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Le CEDUS, le sucre, et les enfants
Décryptage d’un document "pédagogique"
Première publication : jeudi 13 février 2014,
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Où l’on verra que face aux lobbies sucriers, Vincent Peillon croit être plus intelligent que son collègue de l’agriculture et de l’alimentation. Qu’il me soit permis d’en douter. Les enfants des écoles et les maîtres ont bel et bien été livrés aux betteraviers.
Cet article fait suite à celui de la semaine dernière, où j’interpellais le Ministre de l’Education Nationale pour avoir fait rentrer les lobbies sucriers à l’Ecole.
Ce scandale lui a valu une question au gouvernement, posée par la députée écologiste Laurence Abeille le 12 février.
En voici un extrait :
Je m’attendais à cette réponse du Ministre : "Faites-nous confiance !"
Les médecins qui disent ne pas être influencés par les documents promotionnels de l’industrie pharmaceutique invoquent les mêmes arguments avec la même véhémence. C’est une réponse plus naïve et stupide que malhonnête : le Ministre pense que ses services sauront déjouer, en analysant les documents élaborés par le CEDUS, les manipulations éventuelles qui pourraient pousser les enfants vers les aliments sucrées.
Quel con !
Je vais vous le démontrer à l’aide d’un petit jeu que nous allons faire ensemble. Nous verrons comment le Ministère de l’alimentation s’est montré incapable en 2012, de déceler les manipulations introduites par le CEDUS dans une vidéo pédagogique destinée aux enfants, et lui a même décerné un prix !
Je vous demande de consacrer 6 mn à regarder la vidéo qui suit, présentée comme une apologie de la gastronomie à la française, fierté de notre patrimoine reconnue par l’UNESCO.
Notez toutes les manipulations que vous pourrez constater, manipulations qui font que la promotion contenue dans cette vidéo ne concerne que le sucre. Soyez attentif, c’est parfois subtil.
Rappelez-vous que cette vidéo est destinée à des collégiens.
Vous avez tout noté ? Vous pensez avoir détecté tous les pièges tendus par le CEDUS ?
Passons au corrigé !
1) 0’16" Ulysse dit "Hmmmmm" en début de vidéo, exprimant un plaisir gustatif. Il le fait pendant l’affichage du producteur "Le Sucre" et non pendant l’affichage du titre "Le merveilleux repas d’Ulysse". Le premier ancrage positif concerne donc le sucre et non l’objectif affiché de la vidéo.
2) 0’37" Ulysse va chercher du carburant. Vous voyez sa maman lui remettre une petite tomate ? L’image est volontairement floue. L’enfant voit une fraise tagada ou un autre bonbon rouge.
3) 1’27" Les choses sérieuses sont annoncées d’emblée avec Tonton qui apporte une tarte Tatin.
4) 1’52" Le repas commence avec une extase du grand-père face aux tomates. La séquence qui suit semble valorisante pour les légumes et fruits du jardin. Mais, mais... quel est ce curieux fruit cylindrique avec des bougies qui figure parmi les produits du jardin ???? Le sponsor semble avoir trouvé que l’on faisait la part trop belle aux fruits...
5) 2’46" On arrive au plat de résistance : la bar au fenouil. Comment trouver un plat qui provoque un rejet par une majorité d’enfants et les pousse à s’impatienter dans l’attente du dessert ?
Bien sûr, il y a la langue de boeuf ou la tête de veau, mais ce serait trop visible. Le repoussoir choisi est beaucoup plus subtil : un plat de luxe pour adulte, qui pour l’enfant, n’est qu’un poisson plein d’arêtes, associé au pire légume qu’il connaisse (faites manger du fenouil à un groupe d’enfants et revenez me raconter...).
5 bis) 3’18" Au cas où il se trouverait des enfants pour aimer le bar et le fenouil, ajoutons des images répulsives sur le poisson : en montrant de jolis poissons d’aquarium plutôt que des espèces alimentaires et surtout Nemo, le poisson clown héros du film pour enfant du même nom. C’est un peu comme si le père d’Ulysse capturait Bambi.
6) 4’03 Arrive le dessert, bien montré de face et en gros plan contrairement à l’entrée. L’enfant se rassure : "enfin un truc bon". Petit épisode de valorisation de la pâtisserie faite par l’enfant en famille.
7) 5’02" Arrive alors un festival de sucreries : l’orgasme du tonton avec sa farandole de chocolat, de friandises et surtout de bonbons, dont la présence dans ce repas n’a aucun sens. Il fallait associer les bonbons à un ambiance visuelle et musicale de plaisir, juste au moment ou l’enfant se désespérait de voir arriver un aliment attirant.
8) 5’25" Parmi les métiers proposés, celui de bouche est pâtissier et non cuisinier.
9) 5’47" Dernière image subliminale : pendant l’apothéose finale avec joie, rires et applaudissements, la grand-mère passe avec le plateau des cafés et surtout, au premier plan, un énorme bol de sucre qui passe lentement devant la caméra. Notez que la zone de mise au point quitte la table et les convives pour se focaliser sur le sucre, ce qui n’était pas le cas pour une coupe de fruits visible au début de la vidéo.
10) 5’49" Parmi les dialogues fondus dans la musique, on entend "encore une part de tarte ?". Seul mets du repas dont il sera proposé de se resservir.
Bien sûr, on trouvera en plus pour rassurer les adultes :
La grand-mère institutrice bienveillante et attentive à l’acquisition des savoirs pour flatter les enseignants.
Les messages finaux et officiels sur le bien-manger. Notez que ces messages ne s’adressent pas à l’enfant : "Evitez de manger trop sucré" au lieu de "Evite", qui aurait été plus convaincant et directif pour l’enfant qui regarde la vidéo.
Vous noterez l’absence de fromage, surprenante dans une vidéo dédiée à la gastronomie française ! Mais les laitiers ont leurs propres lobbyistes. Chacun sa came...
Le générique final permet de découvrir l’agence qui a piloté ce projet pour le CEDUS. Il ne s’agit pas d’enseignants, mais de professionnels de l’influence :
Voici donc à qui Vincent Peillon a confié la fabrication de documents pédagogiques destinés à nos enfants.
Et il en est fier.
Epilogue : fin juin, l’accord a été dénoncé par le nouveau ministre de l’éducation nationale, Benoît Hamon http://www.atoute.org/n/Le-CEDUS-le-sucre-et-les-enfants.html#forum9347
Messages
13 février 2014, 17:05, par Dr j y crois plus
parfaite démonstration de la manipulation.
J’adore l’image ou pousse un gateau au coté des fruits, et celle de la tomate qui se confond aisement avec une fraise tagada.
bravo pour cet article
13 février 2014, 22:57, par maman5tours
Les poissons me faisait penser à des bonbons colorés et on voit la tarte en gros plan plusieurs fois (dans le four...) alors que le plat principal on le voit à peine. No comment sur le dentier ultra brite du papy
13 février 2014, 23:11, par Newsman
Les méthodes de l’industrie sucrière n’ont rien à envier à celles de l’industrie du tabac... ce sont les mêmes !
En résumé, Big Sugar = Big Tobacco
http://www.huffingtonpost.ca/2013/03/08/sugar-industry-tactics-tobacco_n_2837971.htm
A lire aussi : Big Sugar’s Sweet Little Lies How the industry kept scientists from asking : Does sugar kill ?
http://www.motherjones.com/environment/2012/10/sugar-industry-lies-campaign
17 février 2014, 17:22, par factsory
Merci pour les liens, on pourrait aussi ajouter ceux-ci :
« Big Food, Food Systems, and Global Health »
« Soda and Tobacco Industry Corporate Social Responsibility Campaigns : How Do They Compare ? »
13 février 2014, 23:46, par Newsman
A lire : Sugar Industry’s Secret Documents Echo Tobacco Tactics
http://www.cbc.ca/news/health/sugar-industry-s-secret-documents-echo-tobacco-tactics-1.1369231
ou
http://www.huffingtonpost.ca/2013/03/08/sugar-industry-tactics-tobacco_n_2837971.html
14 février 2014, 07:38, par Muriel
Pour compléter la liste sucrée : "sans parler des arômes et des saveurs" ( jardin de l’arrière grand-père) au lieu de parfum et goût, il n’y a ni légumes ni féculents avec le bar (hormis la déco du plat), l’oeuf ne serait-il pas le K....R en chocolat avec petit personnage à monter à l’intérieur ?
Sans compter depuis quelques années l’interdiction d’apporter des gâteaux "faits maison" à l’école sous prétexte de non traçabilité des ingrédients, alors que bonbons et gâteaux industriels sont autorisés
Je vois aussi un 2ème message : l’enfant roi, le prisonnier volontaire, le président du monde, la famille idéale où tout le monde est beau, mince, gentil, ne boit pas d’alcool, a un métier "utile" à la société, et pour continuer dans les messages paradoxaux, faites comme si je n’avais pas remarqué ce 2ème message !!!
14 février 2014, 11:12, par Alexandre Glouchkoff
Rien n’est en mesure de combattre l’ignorance et la bêtise humaine, et ce n’est pas ici que cela va commencer ! L’exemple du tabac est représentatif de la problématique. Tout le monde sait (depuis longtemps) qu’il tue... autrement plus efficacement et prématurément que le sucre (ou le lait) et ??? Rien ! Ah si, plus d’un milliard de fumeurs sur terre !
Interdire, punir, etc. on voit l’efficacité pour l’alcool (y compris pendant la prohibition aux EU), les drogues en tout genre, même les jeux... A part faire payer les dégâts collatéraux par les promoteurs eux-mêmes en plus des consommateurs, franchement je ne vois pas comment faire baisser les "mauvaises" consommations.
Les "pourvoyeurs" de nourriture (maintenant) indésirable devraient donc s’acquitter d’une taxe annuelle directement proportionnelle aux coûts de santé engendrés, tandis que les produits alimentaires concernés (un profilage nutritionnel d’origine française simple et suffisamment discrimininant existe depuis longtemps et est déjà validé par l’EFSA)), au lieu d’avoir une gentille TVA à 5.5% (bientôt à 5%) pour en avoir une "supranormale" à 33% (anciennement "luxe"). Qui aura le courage de mettre en place ces mesures chocs dont l’efficacité redoutable sur les consommations dispensera certainement de perdre son temps à disséquer et analyser les outils de communication des industriels de l’agroalimentaire...
En matière de TVA appliquée à l’alimentation, j’irai même plus loin avec un à 2.1% (comme la presse, qui ne nourrit que l’esprit) pour les aliments bruts, 5% pour ceux peu ou pas transformés (genre pâtes, conserve de légumes, pain, etc...), et 20% pour les autres. En s’appuyant sur le classement des denrées par gammes alimentaires (fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_de_produits_alimentaires) et en fonction de leur profil nutritionnel, il devrait être plus facile d’orienter efficacement les consommations... par le porte monnaie !
14 février 2014, 17:03, par Séverine ADNC
Et si en plus, l’État cessait de subventionner l’industrie sucrière (qui, parait-il, ne serait pas rentable sans ces subventions !).
Tout en subventionnant un peu plus les fruits et légumes, qui sont le parent pauvre niveau subventions agricoles... d’où le fait que beaucoup les trouvent chers (face aux autres produits dont le coût est artificiellement bas, grâce aux subventions massives dont ils bénéficient... produits laitiers, viande...)
14 février 2014, 15:37, par Popper31
Ce qui est proprement consternant et navrant, c’est la naïveté (feinte ou réelle) d’un responsable politique, quel qu’il soit, face à la puissance et à la perversité des lobbies. Sucre..alcool..tabac ...bouffe ... médicaments ... OGM ...Merde à la fin, (presque) tout le monde le sait sauf eux ??!! ...il est temps qu’ils passent un diplôme obligatoire où on leur enseignerait le B-A BA de ces techniques de lavage de cerveau, ça leur éviterait au moins de faire semblant, (...si ce n’est d’avoir des comptes en Suisse). Ce type est pitoyable et malheureusement représentatif (à tous les sens du terme !!!..)
3 avril 2014, 12:20, par fabilis
Bravo, tout est dit !!! et pour moi tout est FEINT
Ce ministre n’est pas stupide comme il voudrait nous le faire croire.
Il sait ce qu’il fait et ce qu’il fera durant ses vieux jours ou du moins il les prépare !!!
14 février 2014, 16:52, par carole
Bonjour,
Très intéressant en effet mais quand le ministre répond, il dit "deuxièmement". Le premier point n’avait peut-être pas d’intérêt mais le fait de l’avoir enlevé fait perdre une partie du sens de la réponse même si je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que laisser au CEDUS le soin de faire de l’éducation nutritionnelle est une aberration.
14 février 2014, 17:09, par Dr Dominique Dupagne
bonjour
Le lien indiqué au dessus de la vidéo contient la version complète. Le premier point du Ministre concernait les partenariats entre la filière scolaire professionnelle (alimentation-cuisine) et les industries sucrières, élément moins critiquable de l’accord (et d’ailleurs peu critiqué).
14 février 2014, 21:54
Oui bon décryptage même si tout n’est pas dit (les énormes fraises du pépé plus grosses que les aubergines etc.).
Bravo pour l’article néanmoins.
Ceci dit tant que le PNNS sera aussi faible en exigence (3 produits laitiers par jour, le pain mis sur le même plan que les légumineuses, promotion des produits complets sans faire mention même de l’existence du bio), la majorité de la population sera sous informée.
On attend des médecins qu’ils délivrent une vraie information nutritionnelle éclairée devant leurs patients et on en est très très loin.
14 février 2014, 23:05
C’est vrai ça, tout n’est pas dit : l’avion du garçon, c’est du placement de produit pour les pesticides qu’on balance sur les grandes cultures, la nappe blanche, c’est subliminal pour la farine raffinée, le bar, ça évoque en fait le fameux caramel en bar, l’absence de vin, c’est exprès pour donner envie de picoler, bon, je trouve rien sur l’apologie du nucléaire sauf la main toute verte.
Il faut que je revois la video mais c’est vrai que c’est un peu longuet.
Soyons vigilants mais faut pas pousser.
15 février 2014, 09:55, par Dr Dominique Dupagne
Je ne sais pas si vous être honnête dans votre commentaire, mais il est clair que les agences qui réalisent ce genre de documents ont absolument besoin de gens comme vous qui ne trouvent rien à redire à ces manipulations. Si vous imaginez que tout cela est fortuit, j’aimerais vous rencontrer pour vous proposer des placements pour votre argent ;-)
15 février 2014, 11:48
Bonjour
Ce court métrage est écoeurant à tous les sens du terme mais on ne peut pas le reprocher à Peilllon. Le gouvernement précédent était quand même plus clair sur son soutien à l’agro business ("l’écologie ça commence à bien faire" etc).
Ici c’est le parti écologiste, à l’intérieure du gouvernement, qui l’interpelle. Le Foll lui-même semble assez clair dans ses orientations, bien qu’il doive composer évidemment.
La vraie question est : quand le corps médical sur le terrain, c’est à dire les généralistes, seul à peu près crédible sur le terrain de la santé, se lèvera comme un seul homme pour dénoncer cette mafia ?
15 février 2014, 13:03, par Sylvain Duval
Joli article, qui a le mérite de décrypter les pièges de la communication des agences.
Pour rappel, l’industrie du tabac a fait appel à Hill&Knowlton pour les aider à retarder la régulation et à engranger un maximum de bénéfices en jouant sur le doute.
L’industrie produit du doute, dès qu’une régulation se profile à l’horizon.
Pour le sucre, c’est pareil. Grâce à certains scientifiques dont les travaux sont financés par l’industrie, des études jettent le doute sur la nocivité de certains "pseudo-aliments".
Par peur de "diaboliser" l’alimentation, on doit adhérer au dogme du " tout est bon à manger, à condition que ça soit en petites quantités".
Ainsi, les pires inventions du marketing ne doivent jamais être critiquées. Un repas équilibré doit comporter de TOUT.
Autre message : "Personne ne tombe malade en mangeant 3 chips Lay’s, un bonbon Haribo ou en buvant une gorgée de Coca Cola." On peut ainsi nier l’épidémie d’obésité, dont les enfants sont les victimes principales dans le monde.
Et on peut rejeter la faute sur les parents, qui ne savent pas éduquer leurs enfants au joie des "5 portions de légumes et/ ou de fruits", selon le fameux slogan du PNNS, ou qui les laisse trop regarder les publicités à la télé.
Notre science de la nutrition repose sur de vieux concepts erronés : analyser les aliments nutriments par nutriment, au lieu de considérer un aliment comme une matrice où les éléments (connus et inconnus) entrent en synergie.
Notre science ne sait pas classer les aliments modernes correctement. L’ère du nutritionnisme a détruit notre savoir culturel des aliments.
Un nugget fait de "restants animaux", recouvert d’une panure et frit dans une huile de mauvaise qualité est appelé "VIANDE" par ceux qui classent les aliments, lors d’une étude épidémiologique.
Un pain blanc raffiné, trop salé, sans micronutriment, mais auquel on a rajouté quelques milligrammes de vitamines synthétiques est appelé "enrichi" et aura une campagne marketing à son avantage.
Un légume, bénéficiant de milliers de molécules positives (vitamines, minéraux, anti-oxydants, polyphénols, etc) n’aura AUCUNE étiquette pour le valoriser, aucun marketing pour pousser à la consommation, aucun lobby pour lui rendre sa place dans un repas de famille, convivial, centré sur notre patrimoine culinaire.
Enfin, certains médecins manquent cruellement de culture nutritionnelle.
Des dogmes tels que "le cholestérol bouche les artères" ou "le pain est un sucre lent" continue à polluer l’esprit des médecins, des citoyens et même certains sites dit "de diététique".
Pourtant, la science a trouvé des corrélations significatives entre la consommation de certains produits industriels et certaines pathologies (obésité, diabète, cancer). On connait les mécanismes physiologiques, sociaux et psychologiques qui expliquent l’épidémie d’obésité et de diabète.
Reste à s’informer et à agir.
2001 : The comprehensive approach to diet : a critical review.
2007 : Food, not nutrients, is the fundamental unit in nutrition.
2013 : What do review papers conclude about food and dietary patterns ?
2013 : Tackling overweight and obesity : does the public health message match the science ?
15 février 2014, 18:38, par Newsman
Je complète votre bibliographie par ces deux études sur la méthodologie des études en nutrition.
Why Most Published Research Findings Are False
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1182327/
De la nullité de la plupart des études publiées en nutrition. Très instructif.
La mise à jour 2013 confirme les conclusions de la première étude (2005).
Conclusion : les protocoles des études cliniques sont totalement à revoir. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23861749
15 février 2014, 13:16, par CMT
Excellent travail , très didactique, de déconstruction d’un message publicitaire. Cela pourrait très bien être intégré dans l’enseignement de fin de primaire, collège. Mais peut-on faire une chose et son contraire ? Inviter les sucriers à éduquer les enfants à bien se nourrir et donner les moyens aux enfants de ne pas être dupes du message implicite ?
Les objectifs de l’agence qui a fait cette vidéo sont très clairs et ne laissent aucune place au doute.
Il s’agit de techniques d’influence. Il faut bien qu’elle les mette en avant puisqu’elle vend son savoir faire en la matière et est à la recherche de clients. Il s’agit donc pour cette agence de montrer son habileté à modifier l’image des produits sucrés, les représentations du spectateur, dans un sens favorable au sucre. Et de le faire sans que la personne qui regarde en prenne conscience, car alors son esprit critique pourrait faire échec à ces tentatives d’influence.
Pour cela, comme tu l’expliquais, le message fait appel aux émotions et non à la raison. Et vise une cible précise : en l’occurrence l’enfant qui est le personnage principal, placé en situation d’être le prescripteur d’achats (l’enfant roi, président).
Elle le fait derrière le dos des parents et des enseignants, car elle s’adresse directement aux enfants. Par exemple, je n’avais par perçu l’intention du poisson, parce que j’aime le poisson.
Le message se sert des émotions, positives ou négatives, par le biais d’associations créées artificiellement pour modifier les représentations des enfants. Tu l’as expliqué pour le poisson. Pour l’image où les gâteaux volent autour de l’ancêtre à côté des fruits et légumes, il s’agit de mettre tous ces aliments sur le même plan, de les confondre dans une même représentation positive pour l’enfant. Si l’image était traduite en mots on pourrait dire : parmi les bonnes choses (bonnes pour la santé ou bonnes par leur goût, la confusion est volontairement entretenue) que nos ancêtres nous ont légué, il y a les légumes et les sucreries, qui sont à mettre sur le même plan.
Contrairement à ce que dit Glouchkoff, plus haut, on ne peut pas mettre l’alimentation sur le même plan que le tabagisme. Pour le tabagisme, il s’agit d’une addiction qui répond à des mécanismes complexes, et encore mal connus.
L’alimentation du futur adulte est très sensible à l’éducation reçue pendant l’enfance qui génère des habitudes alimentaires qui seront peu modifiées chez l’adulte. En tous cas qui ne seront pas modifiées de manière spontanée. Elle est sensible aux messages énoncés mais aussi à l’exemple donné par les parents (de la même manière toutes les études montrent que les ados ont moins de chances de devenir fumeurs lorsque les parents sont non fumeurs). J’ai connu des adultes de 30 ans qui ne se nourrissaient que de pizzas de hamburgers et de sucreries, car c’est ce que les parents leur avaient appris petits, en ne les incitant pas à consommer d’autres aliments. Arrivés vers la trentaine leurs dents commençaient à se déchausser en raison des carences vitaminiques.
La tâche des parents et des éducateurs en matière d’éducation nutritionnelle est complexe et la pression constante et normalisatrice de la publicité et des leaders d’opinion comme Patrick Tounian la complexifie énormément car elle s’oppose à l’apprentissage d’une alimentation équilibrée.
Les parents, une majorité de parents, quel que soit leur milieu social, ont beaucoup de mal à assumer leur rôle d’éducateurs en acceptant de frustrer leurs enfants quand ils savent que ce serait nécessaire. En même temps l’interdiction pure et simple est contre-productive car cela rend les produits interdits particulièrement attrayants. Il s’agit plutôt pour les parents d’apprendre à leur enfant à diversifier et à affiner progressivement les plaisirs gustatifs. Car le sucre semble être le seul aliment qui procure un plaisir gustatif immédiat et universel (expériences sur les nouveaux nés). En fait le sucre provoque une sorte de shoot gustatif, un plaisir très immédiat et intense. Si on laisse l’enfant livré à lui-même, les sucreries ont tendance à prendre de plus en plus de place dans son alimentation.
Et je remarque aussi la subtile allusion à l’orgasme avec le tonton qui se fige dans une expression d’extase tandis que des sucreries tournent autour de lui. Le sexe provoque, chez les adolescents, une curiosité avide, à la fois synonyme d’interdit et de plaisir, caractéristiques qu’il partage avec le sucre.
15 février 2014, 13:20, par CMT
suite du commentaire précédent
Globalement, sous une diversité apparente (repas plus variés, meilleur accès aux protéines animales), notre alimentation s’est beaucoup appauvrie avec le temps, en termes nutritionnels.
Il y a eu une augmentation de la part des lipides dans la ration calorique, analyse l’INSERM, mais aussi augmentation de la part des « sucres rapides » parmi les glucides.
Le problème se pose dans les termes suivants : nos besoins caloriques quotidiens ont beaucoup diminué par rapport à un demi siècle en arrière, où les gens avaient, par nécessité, une activité physique bien plus importante. Lorsque l’on dépasse les besoins caloriques quotidiens, le surplus est stocké sous forme de graisse. Le problème qui se pose est donc désormais de pourvoir aux besoins caloriques sans les dépasser, tout en comblant les besoins en aliments essentiels nécessaires à notre maintien en bonne santé. Autrement dit la boite calorique est devenue plus petite et il faut arriver à y faire entrer tout ce qui nous est essentiel, de préférence sous forme d’aliments complexes, et non de substituts.
Or, en raison d’une alimentation de plus en plus industrialisée, notre consommation de calories vides a beaucoup augmenté. Les calories vides sont les calories qui n’ont aucun intérêt nutritionnel car elles n’apportent rien de ce dont l’organisme a besoin pour bien fonctionner (sauf des calories), c’est-à-dire, ni fibres, ni micronutriments, ni acides gras essentiels, ni acides aminés essentiels, ni vitamines. Le problème des calories vides c’est qu’elles ne se contentent pas d’être vides. Elles sont souvent aussi néfastes pour la santé. Présence d’excès de sucre, de sel, présence d’acides gras trans en raison de l’hydrogénation industrielle des graisses, d’additifs en grand nombre, que les allergologues suspectent d’être en cause dans les allergies alimentaires…
J’avais fait, il y a une dizaine d’années, un petit topo pour des enseignants, dans le cadre de mon travail.
En voici un passage : » C’est ainsi qu’il y a une cinquantaine d’années la répartition calorique des différentes catégories d’aliments était plus proche de l’idéal , à savoir :
• 12-15% de protéines
• 30-33% de lipides
• 50-57% de glucides
Les français consommant désormais moins de pain, de légumes secs et de féculents et plus de viande et de produits industriels, la part des glucides a diminué au profit des lipides qui représentent 42% de la ration calorique en moyenne, proportion bien supérieure à celle de 33% maximum préconisée par les nutritionnistes. Ces lipides sont de plus constitués majoritairement par des graisses cachées saturées (viandes et produits industriels) et favorisent à la fois l’augmentation des hypercholestérolémies et de l’obésité. De même, la part des glucides constituée par des sucres rapides (produits sucrés) a augmenté en même temps que celle des sucres complexes baissait ce qui favorise la survenue du diabète et de cancers du colon entre autres [Les fibres sont des sucres complexes qui protègent contre le cancer du colon]. Les japonais ont conservé une alimentation plutôt traditionnelle et un taux faible de cancers du colon. Or, une étude a montré que le taux de cancers du colon des japonais de deuxième génération ayant migré aux USA, devenait semblable à celui des américains, ceci étant dû au changement de régime alimentaire. »
Au sujet du PNNS (plan national nutrition santé), les industriels y ont été associés d’emblée. Quand je dis industriels il s’agit de très grosses multinationales comme Danone ou Nestlé, qui disposent de moyens, de fondations etc.
A mon avis l’effet de cette association des industriels au PNNS a été de déplacer le curseur du message : moins mettre l’accent sur l’équilibre alimentaire, sur le rôle délétère des produits industriels pour la santé et plus mettre l’accent du côté de l’activité physique. Autrement dit mettre l’enfant et les parents en situation d’assumer la responsabilité des dérives alimentaires et du surpoids tout en minimisant le rôle des incitations publicitaires extérieures. Une forme d’ « empowerment » souvent utilisée pour déplacer la culpabilité que devraient ressentir les industriels à promouvoir des aliments néfastes pour la santé, et les pouvoirs publics à les laisser faire, du côté des consommateurs.
Pour le rôle joué par les politiques je vois deux hypothèses. Nos dirigeants sont souvent des personnes très éduquées, qui sont passées par les grandes écoles alors je ne leur ferai pas l’affront de penser qu’ils sont totalement idiots. Vincent Peillon est lui-même le fils d’une ancienne directrice de l’INSERM, professeur agrégé de philosophie, connaît le commerce, l’ayant pratiqué, et est un vieux routard de la politique .
Alors de deux choses l’une :
Soit il est totalement sous l’influence des lobbies et n’arrive plus à discerner les intérêts de ces lobbies de ceux des enfants dont l’Education nationale à la charge, et cela démontrerait à quel point il est irresponsable de remettre l’éducation des enfants en matière de nutrition entre les mains de personnes qui ont de telles capacités de manipulation
Soit il est passé du côté obscur de la force et se fiche totalement de l’effet de ses politiques sur la santé des enfants tant que cela sert à la promotion des intérêts de ses copains industriels.
Des deux je ne sais laquelle choisir.
15 février 2014, 13:30, par Sylvain Duval
Pour ceux qui s’intéressent à la transparence, l’indépendance et l’alimentation, je vous signale un article de Xavier Denamur, dans Rue89 : Logo « fait maison » : les industriels ont sauvé leur « daube »
Notre gouvernement social-libéral a de nombreuses cordes à son arc, pour privilégier toujours l’industrie face à une information honnête du grand public.
Pour ceux qui ne connaissent pas Xavier Denamur, vous pouvez aller voir le site "La république de la malbouffe", qui analyse l’effet de la baisse de la TVA initiée sous le gouvernement Sarkozy.
Notre gouvernement ( de gauche, de droite ou du centre) privilégiera TOUJOURS l’industrie, comme au bon moment du Comité Permanent Amiante.
Notre gouvernement préfère que les industriels s’auto-régulent, plutôt que leur imposer des contraintes qui influeraient positivement sur notre santé.
La santé publique ne pèse pas lourd face à la santé économique.
30 juillet 2016, 14:18, par Leontion
"La santé publique ne pèse pas lourd face à la santé économique."
Si seulement c’était dans l’intérêt de la santé économique !
Malheureusement l’agro-industrie, les multinationales et des superpuissants ne font que détruire la finance réelle, l’économie réelle et la capacité de notre planète à subvenir à nos besoins, sans parler de nos relations humains.
Malheureusement, l’augmentation de la richesse des sociétés cotées en bourse, des multimilliardaires et des mafias ne fait rien pour l’économie, au contraire.
15 février 2014, 16:25, par Newsman
La France est le 8e producteur mondial de sucre et le 1er producteur européen. La filière sucre emploie 44 500 personnes et génère un chiffre d’affaires de 3,45 milliards d’euros. http://www.lesucre.com/fr/article/chiffres-dates/le-marche-du-sucre-en-france
La France est le premier pays producteur de sucre de betterave au monde, avec une production d’un peu plus de 4 millions de tonnes de sucre.
http://www.aker-betterave.fr/fr/infos/1-les-enjeux-de-la-filiere-betterave-au-niveau-international
Pourtant, nos enfants ne savent pas reconnaître une betterave ! En effet, en mars 2013, une étude réalisée par l’Association Santé Environnement France (ASEF, association de médecins) a montré que la palme d’or du légume inconnu est… la betterave ! 87% des enfants ne la reconnaissent pas !
http://www.consoglobe.com/enfants-ne-savent-pas-reconnaitre-betterave-cg
Chercher l’erreur !...
15 février 2014, 19:19
Excellente remarque de CMT sur le PNNS
16 février 2014, 09:10, par martine bronner
Heureusement que par ailleurs le film est consternant de bêtise avec un ton carrément "neuneu". En espérant que du coup les élèves soient réfractaires aux images...et bavardent entre eux plutôt que de regarder.
16 février 2014, 11:54, par CMT
Ce n’est pas précisé mais compte tenu de la nature du film, de son style, on peut estimer qu’il pourrait s’adresser à des enfants du deuxième et troisième cycle du primaire, en tous cas à partir du CP et jusqu’au CM2.
Si on n’envisage que son contenu explicite, il pourrait très bien s’inscrire dans le cadre de l’accord qui préconise de "mettre en évidence la nécessité d’une alimentation variée et équilibrée". C’est ce qu’il semble promouvoir explicitement. Alors que DD a bien montré que, implicitement, le message est tout autre.
La participation du CEDUS a des actions d’éducation nutritionnelle et à la formation des enseignants dans ce domaine n’a strictement aucun rapport avec les partenariats d’apprentissage.
Il s’agit d’un tout autre sujet et je suspecte que c’est volontairement que les deux sujets ont été mélangés dans un même accord cadre.
Peut-on demander aux enseignants de filtrer les informations fournies par le CEDUS ? De faire le même travail de déconstruction qui a été fait ici ? Ne serait-il pas beaucoup plus simple de ne pas leur fournir d’information vérolée ?
30 juillet 2016, 14:03, par Leontion
Apprendre à déconstruire, à analyser, à multiplier les sources et à peser la valeur des informations est de toute façon essentiel pour les enfants, comme pour les adultes d’ailleurs. Si ce n’est pas ce vidéo que les enfants regardent ce sera un autre, ou une pub à la télé, ou le packaging d’un produit quelconque. Ou d’une politique, ou d’une personalité, ...
Parmi tous les commentaires intéressants qu’on peut lire ici, je trouve la suggestion de montrer le film et de le déconstruire avec les enfants le plus intéressant.
16 février 2014, 20:04, par a annetin
se sucrer ...
Cette présence du lobby du sucre ou du lait etc ..etc dans l’éducation nutritionnelle ce n’est que du réchauffé
ce qui est nouveau c’est que même des gens comme ce ministre avec ses origines et ses qualités se font avoir
ce qui est insupportable c’est l’injonction paradoxale faites quotidiennement aux parents ...et aux soignants .
bref on marche sur la tête et tout cela est digne de la philosophie shadok
Le ministre pourtant philosophe ne peut hélas se dédire et reconnaitre son erreur il s’enfonce car il ne peut reconnaitre que les politiques et la puissance publique sont dépassés par la démagogie qu’ils propagent en faisant croire qu’ils vont s’occuper de la santé de la population.
Ce n’est qu’en partant du terrain qu’on peut faire des politiques qui fonctionnent
pour cela il ne faut pas en disqualifier l’expertise par 30 ans de surdité
16 février 2014, 21:30
Pour le fun je rajoute quatre messages subliminaux :
dans la famille tout le monde a des dents blanches et intègres, de manière à ne pas associer le sucre aux caries
le pain est présenté comme incontournable et il est grignoté tout au long du repas, comme une friandise (en fait c’est bien le cas du pain blanc)
le bar est aussi appelé loup, manière de le rendre repoussant aux enfant (le loup fait peur aux enfants)
les fraises du pépé (sucrées mais surtout assimilables à des bonbons sont plus gros et plus nombreux que les aubergines, qui en soi n’est pas un légume très connu ou très)
17 février 2014, 21:26, par Delarue
Merci Dominique,
Honte à ces "représentants" du peuple.
Honte au ministre de l’éducation nationale et à ses acolytes.
Honte au gouvernement de ne pas séparer pouvoirs publics et pouvoirs privés.
Honte aux socialos qui avaient beau jeu de critiquer les conflits d’intérêts (réels...) des ministres de l’ère Sarkosy.
Honte à EELV qui participe à ce gouvernement en avalant toutes les couleuvres possibles et inimaginables pour asseoir leurs potentats.
Louis-Adrien Delarue
25 mars 2014, 18:41, par Després
Imaginons qu’EELV voudrait donner priorité à un engagement renouvelé du gouvernement contre le gaz de schiste, sur le risque d’obésité encouru par nos jeunes.
18 février 2014, 22:12, par Sylvain D
Décryptage d’un article du lobby du sucre :
TITRE : Le sucre accusé d’être pire que la drogue - un raccourci facile en temps de peurs alimentaires - Cedus - 27/09/2013
Le CEDUS, centre d’Etudes et de Documentation du Sucre (filière betterave, canne, sucre en France), réagit à l’article paru dans le magazine Elle du 27 septembre 2013 « Le sucre, pire que la coke ? ».
Selon le magazine Elle, l’addiction au sucre nous empoisonnerait « à petit feu » et serait à l’origine des 3,5 millions de diabétiques en France !
Des raccourcis aussi simplistes ne sont pas acceptables. Le diabète de type 2 est bien entendu une véritable question de santé publique. Mais il est faux d’affirmer que la consommation de sucre est LA cause du diabète. Ce type de diabète est essentiellement la conséquence d’une surcharge pondérale, liée à une surconsommation alimentaire globale et non à une surconsommation de sucre en particulier.
=> En effet, leur message est à peu près honnête jusqu’ici.
Rappelons que la consommation de sucre, contrairement à l’épidémie de diabète et d’obésité, est stable en France depuis plus de 40 ans.
=> Premier mensonge par omission : la consommation de sucre de table (saccharose) a peu augmenté depuis 40ans. Mais elle a augmenté de 1950 à 1974, pour ensuite stagner. En effet, le sucre de table a été décrié. C’est la consommation d’autres sucres, qui a augmenté.
( cf les pages 30 à 33, du rapport 2004 de l’ANSES)
Je cite le rapport : "La stabilité de la consommation apparente de saccharose peut s’expliquer par une compensation de l’utilisation croissante du saccharose comme ingrédient dans les aliments sucrés dont la consommation augmente (sodas et boissons gazeuses, confiseries, desserts lactés, biscuits) par une diminution des achats de sucre de table par les ménages. La consommation apparente de glucose et isoglucose augmente elle aussi, parallèlement à l’accroissement de la consommation de ces aliments sucrés. Il en résulte une augmentation globale de la consommation de glucides simples."
(c’est moi qui souligne)
On voit donc le travail de communication d’un LOBBY : dénoncée des propos simplistes et outranciers, et y substituer d’habiles propos rassurants et MENSONGERS.
21 février 2014, 15:25, par aurélie
...une vidéo "éducative" truffée de stéréotypes machistes.
Encore une fois, la volonté politique affichée en matière d’éducation est mise à mal.
22 février 2014, 12:35, par Kyle Katarn (parfois à l’ouest...)
Cher DDD,
Vous êtes au front, en première ligne.
Les combats que vous allumez sont nécessaires et courageux.
Mais parfois il est du devoir de ceux qui vous admire de vous alerter sur le risque d’inflation et d’omnipotence, qu’a su éviter Irène Frachon :
"quel con", "Ah, cette certitude qu’ont les hommes de pouvoir d’être plus intelligents que les autres ! Si l’intelligence et l’esprit critique menaient au pouvoir, cela se saurait.".
Peut-être Peillon est-il un con, le futur en jugera. Je préfère croire que non et que, emportez par la colère, vous n’avez pas décelé au sein de cette réponse politicienne calibré pour l’assemblé que vous avez peut-être déjà gagné la première bataille du lanceur d’alerte : "Et enfin, s’il y a manquement à ces engagements, je vais les vérifier..." à 1.45 de votre extrait.
Bon, pour être plus constructif, je vous propose un texte (sur le site revuedumauss) à propos ... de l’étiologie qui fait qu’on choisi d’être un Jedi (un lanceur d’alerte, un membre du Formindep, un lecteur de pharmacritique, etc) ou un Sith (Patrick Tounian, Michel Cymes, Servier (seigneur Sith ;-), etc.).
Car, pour continuer la métaphore, les Jedi ont intérêt à se comprendre eux même (γνῶθι σεαυτόν) pour ne pas sombrer du coté obscur...
Ce texte est une présentation synthétique du livre de Michel TERESTCHENKO "Un si fragile vernis d’humanité - Banalité du mal, banalité du bien"
LA LIBERTE D’ESPRIT par B. Cannone
La liberté d’esprit ? Elle consiste, selon l’ancienne et toujours valide posture cartésienne (n’en déplaise à ses détracteurs oublieux de l’histoire, qui lui reprochent aujourd’hui de n’avoir pas assez pris en compte l’inconscient, la fantaisie, la sensibilité : songez, détracteurs, et tant pis pour ma parenthèse, qu’au moment où Descartes introduit cette tant décriée « rationalité » dans la pensée, il ne combat pas la sensibilité et l’imagination mais la superstition et l’obscurantisme qui règnent en ce temps-là et il nous sauve, ingrats que nous sommes, de la confusion intellectuelle. Bref, la liberté d’esprit, donc, consiste, il nous l’a enseigné, à ne jamais tenir pour acquis ce que nous n’avons pas au préalable repensé. La difficulté n’étant pas tant de repenser que de se rendre compte que l’apparente évidence n’est qu’une construction comme une autre et peut donc (doit) être repensée avant d’être admise.
Exemple saisissant : depuis trois siècles, la pensée occidentale (aujourd’hui l’économie, la psychologie, la sociologie, la politique) s’est construite sur l’idée que toute action humaine a pour fondement l’égoïsme. « Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer », écrit La Rochefoucauld, ou encore : « Il n’y a point de libéralité, et ce n’est que la vanité de donner, que nous aimons mieux que ce que nous donnons ». J’ai vu des gens très intelligents (et généreux) prendre un petit air de philosophe pour affirmer que nous ne sommes qu’égoïsme et je sentais combien ils se croyaient lucides, qu’ils étaient même assez fiers de leur (cruelle) lucidité : « Ah, j’aimerais tant vous dire le contraire, n’est-ce pas, mais malheureusement, il faut admettre la triste évidence, l’égoïsme, n’est-ce pas, etc. » Bref. Michel Terestchenko note, dans Un si fragile vernis d’humanité, combien ce « dogme » de l’égoïsme entre en contradiction avec les conduites effectives de tas de bénévoles, donateurs anonymes etc., et surtout combien mal il correspond au fait que chacun, dans la vie quotidienne, valorise sans cesse et expressément les conduites généreuses et les attitudes altruistes. Car pour aller jusqu’au bout du dogme, être cohérent avec lui, il faudrait, devant les attitudes généreuses, ricaner ouvertement : « Moi, on ne me la fait pas, je sais bien que tout ça n’est qu’égoïsme, au fond ». Mais non : la morale ordinaire continue de valoriser la solidarité et l’altruisme. Et ce n’est pas qu’on ne tirerait aucun bénéfice d’amour-propre d’un acte généreux. Bien sûr qu’on en retire : mais on ne l’avait pas fait pour ça. Le bénéfice est venu comme un surcroît et non comme le but.
Pour attaquer ce lieu commun, il faut aussi considérer ce qu’on a coutume de lui opposer : Terestchenko évoque notre conception de l’altruisme qui n’est pensé que comme une posture purement sacrificielle, impliquant l’exclusion absolue du souci de soi, la déprise, l’abandon à une altérité radicale (Dieu, la loi morale ou autrui). Il est certain que face à une alternative aussi extrême, égoïsme pur ou sacrifice total, la position morale devient inaccessible et juger des conduites humaines quasi impossible.
Et si au contraire l’altruisme était l’inverse de la déprise, laquelle est surtout réclamée par les systèmes totalitaires ou les institutions aliénantes ? S’il signifiait plutôt bienveillante relation à soi dans laquelle, par souci d’estime de soi, de fidélité à ses convictions les plus intimes, on accordait ses actes à son image de soi ? Théorie capitale qui permet de repenser les positionnements individuels dans les situations de violence extrême. " Banalité du mal, banalité du bien ", sous-titre l’auteur après Arendt : n’est-ce pas cette présence à soi qui explique que certains, pas plus mauvais que d’autres mais étant dépourvus de cette fidélité à soi, furent commandants de camps d’extermination, tandis que d’autres, qui n’avaient pourtant pas l’air de saints, furent des Justes. L’auteur explore un certain nombre de situations réelles significatives (à travers les mémoires d’un commandant de camp ou celles de Justes de la cité-refuge du Chambon-sur-Lignon, revisite les expériences fameuses de Stanley Milgram ou de Philip Zimbardo sur la soumission à l’autorité, etc.) pour tenter, de façon convaincante, de défendre la justesse de ce nouveau paradigme de présence ou absence à soi qu’il substitue à celui d’égoïsme ou altruisme sacrificiel.
Le livre n’est pas optimiste : il témoigne à nouveau que l’humanité est fragile et qu’un grand nombre d’hommes peut accepter de se soumettre à une autorité cruelle ou injuste. Mais d’abord, il me plaît qu’en nos temps où l’essence de l’homme (et de la femme particulièrement) est souvent ramenée à des considérations biologiques, Terestchenko fonde sa pensée sur l’idée que l’instinct de conservation de la vie, certes naturel, peut se heurter chez l’homme à l’exigence de sens à donner à son existence, exigence qui le conduit parfois à risquer sa vie. Il me plaît ensuite que l’auteur attache la plus grande importance à la responsabilité individuelle. Certes, des systèmes totalitaires peuvent imposer des mécanismes de soumission à l’autorité ; certes, un certain nombre de facteurs psychologiques (comme le désir d’appartenance au groupe) peuvent expliquer cette soumission ou plus largement la passivité devant des comportements ou situations inacceptables. Reste que la présence à soi, sentiment absolument individuel et qui est composé tout à la fois de force de caractère, de sentiment de la justice et d’esprit de résistance, peut hisser l’individu à cette posture qui est respect de l’humanité en soi (dirais-je). Terestchenko ne donne pas de leçon, et le terme d’énigme (pourquoi celui-ci possède cette présence à soi qui fait défaut à celui-là ?) vient conclure, à côté de celui de résistance, ce très beau texte de réflexion morale et philosophique.
23 février 2014, 08:04, par Dr Dominique Dupagne
Vincent Peillon n’est certainement pas un idiot, mais un con, sûrement. Il est important de qualifier les gens, de les confronter à leurs actes.
Ecoutez sa réponse à l’Assemblée, la suffisance dont il fait preuve, au mépris de toutes les données sociologiques ou psychologique sur l’influence. Ecoutez la véhémence de celui qui est pris les doigts dans le pot de confiture et qui ne sait répondre que par le déni et l’anathème.
Vincent Peillon a baigné dans une culture scientifique. Il est philosophe de formation. Il ne peut ignorer les risques majeurs que ce partenariat fait courir à l’éducation nutritionnelle (cfs mon article précédent). Aucun contrôle a posteriori ne pourra faire disparaître ces risques, comme le montre la vidéo étudiée.
Je lui fais crédit, peut-être à tort, de ne pas être malhonnête.
Or, un type intelligent qui n’est pas malhonnête et qui croit que le CEDUS est un bon partenaire pédagogique pour l’Education Nationale ne peut finalement être qu’un con. Je persiste et signe.
24 février 2014, 08:33, par a annetin
Cher DD je pense que c’est plus grave encore que cela .
Les politiques nous font passer pour des c..s des "arrogants même pas fichu de servir et protéger leurs patients "pendant que eux ils sauvent l’humanité ...
Je ne crois pas que ce soit en les traitant de c..s que l’on peut évoquer par exemple la célèbre "épidémie de H1N1" et la façon politique de faire de la Médecine des ministres et technocrates de l’époque récente mais déjà oubliée.
Ils sont "narcissiques aréflexifs" certains veulent même raccourcir la mémoire et supprimer l’histoire .
Pouvoir continuer le pouvoir en supprimant toute capacité de réflexion qui pourrait faire naître un contre pouvoir de la société civile ...
Ils préfèrent ainsi livrer la société à la démagogie des extrêmes plutôt que reconnaître le savoir de ceux qui pratique dans tous les domaines sans s’engager dans la broyeuse politique des idées qui dérangent un ordre établi.
Dans le domaine de la santé qui nous intéresse nous constatons bien la démarche administrative qui nie toute expertise au terrain en ne cessant de le diviser et de stigmatiser politiquement ceux qui cherchent à gagner leur vie ou ceux qui essaient de faire évoluer le système en les opposants .
En ce qui concerne le sucre "vous pouvez avoir confiance" nous dit un "philosophe" ...et c’est grave de balayer d’un revers de manche l’opinion de praticiens expérimentés .
Ainsi gauche et droite se retrouvent pour disqualifier le Médecin et son art
cela ce n’est pas de la connerie ...
5 avril 2014, 17:07, par Philippe Moret
J’aime beaucoup cette phrase :
"Ah, cette certitude qu’ont les hommes de pouvoir d’être plus intelligents que les autres !"
Il suffit de supprimer "de pouvoir", et la phrase s’adapte soudain à un cercle plus élargi dans lequel se trouve... Dominique Dupagne.
1er mai 2014, 06:30, par Dr Dominique Dupagne
;-)
Je ne sais pas si je suis plus intelligent que les autres, mais je le suis manifestement plus que le Ministre de l’agriculture qui a récompensé cette vidéo.
18 juin 2014, 22:20, par Philippe Moret
En fait, mon commentaire était ironique mais il semble que vous l’ayez pris - par erreur - comme un compliment, ce qui accrédite du coup sa pertinence. Les plus intelligents ne sont pas toujours ceux que l’on nous présente comme tels. Quant aux plus cons...
18 juin 2014, 23:51, par Dr Dominique Dupagne
Ce petit signe ;-) s’appelle un smiley. Il signale la présence du deuxième degré.
12 mai 2014, 16:38, par Julot
>En plus le bar est un poisson riche a très riche en mercure, a éviter a tout prix comme le thon
2 juillet 2014, 07:18, par Dr Dominique Dupagne
Suite au buzz sur Atoute, Lanutrition.fr, Twitter et ma chroniqe sur France-Inter, l’accord entre l’Education Nationale et le Lobby du sucre a été dénoncé par Benoît Hamon.
Sujet de 5 mn au JT de France 2 hier, à partir de 15’45" http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-mardi-1-juillet-2014_631247.html
ça fait plaisir de voir que l’on sert à quelque chose.
Dominique Dupagne
dominique@dupagne.com
3 janvier 2015, 16:28, par Fanchon
Et s’il ne s’agissait que du sucre !
Professionnelle de santé à l’Education Nationale, je suis régulièrement sollicitée par les lobbies du sucre, de la viande, des produits laitiers, qui sous couvert d’éducation à la santé, proposent de me fournir gratuitement (voire m’envoient directement) du "matériel" pour mener à bien les séances organisées auprès des écoliers et collégiens.
Inutile de dire que tout cela finit dans la poubelle sans être lu.
Si je devais raconter tout ce que je vois dans l’exercice de mon métier... Mon fils voudrait que j’en fasse un livre, mais je suis trop paresseuse pour cela ! ;)
4 janvier 2015, 04:52, par Dr Dominique Dupagne
Bonjour
Vous avez raison, mais les autres lobbyistes sont plus prudents. N’hésitez pas à vous exprimez ici, vous êtes couverte par l’anonymat. Je m’étais fait passer pour un enseignant auprès du lobby de la viande, les documents qu’ils m’ont fait parvenir étaient stupéfiants.
Merci de résister, nos enfants ont besoin d’enseignants comme vous.
16 juin 2015, 23:49, par Vincent
Nouveau coup de LeSucre et du CEDUS, et cette fois c’est encore plus énorme car en collaboration avec la fédération francaise des diabétiques (si si). On dirait une blaque mais non, c’est sérieux.
A lire, c’est édifiant de contre vérités.
http://www.afd.asso.fr/sites/default/files/brochure_diabete_sucres.pdf
17 juin 2015, 08:20, par Dr Dominique Dupagne
C’est énorme !!! Merci pour ce signalement. Si par hasard le document disparaît, je l’ai sauvegardé
11 octobre 2018, 06:55, par Dr Dominique Dupagne
Après avoir reçu le prix du Ministère de l’Agriculture, la vidéo a été modifiée et publiée sur Youtube par le CEDUS. Saurez-vous identifier les modifications ?
https://youtu.be/VaCMwHf7cPM