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Internet et les médecins : agir ou subir ?
Première publication : vendredi 26 avril 2013,
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Les médecins entretiennent depuis 15 ans des rapports complexes avec internet. Ils ont perdu l’exclusivité de l’accès à la science et de la fabrication des savoirs médicaux. Le web permet aux patients de se documenter, d’échanger, de construire de la connaissance, et de faire déchoir de leur piédestal ceux qui croient encore que leurs titres universitaires sont suffisant pour valider leurs opinions.
Nous sommes en 2013, l’accès rapide et permanent à internet est généralisé depuis 10 ans. La Médecine 2.0, ou plutôt la Santé 2.0 est solidement installée. Les politiques ne comprennent pas grand-chose à internet, le réseau des réseau est donc encore quasiment indemne des carcans réglementaires ou financiers qui encadrent les médias traditionnels ou la dématérialisation du dossier médical. Il nous reste quelques années pendant lesquelles il sera possible d’agir et de construire dans une relative liberté.
La question urgente qui se pose aux professionnels de santé est donc claire : veulent-ils agir au sein du web ou le subir ?
Je n’ai pas écrit ce billet pour émettre une opinion, mais pour stimuler une réflexion.
L’idée m’en est venue après un tweet de Jacques Lucas, vice-président du conseil de l’Ordre, qui accompagne avec brio la vénérable institution vers sa révolution numérique.
La question est excellente.
Qu’en pensez-vous ? Quelles sont les initiatives qui vous paraissent utiles ? Que faut-il éviter ? Que faut-il faire ? Qui doit le faire ? Avec qui ? Les autorités sanitaires doivent elles accompagner ce mouvement ou au contraire le laisser libre ? Des subventions sont-elles nécessaires ? Pourquoi ? Pour qui ?
À vous la parole !
Messages
26 avril 2013, 09:41, par paul23
Pourquoi vouloir encadrer l’un des rares espaces de liberté qui nous reste ?
6 mai 2013, 20:06, par pinkette234
LES médocs existent depuis pas mal de temps...mais comme ils sont peu chers...Alors que la chimio rapportent beaucoup d’argent aux labos et aux chercheurs :ils se fichent pas mal de la souffrance et du désespoir !
Selon le docteur Schwartz,des médicaments efficaces existeraient,mais,bizarrement,ils ne sont pas prescrits...
26 avril 2013, 10:23, par dzb17
Cas par cas, moment par moment, technologie par technologie, habitude par habitude, interaction par interaction, s’enquérir et s’adapter.
26 avril 2013, 11:00, par Philippe Ameline
Ne faudrait-il pas reformuler la question sous la forme "Société et médecins : agir ou subir ?"
Internet n’est pas "la société", mais c’est l’avant garde de la société. Les problèmes qui se posent aujourd’hui avec l’Internet se poseront très vite de façon générale.
Reformulée ou non, c’est une question à laquelle on ne saurait répondre en quelques lignes ; au mieux cerner des problèmes et hasarder des solutions.
Il me semble que le problème majeur est celui de l’information et de sa juste capacité de circulation (je parle bien de circulation et pas d’accès - qui la supposerait statique). Information sur Mme Dupont et information sur le traitement de personnes qui ressemblent à Mme Dupont.
Subir, c’est probablement être en déni du fait que la médecine c’est principalement, et de plus en plus de l’information (l’autre partie étant "le geste", qui représente une part minime du processus médical, même si elle occupe une place majeur dans la rémunération des acteurs)... et que, si cette information circule mal, la démarche sera probablement de qualité insuffisante.
Subir, c’est donc continuer à raisonner "en silo" ; que le silo soit, pour les données personnelles, l’ordinateur du praticien (qui ne traite QUE de l’information d’intérêt local) ou le déversware DMP ou, pour les connaissances théoriques, les agences officielles - qui ne se préoccupent pas de créer des référentiels "informatisables".
Agir, ce serait donc :
s’intéresser aux parcours et processus de soins
connecter les acteurs qui y participent (patient, membre de son équipe, chercheurs)
organiser la juste fluidité des informations (du patient, des connaissances, de leur rapprochement, de leur évolution).
Tout ceci, bien évidemment, de façon non hiérarchique ; la seule hiérarchie étant le fait d’entourer Mme Dupont et d’adapter les processus à ses objectifs.
26 avril 2013, 12:02
INternet est souvent un ramassis d’aneries, surtout venant des patients. Le mieux n’est il pas tout simplement de l’ignorer ?
26 avril 2013, 14:05, par Dominique Dupagne
Cher confrère ? J’ai peur que cette vision simpliste soit suicidaire à moyen terme. Il est clair que vous pouvez l’ignorer, pour l’instant...
21 mai 2013, 09:36, par niacky
Merci à D.Dupagne pour cette enquête et à tous ceux qui font évoluer la médecine…
Patiente depuis plus de 2 ans pour un cancer, n’ayant aucune connaissance médicale, j’ai apprécié les informations trouvées sur internet sur les sites médicaux comme A toute, Prescrire ou de vulgarisation intelligente comme « passeport santé » et même, avec prudence, sur divers forums où s’exprimaient des patients pour comprendre certaines réactions au traitement.
J’ai été confrontée à une médecine que je qualifie à tort ou à raison d’"institutionnelle"où il a été souvent impossible de faire entendre que je suis à l’écoute aussi des incertitudes médicales sur les résultats de certains examens ou traitements comme l’anapath, la mammo…
Tentative de réponses aux questions :
Un site prenant en compte expliquant les incertitudes des traitements en cours, ce qu’on trouve en errant sur internet, sans se limiter aux recherches françaises, en montrant les différences de pratiques et de choix dans d’autres pays du monde
Ce qu’il faut éviter c’est un site officiel dépendant de la voix politique du moment ou surtout des intérêts financiers de certains
Qui doit le faire ? des médecins et des patients d’horizons très variés
Les autorités sanitaires doivent accompagner ce mouvement en aucun cas l’encadrer ou le censurer et le laisser libre
Pas de subventions nécessaires car celui subventionne commande… : les sites existants en ont-ils ?
26 avril 2013, 13:53, par JP Mariani
Définitivement subir. L’internet actuel n’est qu’un épiphénomène qui s’auto-détruira et sera remplacé par des intranets, sans doute payants. La conception de Ph AMELINE n’est (serait ?) faisable qu’à partir de réseaux fermés, spécifiques, temporaires et la technologie permettra certainement cette possibilité d’intégrer un intranet de façon transparente. Il ne peut être envisageable à ce jour pour de bêtes raisons de sécurité d’utiliser internet pour une coordination de soins (sauf à démontrer que cette sécurité est assurable ... en 1 clic !) .
26 avril 2013, 14:51, par Philippe Ameline
Jean-Pierre, vous parlez d’or !
Être une personne sur Internet, dans une acception suffisamment riche pour combiner fluidité des informations et respect de la vie privée, supposera certainement d’y être incarné par une forme d’Intranet et pas seulement par un identifiant unique.
Cette approche de type "Intranet personnel" est exactement opposé au DMP, qui est techniquement un Intranet hospitalier à l’échelle d’un pays.
C’est une forme de révolution copernicienne puisque la puissance est transférée du système à l’individu.
Je ne pense pas que la médecine puisse faire l’économie de cette réflexion si elle a pour réelle ambition de passer d’une démarche centrée sur la maladie à une pratique centrée patient
26 avril 2013, 14:41, par christophe beltz
internet est un formidable contre-pouvoir face :
à Big Pharma
aux leaders de tous bords et "vérolés" de conflits d’interet
aux spés
aux hospitaliers
CB généraliste , fan d’internet et d’Atoute.org !
bravo à D Dupagne !
26 avril 2013, 17:55, par Dominique Dupagne
Bon, je participe.
Un médecin ne devrait-il pas tenir un blog pour apporter à ses patients des informations sur sa pratique et recommander des sources d’information ? C’est devenu très simple et peu coûteux. Inutile d’être très actif, juste une bonne sélection de lien mise à jour de temps en temps, et des informations pratiques.
Il me semble que ce blog devrait devenir l’équivalent du site internet de la PME : un outil devenu quasi indispensable pour présenter son activité.
27 avril 2013, 12:41, par JG Jeannot
Bonjour,
Moi, je suis passé dans le concret, mes patients trouvent des infos sur le site de mon cabinet. Parfois je leur "prescris des sites" : http://www.cabinet12.ch/index.php/sites-internet-pour-les-patients.
Ils ont l’air d’apprécier..
Jean Gabriel Jeannot
NB : Agir bien sûr, pour nos patients mais aussi pour nous médecins (plaisir de travailler, de transmettre, d’informer, soigner...).
26 avril 2013, 20:09, par Dr F.Dussauze
Bonjour.
Chaque médecin devrait investir la toile, bloguer, afin qu’il fasse
1/ la revue de presse,
2/ citer les publications pertinentes,
3/ donner les informations qui lui semble pertinentes et utilse à SA patientèle.
Adapter les infos à SA patientèle, qui n ai jamais la même que celle du confrère voisin, améliore la qualité du dialogue médecin/ SON patient , prépare la consultation à venir, étaye le consultation passée.
Le CNOM pour cela a donné les limites, celles ci sont prudentes, suffisantes et ne nécessitent pas une surenchère de la législation.
Soyons moderne : médecine traditionnelle, clinicienne, le patient en colloque singulier, en direct en priorité ET le médecin doit investir la toile avec ses propres filtres pour sublimer la consultation en amont ou en aval avec SON patient
Dr F Dussauze
27 avril 2013, 00:24, par un patient
ça serait bien si les médecins "investissaient" Wikipedia.
La Wikimedia Fondation fait des formations pour montrer aux Wikipediens comment éditer Wikipedia.
Même si au début ça parait une perte de temps altruiste, Wikipedia permet de discuter avec les personnes qui éditent les mêmes articles que vous.
Je pense que les médecins ont intéret à "enrichir" Wikipedia de leur savoir.
Twitter est un bon outil aussi.
Je vois que des psychiatres posent des questions à leurs confreres sur les médicaments ou interrogent les twittos sur des solutions non médicales pour des phobies (établissements spécialisés par exemples).
Enfin, malgré la fermeture de Google Reader (que l’on peut remplacer avantageusement par Feedly), l’utilisation des flux RSS fait gagner du temps pour que l’information vienne à soi et non que l’on perde le temps d’aller à l’information.
27 avril 2013, 06:36, par Dominique Dupagne
C’est tout à fait juste. Wikipedia constitue déjà une excellente source d’information en médecine.
Une participation plus importante des médecins pourrait conduire la branche française à approcher la qualité de la version anglaise. Un exemple parmi d’autres : http://en.wikipedia.org/wiki/Prostate_cancer_screening (pas de version française spécifique pour le dépistage, juste un article français sur le cancer http://fr.wikipedia.org/wiki/Cancer_de_la_prostate )
Idem pour les médicaments : http://en.wikipedia.org/wiki/Duloxetine
7 juillet 2013, 11:29, par M.Vincent Dugué
La médecine 2.0 c’est bien et c’est même génial. Surtout pour le patient.
Les corporatistes vont faire la grimace car ils vont perdre leur mauvaise influences sur les patients. Il faut lire l’excellent livre de Patrick de Funés Médecin malgré moi le cherche midi 2008. La médecine 2.0 va mettre fin à la médecine à deux vitesses.
Les patients vont parler et cesser d’êtres parlés comme aurait dit Bourdieu.
Ils vont se responsabiliser et se prendre en charge .Cela va devenir l’ère du patient et non plus l’ére du drogué. C’est le cauchemar du Docteur Knock. On va passer d’une médecine consumériste à une médecine productrice de connaissances où le patient est conscient du rapport d’amendement qu’il doit avoir vis à vis de lui-même.
Il faut que les médecins agissent pour pratiquer une médecine digne d’elle-même sur le net.
Honnête , on va sur le net. Les autres n’iront pas car ils prennent leurs patients pour des imbéciles.
27 avril 2013, 09:01, par Dr Coq
j’avais écrit il y a bien des années un petit papier sur l’intérêt de pratiquer les forums de patients pour y mieux comprendre leurs craintes... évidemment, ce papier a vieilli et mériterait d’être reécrit, mais l’idée reste...
http://docteur-coq.over-blog.com/article-17986760.html
je ne m’imagine plus me passer de cette possibilité de comprendre le regard des patients sur nos pratiques...
27 avril 2013, 09:25, par Dr Coq
Quant à ton idée, Dominique, de se présenter par blog, je ne sais pas si c’est une idée pertinente, qui risquerait de spécialiser les médecins généralistes qui n’en ont pas besoin, tant je persiste à croire à la nécessité de la Médecine Générale... Autant le bouche à oreille fonctionne dans un quartier pour faire connaitre nos violons d’Ingres médicaux (nul n’ignore que j’apprécie la pédiatrie, la gynéco, les marginaux...), autant je revendique de tout faire pour rester généraliste et polyvalent, tant que faire se peut...
J’ai bien peur sinon de ne faire que retirer des implanons, tant les requêtes Internet "trouver un médecin au Havre qui retire les implants..." m’enverraient des patientes...
Se spécialiser diminue forcément les autres domaines de compétence, et je veux rester capable de reconnaitre un Parkinson ou un naevus :-)
Par contre, j’ai affiché dans ma salle d’attente tout mon parcours médical, mes formations, mes DIU, mes abonnements médicaux, quelques lectures, mes conflits d’intêret (grâce à toi :-), ma pratique en groupe de pairs ou mon passé de balintien, et j’incite mes confrères à pratiquer de la sorte...
Le dialogue est souvent riche...
27 avril 2013, 11:30, par Dominique Dupagne
Bonjour
Je change donc ma question en la posant aux patients : souhaitez-vous que votre médecin dispose d’un site et que souhaiteriez-vous y trouver ?
27 avril 2013, 13:34, par martine bronner
Que peut chercher le patient sur le net ?
1- de l’info, de l’info "compréhensible" bref une bonne vulgarisation
2- d’autres patients dans le même cas afin de partager ce qu’il est impossible de partager avec le médecin.
Que trouvent les patients sur le net ?
1- une gabegie d’info souvent difficile à comprendre quand elle émane de médecins. le patient trouve des sites pour pros les regarde et se perd.
2- Puis il regarde des sites de santé plus "peuple" qui sont en fait des supports commerciaux pour une médecine de "mode" qui n’a rien à voir avec la réalité.
Quand des médecins y parlent, ils se font les promoteurs de leurs produits. les articles sont également vecteurs de promos diverses...
3- Et quand le patient n’a toujours pas trouvé ce qu’il cherche il erre sur les forums et si là il ne sait toujours pas si tel soin est plus adapté qu’un autre il aura au moins trouvé des gens dans la même galère ...et c’est déjà ça !
Moi patient, je rêve d’avoir des articles "wikipédia" faciles à comprendre sans me prendre pour un "âne" et régulièrement remis à jour.
je rêve d’avoir un site où je puisse aller poser des questions et trouver des réponses faites par des médecins et d’autre patients ou proches sans que l’on tente de me fourguer le dernier "plan", "produit", "système" etc
je rêve même d’y trouver les échanges entre médecins, patients ou autres qui ne seraient pas des batailles orgueilleuses de sachants contre victimes, les uns envoyant leur savoir à la figure d’autres qui leur renvoient leurs émotions.
Bref un échange, c’est tout.
Confier cela au pouvoirs publics est risqué.
Ils fonctionnent trop avec leurs sous et leurs émotions dans le but de plaire...
Et peut-être aussi parce qu’ils ne comprennent pas ce que c’est d’être médecin ni d’être patient. Pour l’instant ils sont doublement incompétents.
Alors, à qui confier cela ? Comment savoir si les médecins intervenants du site sont bien informés ? Quels sont leurs conflits d’intérêts ? Et sont ils capables de réagir sans dogmatisme !
Vu le succès d’"atoute" ça marcherait sans doute...mais quel boulot, et qui paye ?
27 avril 2013, 15:14, par Philippe Ameline
Bonjour,
Si je peux me permettre de reformuler, ce serait "que souhaiteriez-vous que votre médecin exprime publiquement s’il avait envie d’exprimer quelque chose ?"
Au delà du "minimum syndical" (adresse, téléphone, plan, horaires, conseils de base en fonction des gestes pratiqués), on peut toujours hasarder des listes de sites, des pages, une chaîne vidéo... mais encore faudrait-il qu’elles soient tenues à jour.
Si on se focalise sur le blog, je pense qu’il y a trois approches :
narrative : la médecine est une bonne matière pour le conteur ; avec du social, du sang et des larmes... et le pathos du médecin moderne, qui balance en permanence entre la toute puissance technologique et l’humilité humaniste.
documentaire spécialisée : le blog technique et/ou d’humeur sur un domaine : l’informatique médicale, le syndicalisme, etc
personnelle : c’est, d’une certaine façon, le plus intéressant car ce type de blog applique la logique phare du 2.0 : publiez ce que vous apprenez (publish what you learn) ; que ce soit pour en informer les autres ou pour amorcer une discussion qui permet d’en apprendre davantage.
Il me parait à peu près évident que la très grande majorité des médecin ne rentre dans aucune de ces cases. Ainsi, la loi de Pareto s’appliquera caricaturalement et 98% de l’information en ligne sera le fait de 2% des médecins.
Si on songe à un monde futur, à la génération suivante, il paraitrait important d’inculquer le principe du "publish what you learn" très tôt dans la pratique, voire pendant les études. Ne nous leurrons pas, c’est un véritable changement de paradigme (l’évolution des pratiques naissant de la pratique et de sa mise en discussion) par rapport à la vision hiérarchique de l’information (nécessairement issue d’une "haute autorité" et du travail d’un comité d’expert) qui prévaut actuellement.
30 avril 2013, 09:38, par docteurdu16
Cent pour cent d’accord : j’exerce la médecine générale et la médecine générale est une discipline intellectuelle (et parfois technique bien entendu). Je ne veux pas être un spécialiste et je n’ai pas fait de démarches pour l’être. Quand je ne sais pas faire (ou quand je ne veux pas faire, pour des raisons éthiques ou pratiques — qui pourraient être l’économie de mon cabinet, à savoir séances de psychothérapie, et cetera—) j’ai un carnet d’adresse personnel qui me permet les adressages voulus (sans compter les valeurs et préférences des patients pour cet adressage).
Les patients votent avec leurs pieds ou avec leurs blogs ou avec leurs forums.
Je suis contre la publication de nos avis sur tel ou tel traitement car la médecine EBM est un questionnement et il peut nous arriver, après discussion avec le ou les patients, de faire des gestes, de prescrire ce qui peut être contraire à des recommandations ou à des avis d’experts. C’est l’espace de liberté de notre profession, notre façon de lutter contre les algoritmes qui vont remplacer la décision médicale.
Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les officines qui s’emparent de la santé des patients et qui font du e-patient mongering ou fabrique des e-patients. Mais nous n’y pouvons rien. Sauf que le CNOM participe à des réunions commerciales pour les e-patients qui rappellent les heures les plus noires du lobbying de Big Pharma.
Merci à DD pour ce passionnant questionnement.
30 avril 2013, 11:00, par Raphael Bérenger
Très bonne question.
Je pense qu’il faut bien différencier :
le site (plutôt blog) personnel des médecins (et autres prof de santé) qui permet d’échanger entre confrères, ou du moins de s’exprimer de façon publique (anonymement ou non d’ailleurs),
et le site plutôt vitrine, à destination exclusivement des patients, avec peut être un langage et des articles tournés vers le patient, et compréhensible (sans pour autant être des sous-articles).
Sur ce deuxième genre de site, tout conflit d’intérêt pourrait être mis en avant (c’est à la mode ces derniers mois), et le site pourrait mettre à disposition des patients des conseils santé. Sur ce dernier point, les complémentaires santé s’y engouffrent.
Je pense que les patients, déjà adeptes de différentes applications smartphone ou autre, malheureusement basées pour une grande partie sur un business plan tournée "publicité", feraient plus confiance à leur médecin traitant directement.
Enfin, la version collaborative du 2.0 est particulièrement enrichissante, pour tous, mais extrêmement chronophage si l’administrateur du site doit répondre à chaque commentaire, ou à chaque question des ses patients... (même si on n’imagine plus, aujourd’hui, un site basé sur un mode purement descendant).
De plus, comment valoriser (en terme monétaire et en terme de responsabilités) des conseils via un site, où s’arrête le conseil et où commence la e-consultation ?
1er mai 2013, 10:24, par Jacques Lucas. CNOM.
Cher confrère,
Ne faites vous pas ici un procès d’intention au CNOM ?
Quand le CNOM participe à quelque manifestation que ce soit, il exprime ses opinions et n’apporte pas de caution. Il nous semble utile d’être ainsi parfois contre ou nuancé par rapport à la pensée unique ou majoritaire. Faites nous crédit d’entrer dans le débat. Dominique lui même indique que cette idée lui est venue à la suite d’un de mes tweets. Je ne détiens aucune vérité. J’essaie de la rechercher, alors qu’elle se dérobe sans cesse pour les esprits libres et curieux.
Confraternellement.
Jacques Lucas. CNOM.
14 mai 2013, 15:49, par Nicholas M Anderson
Je ne pense pas qu’un medecin doive necessairement avoir un blog.
Ca reste un choix perso,
Mais lister une adrese @mail.. ca oui. OBLIGATOIRE C’est quand meme bien pratique a 23 heures de pouvoir ecrire..
28 avril 2013, 11:33, par Jacques Lucas. CNOM.
Merci Dominique d’avoir ouvert ce fil de conversation à la suite d’un de mes messages sur Twitter. Comme tu le sais nous sommes en étude d’une évolution forte de l’annuaire public du CNOM. Cela est en rapport direct et indirect avec bien des idées relevées ici.
Le sujet est déjà assez avancé sur le plan technique, par les ressources humaines de notre DSI. Lorsque nous aurons un peu plus évolué dans la mise en forme de nos idées, une sorte de Séminaire pourrait s’ouvrir vers les MMT et autres producteurs d’informations. Je pense notamment aux conseils professionnels des différentes spécialités.
Comme tu le sais aussi je suis personnellement persuadé que c’est à la profession elle même de s’investir sur Internet, si elle sait mettre à profit pour cela les organisations dont elles dispose, tout cela dans l’intérêt commun et partagé des médecins, des autres professionnels de santé, des patients et des citoyens en bonne santé :-).
Nous en reparlerons donc. Merci encore pour ce fil qui nourrira nos réflexions.
28 avril 2013, 19:06, par HTL
Bonjour Dominique,
Ma première réaction après lecture des commentaires est que les contributions sont assez intéressantes et fournies pour en faire une carte heuristique : ce que je me suis permis de faire ci-joint. Si vous en êtes d’accord je me proposais de la publier également sur mon blog ( http://htl6626.blogspot.com ) et de la tenir à jour au fil des contributions ultérieures.
Une de mes premières réflexions est qu’on a tendance à confondre le Web et l’Internet alors que ce sont deux choses différentes même si le recouvrement des deux est important.
Par ailleurs, je suis content de constater que les patients rédigent des commentaires pour donner leurs avis : je vais attendre qu’il y en ait un peu plus pour essayer d’en faire un récapitulatif.
Confraternellement.
28 avril 2013, 22:19, par HTL
Je crois que je suis allé un peu trop vite, influencé que j’étais par la mise à disposition de la plupart des billets de Dominique en Creative Commons. Comme ce n’est pas moi qui ai lancé le débat, il aurait mieux valu que je laisse à Dominique la main sur les mises à jour.
Pour apporter ma petite pierre à l’édifice, je dirais ceci :
1- Je partage pleinement ce que dit Philippe Ameline à propos de la prépondérance que prend progressivement l’information sur le geste dans le contenu de l’acte médical. C’est la raison pour laquelle je ne ferais pas une croix sur la télémédecine dans son ensemble mais plutôt sur une certaine manière de l’appliquer.
2- Je n’ai pas bien saisi ce que veut dire Philippe Ameline à propos de l’incarnation de chaque patient sur Internet à travers un Intranet plutôt qu’un identifiant unique. J’ai cherché l’email de Philippe pour lui poser la question en direct mais en vain.
3- A propos de la "juste circulation" de l’information dont parle Philippe, je crois qu’il y a deux notions complémentaires : la pertinence, et la fiabilité de cette information. Google répond plutôt bien à la première exigence avec son algorithme de ranking des URL, mais la fiabilité de l’information trouvée grâce au moteur de recherche pose encore question. C’est sans doute sur ce versant qu’un blog de médecin apporte une plus-value notable. La contrepartie pour le médecin qui publie ce type d’information médicale sur son site, c’est qu’il endosse la responsabilité de ce qu’il livre aux patients puisque ceux-ci partiront du principe que leur médecin a validé l’information avant de la rediffuser.
4- Les autorités sanitaires ont hélas été éclaboussés par trop d’affaires mettant en doute leur impartialité totale pour pouvoir constituer des garants au-dessus de tout soupçon pour le grand public. Leur utilité à mon sens ne va guère au-delà de celle d’un financeur.
Bien confraternellement.
30 avril 2013, 09:57, par Philippe Ameline
Bonjour,
Lorsque j’exprime la nécessité d’un Intranet autour de la personne, je me réfère à une vision que vous trouverez diapo 14 de cette présentation.
La personne est mobile par rapport aux centres de soin, et il est beaucoup plus logique de constituer des équipes autour d’elle que de gérer de l’information "dans la boîte" des organisations ou (comme le DMP), de dire que la France est une organisation de soins.
Bien d’accord sur vos points. Le blog d’un médecin, qui - en publiant ce qu’il apprend, se met en état de gérer les réactions et d’en apprendre plus encore, me semble largement supérieur à des organismes officiels qui font travailler une commission, puis publie une recommandation "de référence" pour des années.
Le travail des agences ne correspond ni au rythme moderne d’acquisition des connaissances, ni au simple fait qu’un comité d’expert est un sous-ensemble dramatiquement restreint des intelligences qui peuvent faire progresser ces connaissances.
Ce que j’ai expérimenté à de multiples reprises sur le terrain, c’est que, par ailleurs, ces recommandations d’agences sont très difficilement transformables en composants logiciels qui permettent d’outiller des processus personnalisés.
Parvenir à mettre l’agilité et la sagesse des foules du web au profit de la génération de tels systèmes est un véritable défi.
D’autant plus que, à chaque fois que vous démontrez un logiciel qui met en musique un tel processus, la première question posée est immanquablement "sur quelles références vous appuyez vous ?" ;-)
29 avril 2013, 20:37, par @dr_mmzz
Est-ce que la fracture numérique, au vu de la croissance exponentielle des utilisateurs et des utilisations, ne va pas plutôt concerner ceux qui en négligent l’importance ou l’existence, bien plus que ceux de moins en moins nombreux qui n’y ont pas accès ?
Voir les liens suivants :
pro.01.net.com ( 18 06 2012 : éditorial ) Le passage au e-patient
De 30 % à 60 % des Français (Baromètre Orange, février 2011) ont recherché de l’information de santé sur le web. ...
On constate un changement de comportement depuis deux ans. En 2010, les internautes recherchaient des informations de santé sur le web sans aucun lien avec une visite médicale, alors qu’en janvier 2012 (Viavoice pour Pasteur Mutuelle), 50 % le font après avoir consulté un professionnel de santé, et 40 % avant de le consulter.
Enquête nolauma.com "A la recherche du e-patient 2013"
4 mai 2013, 18:04, par a annetin
Cette question qui se termine par "agir ou subir" est plutôt fermée non ?
La fait qu’il y ait partage de l’information notamment avec ceux que nous nommons les patients (comme si nous ne l’étions pas nous même parfois ce patient qui a besoin d’un Médecin pour savoir ce qu’il doit faire ou défaire ou refaire )
Bref culture et pédagogie reste à l’ordre du jour non ?
Du fait de la diffusion de données plus ou moins utiles et ou validées ou pas la position du Praticien dans le savoir médical requiert de plus en plus de culture et de pédagogie mais aussi de qualité d’écoute ainsi qu’une connaissance de la psychosociologie du savoir de l’épistémologie et donc de la philosophie
Contrairement à ce que nous pourrions croire la connaissance de la culture classique, littéraire et des sciences molles nous revient en pleine figure car comme il est dit plus haut seule une prise en compte de la généralité de l’humain peut répondre aux demandes générées par les NTIC nouvelles technologies de l’information et de la communication
Peut on se passer de la connaissance de la communication verbale non verbale ;
, du langage et de l’inconscient dans un monde où les idées circulent à toutes vitesse.
Bref ma réflexion paraitra peut être ringarde mais il ne parait pas possible de profiter de l’internet sans la maitrise des outils certes mais surtout san la prise en compte de la pulsion communicatrice de l’humain qui depuis la nuit des temps invente crée pour transmettre.
Partir de l’humain et de sa connaissance pour y revenir sans cesse n’est ce pas aussi cela la Médecine quelle que soit l’époque et donc les outils de son temps ?
Enfin pour répondre à la question fermée agir ou subir
Pas question de subir mais je dirais que point n’est besoin d’action pour ne pas subir il faut avant tout réfléchir ,échanger,apprendre encore et toujours de nos pairs de nos patients ,de nos proches s’enrichir par le partage ,les échanges ,briser l’isolement classique du Médecin qui sait comme un chien savant .
Acquérir grâce au partage sans se contenter de ce que l’on me sert sur un plateau
Je crois que c’est pour cela que j’ai fait ce métier et que j ’adore être sur ce site à partager avec vous grâce à DD(dédé)
Il me vient d’ailleurs une idée DD ne devrions nous pas organiser une rencontre intitulée :
Internet et les médecins : agir subir ou,plus si affinité ?
6 mai 2013, 08:54, par Dominique Dupagne
C’est tellement vrai, au point d’avoir justifié un de mes premiers articles sur la médecine 2.0.
Des réunions non virtuelles avaient lieu chez les "Médecins Maîtres-Toile" dont j’ai été président quelques années. Elles se poursuivent au sein du club des médecins blogueurs. Nous n’en sommes pas encore à des reunions ouvertes, sorte de congrès de l’internet médical ouvert à tous les médecins, mais ça viendra bien sûr. Il faut trouver un financement (modeste). Par exemple une faculté qui met à disposition ses amphis, et un organisme non commercial (au hasard l’Ordre...) qui soutient médiatiquement. Il me paraît important que les participants payent de leur poche au moins 100 euros.
Au programme, en vrac :
Wordpress pour les nuls
Un site pour mon cabinet, pour quoi faire ?
Quelle déontologie pour la communication sur internet ?
Comment éviter le piège des consultations par email lorsque l’on donne son adresse à ses patients ?
Comment publier : en nom propre ? Anonymement "Pseudonymement ?
Quels outils pour le webmaster débutant qui a déjà créé un blog ou un site de présentation ?
Comment guider un patient dans ses recherches sur internent ?
Les groupes de pairs virtuels et les listes de discussion professionnelles, pour qui, pourquoi ?
Quelle télémédecine pourrait être immédiatement opérationnelle à peu de frais ?
D’autres idées
14 mai 2013, 01:15, par hexdoc
Juste quelques réflexions en vrac :
la messagerie sécurisée reste anecdotique face à l’utilisation des fax et courriers, il y a déjà là un gros boulot à fournir
le blog c’est vieillot, le présent c’est facebook ; et les patients deviendront nos amis ... De toute façon l’un comme l’autre sont narcissiques, et la plupart des blogs médicaux existants actuels illustrent bien ce travers.
l’essence de l’acte médical reste le colloque singulier, et le téléphone a déjà très largement égratigné celui-ci.
enfin, et on ne peut pas y échapper dans un contexte de profession libérale : quelle valorisation pour le travail qui consisterait à tenir un blog avec des conseils médicaux, des liens, voire un espace de discussion avec ses patients ?
14 mai 2013, 15:46, par Nicholas M Anderson
IMHO.. la majorite de mes braves confreres.. subissent
Il veulent rarement donner une adresse @mail.. et c’est anecdotique que cette dernière soit officiellement posté.. mais
Pas un problème, il suffit de savoir se servir de Google..
Je ne compte plus les remarques du type : "comment avez vous eu mon adresse @mail... "
Je profite de ce post pour appeler a rejoindre une action un peu de type "Act up", c’est a dire.. "le pouvoir aux patients avec les médecins" (et non pas "le pouvoir des médecins sur les patients")
plus particulier ment dans le TDAH qui touche (a divers degré) un modeste 10 % de la population
Le groupe :
https://groups.google.com/forum/?fromgroups#!managemembers/groupe-tdah-non-censure-auto-gere-pour-impulsifs/members/active
le congres http://www.adhd-congress.org/
J’oublie : dans le forum, on peut donner les noms des médecins et en dire ce que l’on en pense...
Je ne vois pas pourquoi, nous les medecins serions differents face au public...
et... il faudra voir pour bidouiller un accès au Vidal Pro.."reservé aux professionnel de Santé" (cocorico... )
15 mai 2013, 20:07, par docteur Vincent
Il faut vivre avec son temps, il y a une mutation profonde de la société, à nous de nous adapter.
Rien ne remplacera la consultation, le conseil personnalisé, l’examen clinique