Modifié le 11-04-04 à 12:34 (GMT)Bonjour Hazel,
"Mon seuil de tolérance est également très bas en ce qui concerne l'angoisse et votre message m'a pratiquement rendue malade."
Votre message de même. Mais la cause n'est pas le message en lui-même, c'est :
1/ mon seuil de tolérance très bas,
2/ le fait que quand je commence à angoisser, ma pensée est paralysée, ce qui fait que provisoirement je n'arrive pas à rechercher la cause exacte de ce qui m'angoisse dans le message. L'angoisse, chez moi, déclenche aussi de la colère.
"Je me suis mise à trembler, j'avais le coeur qui battait dans tous les sens parce que votre réponse m'a semblé injuste."
Ma réponse est effectivement injuste dans le sens où j'imagine des motivations, je fantasme à votre sujet, alors que vos motivations sont peut-être tout à fait autres. C'est aussi une des conséquences de l'angoisse : le raisonnement dérape. Non seulement je ne trouve pas les causes de mon angoisse, mais du coup j'imagine des choses, des causes autres (ce qu'on appelle dans le langage courant "la parano").
"Tout cela pour dire que je connais également ce type d'angoisse et qu'à l'heure ou je tape ce message, j'ai le coeur qui s'emballe, non pas à cause du message cette fois mais parce que je suis terriblement épuisée. J'ai un fils de 2 ans et demi qui n'est pas toujours des plus faciles, il a hérité de la nervosité de ses parents et je travaille également très dur. Souvent c'est cet épuisement qui va déclencher chez moi des crises d'angoisse et des palpitations réellement insupportables. Mais je n'ai pas le choix. Je dois élever mon fils et travailler, comme beaucoup de monde. C'est pour cela que je cherche toujours des moyens de vivre avec cette angoisse qui n'est pas la simple angoisse de tous les jours."
L'angoisse finit effectivement par épuiser. Le problème est qu'on attribue notre angoisse à des causes fausses : la situation actuelle.
Donc on lutte contre un ennemi qui n'est pas le bon, on lutte et on s'épuise. Les causes réelles de l'angoisse sont dans une situation du passé. C'est pourquoi le seul moyen que j'ai trouvé pour lutter contre l'angoisse c'est d'essayer d'élucider les angoisses du passé, de les nommer, les étiqueter. Ensuite ça m'a été plus facile de trouver, dans chaque situation d'angoisse actuelle, à quoi cela peut peut-être se rattacher dans le passé. Pour moi, donner du sens à l'angoisse est le seul moyen de la tenir à distance. Dans mon cas cela est un travail très long et difficile, du fait que je suis angoissée depuis toujours, que dans le passé je ne m'exprimais pratiquement pas, et que mes "angoisses du passé" étant véritablement archaïques, sont difficiles à nommer et à étiqueter. En plus cette angoisse doublée de parano et d'agressivité rendait tout contact avec les thérapeutes extrêmement difficiles (pour eux et pour moi).
"Les médicaments aident mais ne constituent pas une solution. Ils ont l'effet d'un pansement plus ou moins bien fait. Souvent, c'est justement en acceptant cette angoisse et en laissant la crise passée que l'on va mieux mais c'est dur dur quand on ne peut pas s'isoler et qu'on doit assurer travail et enfant tous les jours. Comment faites-vous pour gérer vos angoisses mis à part la prise de médicaments ?"
Les médicaments, en particulier les nouveaux antidépresseurs qui agissent sur l'angoisse, m'ont permis de passer un cap difficile et de pouvoir avancer dans la compréhension de différents problèmes avec moins de souffrance que si je n'avais pas eu de traitement. Actuellement, je suis en phase de diminution, et je vais bientôt arrêter d'en prendre. Pour l'instant, les angoisses se tiennent tranquilles (je touche du bois).
Les tranquillisants sont efficaces contre des angoisses ponctuelles ou pour affronter un événement angoissant, mais ils sont à consommer avec modération, pouvant entraîner une accoutumance.
Accepter l'angoisse et la laisser passer est à mon avis faisable si l'angoisse n'est pas insupportable et si elle n'entraîne pas de troubles du comportement ou de comportement dangereux, ce qui n'était pas mon cas.
Mais même si l'angoisse vous semble supportable, il n'est pas dit que ces angoisses répétées n'aient pas des conséquences physiques à long terme, cardiaques ou autre. Je pense quand même que l'angoisse, même modérée, n'est pas bonne pour la santé. C'est pourquoi je continue à penser que l'angoisse et toutes les pathologies mentales qui en découlent doivent être considérées comme des maladies à part entière, soignées sérieusement, considérées au même titre que les maladies physiques, et par conséquent remboursées comme telles.
Et je pense qu'il y a d'énormes progrès à faire en France dans le dépistage (aller à la rencontre des personnes véritablement malades, qui ne sont pas forcément les plus "visibles"), le traitement (faire de véritables évaluations des méthodes de traitement autres que les traitement médicamenteux), ainsi que la compensation des conséquences sociales de ces pathologies.
C'est pourquoi je crois que tous les usagers en santé mentale auraient intérêt à se grouper pour échanger leurs expériences, faire entendre leur voix, surtout en ce moment où la médecine et la psychiatrie sont en pleine mutation, et où il va falloir arbitrer sur des questions de budget.
J'espère avoir répondu à vos questions, et surtout que votre santé va s'améliorer.
Cordialement,
Pandore