Bonjour Solenn,Je voudrais ici te rassurer. J'ai bientôt 47 ans, il y a 4 ans 1/2, j'ai été victime d'une rupture d'anévrisme cérébrale.
Un samedi matin de septembre, j'ai eu d'un coup une énorme douleur à la tête accompagnée d'impression de nausée et de vertiges(ce qui ne m'a pas trop affolée puisque je suis migraineuse atypique). Mais plutôt qu'à une migraine, j'ai pensé à une méningite. Pourquoi ? je ne le sais toujours pas. A 11 h mon mari a appelé le médecin qui lui a conseillé de me laisser couchée pour éviter tous risques d'évanouissement. Ce médecin est venu me voir vers 14h00 et a diagnostiqué un blocage au niveau des vertèbres cervicales !!! presciption d'anti-inflammatoires et de médicaments à fortes présences d'aspirine + une minerve. La douleur a fini par s'atténuer quelques heures après et j'ai pu en fin d'après-midi aller me promener en famille et faire quelques courses dans un hypermarché. Mais j'avais un peu l'impression d'être comme un funambule sur une corde très mal tendue.
Les jours suivants, j'ai diminué les cachets contenant de l'aspirine (parce que c'est cette mocécule qui m'effraie depuis longtemps pourtant j'en ai pris des boites et des boites avant de découvrir le paracétamol). Le jeudi matin, je suis allée faire mon petit marché sans cette minerve qui m'étranglait, l'après-midi je me souviens d'avoir été plutôt active, au moment du repas du soir, j'étais énervée (dispute conjugale) mais j'ai préparé le repas comme d'habitude. Tout était fin prêt, lorsque je me suis aperçue qu'il manquait une bouteille d'eau sur la table. j'ai ouvert la porte de ma cave, me suis penchée pour attraper cette "maudite bouteille" et là : Une douleur encore plus intense m'a foudroyée ! j'ai eu le temps malgré tout de la poser sur la table et de dire : "je vais tomber".
Ensuite : plus rien, le néant ! j'ai eu seulement conscience de cet état anormal puis plus rien.
Les pompiers sont venus chez moi mais pour eux c'était une banale crise d'épilepsie (j'habite en campagne), ils ont appelé le samu ! MAIS NON ! je n'ai jamais fait cela. Mon médecin traitant est venu lui aussi.
en fait, j'ai fait une très grosse crise d'épilepsie et mes machoires étaient beaucoup trop crispées. Les médecins du samu ont tout de même réussi à m'intuber et là j'ai repris quelques secondes connaissances !
Transportée à l'hôpital le plus proche dont je n'ai aucun souvenir on m'a emmenée par hélico vers l'hôpital de Lille.
J'ai été opérée le samedi matin après diagnostic et découverte de 2 anévrismes : un petit sur la carotide interne et un très gros située dans la sissure de Sylvius (en gros derrière l'oeil mais en profondeur)J'ai été trépanée (pas d'autres solutions): "la boite à conserve ouverte" comme je dis et mes anévrismes ont été clipsés et ceci pour le restant de mes jours.
J'ai eu une chance énorme comme m'a expliqué le très sympathique neurochir qui s'est occupé de moi : 1er parce que j'avais fait une fissure le samedi précédent, 2e parce cet anévrisme était de petite taille. Si c'est l'autre qui s'était rompu, je ne serais plus là à l'heure actuelle.
Le dimanche, quand j'ai vraiment pris conscience que j'étais sauvée, cela a été pour moi une joie immense. Pourtant, j'étais encore entre la vie et la mort pendant 20 jours.
Je tire mon chapeau à toute l'équipe médicale qui m'a prise en charge : 10 jours en réa parce que j'ai fait un spasme sur l'artère du + gros anévrisme et 10 jours en neurochir pour surveillance très rapprochée.
Les jours précédents ma sortie le neurochir m'a dit que j'étais guérie à 100 %, c'est dur à croire mais si je fais la comparaison avec une appendicite, dès qu'elle est enlevée, celle-ci est guérie à vie, impossible d'en refaire une autre.
Solenn, s'il te plait, arrête de t'angoisser : ta maman est tout comme moi guérie et tout comme moi elle a la chance d'avoir des anévrismes qui ont été soignés avec succès ! elle ne risque plus rien ! ta maman est GUERIE solenn et si jamais tu as un doute, n'hésite pas ! va revoir le neurochir qui l'a opéré : lui seul pourra lui expliquer pour sa vue, lui seul pourra te rassurer. Je le sais parce que moi je l'ai fait. Je suis allée le revoir plus de 2 ans après l'intervention, je lui ai expliqué tout ce qui en moi n'allait pas. C'est un spécialiste qui a su mettre les mots exacts pour toutes les gênes que je ressentais et depuis même si elles n'ont pas toutes disparues, elles ne me font plus peur.
Cela a été très difficile pour moi pendant 2 ans : fatigue, vertiges, douleurs angoissantes. A l'heure actuelle, j'ai encore beaucoup de fatigue mais j'essaie au maximum de ne pas m'écouter.
Je suis une thérapie avec un psy qui arrive à mettre des mots sur les questions que je me pose. c'est vivre un très grand trauma cette expérience et comme on est pas conscient lors de la "crise", l'inconscient vient lui nous perturber alors que l'on a envie de VIVRE A VITESSE GRAND V.
Quand cela m'est arrivée mes enfants avaient 16 et 12 ans. Ils ont été traumatisés comme toi par ce qu'ils ont vu et parce qu'ils ont eu très peur de me perdre.
Je pense que tu vies la même expérience qu'eux !
Ne pense pas que tu feras une rupture toi aussi, arrête de te gâcher la vie avec ça. L'anévrisme est une malformation congénitale (qui s'est produite pendant le développement du foetus), ce n'est pas une maladie génétique et rien à l'heure actuelle ne dit que les enfants des anévrosés seront à leur tour anévrosés. Tu penses bien que je me suis renseignée illico pour mes propres enfants ! cette idée m'est venue subitement et comme le neurochir était présent dans ma chambre, je lui ai posé des milliers de questions.
Alors, je suis migraineuse (ce qui n'a rien à voir avec l'anévrisme, malheureusement mon opération ne me guérira pas des migraines, dommage tant qu'à faire, j'aurais préféré...)et mes enfants aussi : ça c'est génétique depuis plusieurs générations de mon côté mais aussi du côté de la famille de mon époux.
Dès le début, aussitôt qu'ils avaient une migraine, c'était la panique générale pour eux (j'ajouterai même pour des gens qui me connaissaient) et à chaque fois je leur ai dit ceci :
Une douleur localisée dans la tête n'est pas un avertissement sur une éventuelle rupture, il est faux de penser cela. Il arrive que l'on est mal (douleur virulente que tu décris) à un bras ou même à un orteil sans savoir pourquoi. Mais on ne fait pas attention parce que ce ne sont pas des organes vitaux.
En fait, ce qui t'arrive est normal : tu as été traumatisé à un moment de ta vie et tu stigmatises sur ce que tu as vécu et vu. Tu as pris conscience d'un problème vital et cela devient une obsession au point qu'inconsciemment tu te provoques des douleurs. Hé oui ! les "nerfs" ont un pouvoir immense sur ton corps ! Ce sont je pense des douleurs psychosomatiques ! parles-en à ton médecin traitant, je pense qu'il sera d'accord avec moi.
Enormément de personnes m'ont demandé dans mon entourage (même des gens que je ne connaissais pas) comment est la douleur, comment cela se passe : A toi je dirai comme à mes enfants :
Cette douleur est si forte (je mettrais une note de 25 sur 10) qu'elle t'abat dans la minute qui suis ! regarde ta montre lorsque tu as une douleur, tu verras qu'elle disparait aussi rapidement qu'elle est venue ! moi j'appelle ça une douleur éclair ! On peut avoir ces mêmes douleurs aux niveaux des côtes, d'un oeil : ce sont des douleurs névralgiques !
Lors d'une rupture et même d'une fissure puisque j'ai vécu les deux : la douleur est violente mais dans toute la tête (elle n'est pas localisée). J'insiste sur ce fait : dans toute la tête ! et j'ai ressenti comme une compression de mon cerveau ce qui est normal puisque le sang ne peux faire autrement que compresser le cerveau qui est lui enfermé dans notre boite craniène. Pas possible pour ce sang de s'évacuer comme si on se coupe un doigt. Ceci amène une hyperactivité électrique aux niveaux des neurones ce qui entraîne la crise d'épilepsie...
Solenn, un conseil, arrête de te martyriser, je pense sincèrement que tu es hors de danger. Et puis cesse de t'angoisser de la sorte, ta mère qui te connais mieux que personne doit ressentir cette angoisse et cela ne doit pas l'aider à lutter contre ce qu'elle a vécu ! peut-être même que ses problèmes au niveau des yeux sont dus à une angoisse cachée ! attention toutefois à ne pas culpabiliser non plus, ce n'est pas ta faute ce qui est arrivé ! et encore moins la sienne, c'est la vie qui est ainsi faite.
Laissez-vous vivre et profiter de la vie toutes les deux !
Solenn, tires-en cette leçon, toi qui a pris conscience qu'en 2 minutes on peut ne plus être. PROFITE ET CESSE DE TE TOURMENTER ! VIE ! ta mère t'a donné la vie et elle sera heureuse que si toi tu es heureuse ! ARRETE de te faire du soucis.
Sache aussi qu'énormément de gens meurs de leur belle mort comme on dit avec des anévrismes dans la tête ou même ailleurs qui ne se sont jamais rompus !
Ce traumatisme que nous vivons ! pense qu'il est alimenté par les médias ! Et je trouve cela complètement idiot ! Alors, n'écoute plus les mauvaises informations, celles qui sont destinées à nous faire peur !
Avoue que si tu entends qu'un footballeur est décédé d'une crise cardiaque alors qu'il se trouvait sur le terrain, cela ne te terrorise pas !
Par contre si les médias disent qu'il est décédé d'une rupture d'anévrisme alors tout ton traumatise revient à la surface et tu es de nouveau terrorisée !
Solenn, je veux te rassurer au maximum, tout cela, tu l'oublieras petit à petit, et tu apprendras à vivre avec ! et puis un jour, tu verras, tu n'y penseras que par à coups comme un flash qui disparaitra aussi vite qu'il t'a ébloui !
Evite de parler de cette aventure, oublie les côtés négatifs pour mettre en avant les côtés positifs : tu as encore ta maman et vous pouvez profiter de la vie toutes les deux !
Solenn, faites vous des après-midi cinéma ou resto. Faites des marches à pied, et surtout PROFITER DE TOUS LES PETITS BONHEURS QUE VOUS NE VOYIEZ MEME PLUS AVANT QUE CELA ARRIVE !
regarde la nature comme elle est belle, regarde comme le sourire d'un enfant est magnifique, ouvre ton coeur à la beauté de toutes choses et surtout oublie que tu as un cerveau !
Dis toi que l'on peut mourir de mille façons alors fais attention quand tu traverses la rue, descend les escaliers sans courir.... ET VIE TA VIE !
Je te la souhaite la plus longue vie possible et aussi la plus heureuse pour toi et ta maman !
Je souhaite que ma réponse puisse t'apporter l'étincelle qui s'est éteinte dans tes yeux ! Ouvre-les et regarde comme la vie est belle et cela à chaque minute !
Pour ma part, je ne vois même plus les journées passer, ni même les semaines ! je n'ai plus le temps de rien sauf celui d'en profiter !
retiens cette leçon, c'est la seule qui puisse t'aider !
bien sincèrement,