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Mediator, Mediator, vous écrivez ça comment déjà ?
Epidémie d’amnésie après le retrait du médicament des laboratoires Servier
Première publication : jeudi 2 décembre 2010,
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À l’image d’Abraracourcix et son célèbre "Alésia, connais pas", les instances sanitaires et les acteurs du scandale Mediator semblent saisis d’amnésie à l’évocation du médicament des Laboratoires Servier.
La palme revient à la Haute Autorité de Santé qui en oublie ses missions.
Dans un communiqué de presse publié le 1er décembre sur son site, elle affirme n’avoir aucune autre mission que d’informer le gouvernement sur l’opportunité de rembourser les médicaments.
S’agit-il d’un simple lapsus ? Il est rappelé ailleurs sur le site qu’il est dans les missions de la Haute Autorité de Santé :
d’évaluer scientifiquement l’intérêt médical des médicaments, des dispositifs médicaux et des actes professionnels et de proposer ou non leur remboursement par l’assurance maladie ;
de promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels de santé et des usagers de santé ;
d’améliorer la qualité des soins dans les établissements de santé et en médecine de ville ;
de veiller à la qualité de l’information médicale diffusée ;
d’informer les professionnels de santé et le grand public et d’améliorer la qualité de l’information médicale ;
Avouez que c’est tout de même frappant quand on imagine le nombre de personnes qui ont relu et validé ce communiqué particulièrement sensible. Si vous pensez comme moi que l’inconscient n’est pas uniquement un bobard de psychanalyste, c’est assez révélateur du climat qui entoure le scandale du Mediator.
En tout cas, si aucun démenti n’est publié, les médecins doivent en déduire qu’aucune recommandation de la HAS ne peut leur être opposée, puisque ces recommandations concernent le gouvernement et non les prescripteurs. Cette donnée est particulièrement rassurante dans le climat de médecine normée qui se développe insidieusement.
L’épidémie d’amnésie touche d’autres acteurs du scandale benfluorex. Les membres des laboratoires Servier, par exemple, ont un mal fou à se souvenir des bases de la pharmacologie. Notamment, le fait que la norfenfluramine soit à la fois un métabolite du benfluorex et une amphétamine était totalement sorti de leur esprit.
(extrait d’un courrier du député et cardiologue Gérard Bapt, voir ici).
Certes, la norfenfluramine ne représenterait que quelques % des produits de dégradation du benfluorex, mais de là à penser qu’elle ne pourrait avoir aucun effet délétère cardiaque, il fallait une véritable amnésie active.
Pour les amateurs de découpage enzymatique, voici la molécule benfluorex
Et celle de norfenfluramine
Devinez quels produits une enzyme jouant le rôle des ciseaux pourrait bien fabriquer à partir du benfluorex ?
Un indice : benzoate et norfenfluramine sont dans un bateau, benzoate tombe à l’eau...
J’ai décidé de collectionner ces intéressants cas d’amnésie, en attendant la mission d’enquête parlementaire qui devrait permettre des fouilles intéressantes. N’hésitez pas à me communiquer vos trouvailles en commentaire sous l’article. Je crains que la majorité des experts ayant participé aux différentes commissions souffrent d’importants trous de mémoire.
La commission de transparence de la HAS s’était distinguée en confirmant l’intérêt des médicaments de la maladie d’Alzheimer, inefficaces, mais "structurant le traitement". Il va falloir envisager une distribution générale.
Quant à notre cher Président, j’ai peur qu’il soit lui aussi atteint par la terrible maladie : Jacques Servier, Jacques Servier, non, je ne vois pas. Vous écrivez ça comment ?