obtenir une queue de cerise pour des maladies graves, les coffres de l’état se sont soudain ouverts en grand pour tous les biens portants...
    Oh, miracle ! Dépenser autant de sous et aussi vite dans une démarche préventive, quel geste d’amour ! Et nous, de parler de gaspillage et de conspuer la pauvre ministre, laquelle n’écoutant que son cœur, a mis en oeuvre tout son savoir scientifique de docteur en pharmacie au service des ingrats que nous sommes... J’ai honte !
    Cette comédie en dit long sur ce qu’il en coûterait aux riches actionnaires si plus de 50% de ceux qui transpirent pour eux étaient en arrêt de maladie en même temps. Un équivalent hivernal, en pire, de mai 68, avec "catarrhe bancaire" et un pays pire qu’à genou : couché !

    • Parmi les multiples publicités du vaccin ROR à la télé , j’ai entendu une fois que l’intérêt de ce vaccin était de diminuer les arrêts de travail des mamans. Cela m’a choquée...on ne parlait plus de la santé de nos chers petits...Ensuite il n’en n’a plus été question.

  • On nous a rebattu les oreilles avec les dangers du H1N1 en boucle à la télé, et un jour j’avoue avoir été impressionnée.Plusieurs fois à la télé il a été question dans ma région d’un jeune homme de 23 ans qui a été hospitalisé pour des symptômes grippaux et est décédé à l’hôpital.
    Le monde étant petit une de mes amies connaissait un proche de la famille de ce jeune homme et elle m’a dit qu’il était en très mauvaise santé depuis des mois étant alcoolique et drogué depuis l’âge de 16 ans.
    Ils savent bien nous faire peur.

  • Si on considère qu’il y a eu 548 000 décès en France en 2009 et 344 décès peut-être dus à la grippe, cela signifie que sur 10 000 décès 9 994 personnes sont décédées d’autre chose que la grippe. D’ailleurs il n’y a eu aucune incidence de la mortalité par grippe sur la mortalité globale, même pendant la semaine du pic épidémique. Pourtant, cette affaire a occupé une grande partie de notre temps, a consommé notre énergie et nos finances pendant six mois de l’année, de juin à décembre 2009. Ne peut on dire qu’il y a eu une inadéquation entre les orientations et les véritables priorités de santé publique ?
    D’autre part, admettons que, dans les campagnes vaccinales, l’on puisse tabler sur une efficacité du vaccin de 50% pour éviter les cas de grippe, ce qui est le maximum envisagé par la collaboration Cochrane dans des conditions idéales. Il faudrait alors vacciner toute la population, avec les risques inhérents à cette vaccination, pour espérer obtenir une réduction de quelques 5% au mieux des syndromes grippaux (puisque moins de 10% des syndromes grippaux recensés pendant une année sont dus au virus de la grippe) et pour obtenir une réduction de 10 à 15% des syndromes grippaux pendant les quelques 10 semaines que dure l’épidémie grippale (puisque environ 25% des syndromes grippaux pendant la période épidémique sont dus à la grippe). Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
    Ajoutons à cela que l’efficacité du vaccin, même à 50%, est très très loin d’être démontrée, puisque la Finlande, qui a été le deuxième pays européen avec la plus haute couverture vaccinale, et le premier pour la vaccination des enfants (74% des enfants de moins de 15 ans vaccinés), car il avait été dit que les enfants étaient le principal vecteur de la diffusion de la grippe, la Finlande a eu plus de décès et d’hospitalisations en soins intensifs proportionnellement à la population que la France, dont la population a été l’une des plus rétives d ’Europe à se faire vacciner.
    Sur quoi, finalement, repose le battage fait autour de la grippe et des campagnes de vaccination ?
    Sur rien, apparemment. Il s’agit d’une campagne marketing comme une autre.

  • le vaccin contre la grippe ne sert à rien sauf à enrichir l’industrie pharmaceutique et les laboratoire, je connait une personne de 73 ans qui a eu la vaccination contre la grippe, et malgré cela elle a eu la grippe, c’est hallucinant ................ soyons vigilant et trouvons d’autre moyens sans danger poiur nous soigner.

  • une donnée évoquée brièvement concernant les raisons de se faire vacciner, est la semaine d’arrêt de travail (à 40° au fond du lit) qu’elle occasionne (je parle au niveau du particulier et non d’une économie nationale), sans parler de la semaine suivante de "patraquerie".
    Beaucoup de mes patients viennent se faire vacciner, non pas pour ne pas mourir mais pour éviter cette semaine là ; artisans, commerçants, libéraux, patrons de PME locales, agriculteurs... et médecins ! Personnellement, je vaccine aussi mes 3 enfants étudiants, car 1 semaine de cours et devoirs à rattraper s’avère catastrophique.
    A notre époque, on se vaccine non seulement pour ne pas mourir mais aussi simplement pour ne pas être malade.
    et encore merci pour cet article qui m’éclaire et me donne qq arguments qd reviennent les redondantes discussions médecin-patients.

  • Bonjour ,

    Je vous cite —> « Vous pourriez penser que le vaccin antigrippal protège à près de 100% contre la grippe, comme c’est le cas pour le vaccin antipolio ou antitétanique. »

    Comment expliquer l’efficacité du vaccin contre le tétanos , si La maladie tétanos n’est pas immunisante ?

    N’est-ce pas là un non-sens scientifique ?

    • Bonjour,
      Le vaccin permet de créer des anticorps contre la toxine et non contre la bactérie. Il est immunisant alors que la maladie ne l’est pas, c’est surprenant, mais c’est une réalité.

  • Merci de cette belle synthèse. Le prochain papier pourrait s’intituler : les professionnels de santé doivent-ils se vacciner contre la grippe ? Ou bien l’effet cocooning, tant vanté par les spécialiste de la vaccination grippale existe-t-il vraiment ?

    Dr Sami Mezhoud

  • Je suis médecin généraliste depuis 40 années, et ne me souviens pas avoir été contaminé par un patient malade (je n’ai jamais été vacciné contre la grippe). 2 questions me préoccupent :

    1. Combien de grippes inapparentes pour une grippe fébrile avec arrêt de travail ? Personne ne le sait et c’est bien dommage car j’ai lu dans une étude helvétique que le personnel vacciné présentait moins de séroconversion sans fièvre que les non-vaccinés. Mon hypothèse est que sans vaccin, on s’immunise à bas bruit au contact des malades. J’attends qu’on me démontre le contraire.

    2. Si les patients ne m’ont pas contaminé, pourquoi contaminerais-je mes patients ? On culpabilise les soignants pour leur faire acheter des doses de vaccins sans apporter l’ombre d’un début de preuve que l’hypothèse du soignant-contaminant fonctionne.

  • Nouvelle information importante avec une étude solide sur 5000 enfants
    http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1215817#t=article

    En pratique, le vaccin diminue de moitié la probabilité de faire une vraie grippe tous les 10 sans, et de 20% celle de faire un truc qui ressemble à la grippe.

    C’est maigre.

  • Bonsoir,
    Je pensais que lorsqu’on est vacciné contre un virus ou une bactérie, le rencontrer renforçais la protection un peu comme une rappel.
    Me serais-je trompé ?

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