Bonjour Cilloux,Je me permets d’essayer de répondre à tes questions, car il me semble que jusqu’à présent aucun de tes interlocuteurs sur le forum, même les médecins, n’a essayé de le faire. Ce n’est pas vraiment de leur faute. Les états-limites, ou troubles de la personnalité borderline, sont mal connus, pas souvent diagnostiqués.
Comme tu as pu le constater, la description de tes symptômes et de ta souffrance a déclenché de l’angoisse et de l’agressivité (conséquence de l’angoisse) chez certaines personnes particulièrement fragiles. Même les médecins sont souvent angoissés et agacés par les patients borderline, il faut comprendre que c’est difficile pour eux, ils ont l’impression d’une manipulation ou d’un chantage à cause du risque de suicide.
Si je souhaite te répondre, c’est que j’ai eu des problèmes semblables aux tiens, et que j’essaye de m’en sortir.
La première chose que tu peux faire, c’est de te demander si tu souhaites réellement t’en sortir. Peut-être est-ce encore trop tôt pour toi. Parfois il faut vraiment toucher le fond pour trouver la force de se soigner efficacement. Le fait que tu sois « très déprimée ces temps-ci » est peut-être justement le signe d’une prise de conscience et d’une véritable envie de guérir.
Si tu décides de choisir la voie de la vie plutôt que celle de la mort (car c’est DE CE CHOIX-LA QU’IL S’AGIT), tu dois commencer par aller consulter un psychiatre (c'est-à-dire faire exactement le contraire de ce qui t’a été conseillé par Philippe, médecin à la campagne : « Le plus simple est peut-être que vous retourniez voir votre généraliste qui est celui qui vous connaît le mieux et qui pourra vous guider pour la conduite à tenir et peut-être vous remonter le moral ». Ce dont tu souffres est une maladie grave (et NON comme dit encore Philippe « la limite entre le normal et le pathologique », avec un taux de mortalité important, et comme telle est du ressort d’un spécialiste. Pour le choix du spécialiste, tu peux t’aider des conseils qui sont sur le site de l’AAPEL. Si un psy ne te convient pas, si tu n’es pas du tout à l’aise avec lui, si tu ne sens pas qu’il va pouvoir très vite t’aider, changes-en tout de suite. Si tu veux t’en sortir, il faut être sincère dans tes propos, ne pas chercher à lui cacher des choses.
En ce qui concerne les médicaments quand tu dis « je demande ça pour pouvoir manipuler mon psy car je refuse absolument les neuroleptiques, je prendrais plutôt de l'héroïne qu'un neuroleptique. C'est débile j'imagine », c’est vrai que ta phrase semble à première vue complètement débile, mais en même temps elle résume bien toute la complexité de cette maladie : la méfiance, l’ambivalence, la demande d’aide et le rejet en même temps, la peur, le doute, la haine de soi-même. Encore une fois, demande-toi d’abord si tu veux aller mieux, Ensuite, après avoir établi une relation de confiance avec un psychiatre, tu pourras suivre ses conseils, observer le traitement prescrit dans l’optique de prendre soin de toi-même, et non pas pour faire n’importe quoi avec les médicaments dans un but d’autodestruction. Les médicaments sont indispensables dans cette maladie qui a une double origine, physiologique et psychologique. Le traitement médicamenteux doit être assorti d’une psychothérapie.
Quand tu dis : « Je me suicide à peu près une fois par semaine depuis quelques mois. Mais je suis la première à en plaisanter. Je sais pertinemment que c'est de la manipulation. Cela dit, c’est venu d'un coup suite à l'hospitalisation d'un proche… », personnellement, cela ne me donne pas envie de plaisanter. Il faudrait que tu te demandes pourquoi tu te fais du mal, pourquoi tu laisses ta famille te déléguer des tâches trop lourdes pour toi, pourquoi tu te laisses entraîner à ne dormir que quelques instants par jour ? N’es-tu pas curieuse de comprendre ton propre comportement ? Tu n’as que 30 ans, tu peux t’en sortir si tu le veux, et réussir ta vie !
Je peux encore te conseiller de continuer à te documenter sur ta maladie sur le site de l’AAPEL. Il est très riche, et il faut du temps pour en faire le tour. Explore tous les liens internet du site, commande-toi les livres qui y sont conseillés. Tu vas découvrir que tu n’es pas seule à avoir ces problèmes, qu’il y a des degrés dans la maladie, et des personnes encore bien plus malades que toi, que l’on peut s’en sortir. Je ne te cache pas que c’est très long et que c’est un véritable TRAVAIL.
Un autre conseil : il vaut mieux réserver tes confidences et la description de tes angoisses et de tes symptômes, à ton psy ou à des personnes formées pour recevoir cela. Comme tu l’as constaté avec la réaction d’Isa, c’est une maladie qui suscite rejet et incompréhension.
Je me permets aussi de te rassurer : non tu n’es pas psychopathe, un psychopathe ne ressent pas de souffrance, il ne se sent pas malade, et est donc inaccessible au traitement.
Ce que dit Philippe « Nous avons tous des aspects "borderline" et nous pouvons tous nous retrouver dans ces symptômes » est également complètement outrancier. Non, tout le monde n’est pas suicidaire ni anorexique ni alcoolique ou drogué, et heureusement ! Encore une fois, le mieux est de te confier à quelqu’un qui saura comprendre tes angoisses. Je suis désolée pour toi que ton message ait déclenché autant de réponses inadéquates.
C’est dommage qu’il n’y ait pas de forum sur le site de l’AAPEL, cela pourrait sûrement être intéressant.
Au revoir, soigne-toi bien. Courage !
Pandore