Bonjour Delphes,>Ceci est ma premiére participation au forum.Je suis borderline meme si
>ma psy dit que ce terme ne recouvre pas de
>pathologie spécifique.J'ai été anorexique,puis boulimique et alcoolique et j'ai touché
>à quelques substances illicites.Auj,je ne prends plus rien,pas meme de
>médicaments et je suis une psychanalyse.
Pour te répondre, je remets ici un message que j'avais déjà posté dans "on peut guérir d'une dépression", mais qui est davantage à sa place ici :
Anorexique, boulimique, alcoolique : ce sont tes symptômes. C'est important pour la prise en charge médicale de pouvoir décrire précisément ce qu'on ressent, ses symptômes. C'est cela qui fait souffrir, qui motive la consultation, et c'est là qu'on a besoin d'un soulagement de la souffrance.
Borderline : c'est la structure de ta personnalité. C'est davantage une approche psychanalytique.
La structure de la personnalité n'a rien à voir avec l'expression des symptômes. Dans la galaxie des troubles borderline, on trouve pratiquement tous les symptômes psychiatriques qui existent. Une même personne peut cumuler en même temps plusieurs symptômes, ou encore passer successivement d'un symptôme à l'autre.
Ce n'est pas forcément important de savoir qu'on est borderline, tout dépend de la curiosité que l'on a (ou pas) de savoir comment on fonctionne. Les psychiatres ne communiquent pas très souvent ce diagnostic. Cela ne les empêche pas de nous soigner. Par contre, si tu veux par exemple te "situer" pour aller sur des forums discuter avec des gens qui ont des problèmes un peu similaires, ça peut être important de le savoir, pour savoir où te diriger ; ça peut être intéressant à savoir aussi si tu désires apprendre des choses à ce sujet, si tu as envie de lire des livres là-dessus ou d'aller sur des sites internet pour te renseigner.
C'est important aussi de le savoir pour décider de ton suivi, de la façon de te soigner : être borderline, cela veut dire que l'on n'a pas un petit trouble passager qui va se guérir avec 6 mois de traitement pharmacologique. Cela implique, en plus des médicaments, un suivi long. Cela implique une psychothérapie, parfois très longue. Cela implique que pour mener une vie "normale", ou du moins la plus agréable possible, il faut apprendre à domestiquer cette maladie, à bien en connaître tous les rouages, à transformer progressivement nos mécanismes de défense, et à transformer en atout une hypersensibilité qui était au départ un gros handicap.
>Je désire guérir de ce
>trouble mais ne sait quel subterfuge employer.Je ne me sens
>pas capable de travailler et cela me culpabilise.
Je ne crois pas que "guérir" passe par l'emploi de subterfuge. L'amélioration va venir petit à petit, au fur et à mesure que ta thérapie va avancer.
>Je ne veux
>pas vivre de relation amoureuse de peur que cela détruise
>le fragile équilibre qui est le mien depuis 5 mois.J'ai
>peur. Avez vous connu ces phases de transition ?
Oui, la guérison n'est pas linéaire, c'est une suite de hauts et de bas, où les hauts sont de plus en plus hauts, et les bas de moins en moins bas. Quand tu iras mieux, tu envisageras la possibilité d'une relation amoureuse tout naturellement.
>Le travail est il benefique ou demeure-t-il une perpétuelle
>source de stress ?
Le travail est extrêmement bénéfique, puisqu'il permet de manger et de payer ses factures, ce qui écarte une source de stress : la peur du lendemain. Maintenant, les rapports humains en général étant une source de stress quand on a des problèms psychiques, et le travail impliquant la plupart du temps des rapports humains, il est évident que le monde du travail n'est pas facile pour les personnes borderlines. Ce n'est pas facile non plus pour les personnes schizophrènes qui travaillent, tu peux trouver des témoignages très intéressants sur le forum schizophrénie (le dernier en date étant là) : http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/1257.html#
(mais il y en a beaucoup d'autres).
Là, dans le domaine du travail, on peut parler "d'utilisation de subterfuge". En effet, il me semble difficile d'arriver dans une entreprise et d'annoncer de but en blanc à l'employeur et aux collègues toute la kyrielle de problèmes et d'angoisses que je peux rencontrer. Mais il y a toujours moyen de faire comprendre certaines difficultés au gens progressivement, au fil du temps, à partir du moment où tu as aussi pu démontrer tes compétences dans le travail. Tu peux invoquer la timidité, la fatigue, le stress, toutes choses que chacun peut comprendre, plutôt que de parler de tes angoisses, de ta dépression ou de ta parano.
Une fois que tu auras "fait ton trou" dans une entreprise, un emploi, tu vas pouvoir en apprécier les aspects bénéfiques. Le fait d'avoir un emploi stable est sécurisant, et une fois les appréhensions dépassées, les contacts avec des collègues peuvent apporter beaucoup. Le fait d'avoir l'esprit occupé par un travail empêche de ruminer ses problèmes, et le fait d'être "cadré", avec des horaires, des obligations, peut t'aider à réguler les aspects de vie cahotique que peu occasionner le trouble de la personnalité limite.
>Merci à celui qui se retrouve dans ce message et peut
>me fournir quelques étapes qui ont fait de lui un
>malade supportable à ses propres yeux.
J'espère que mon message aura pu t'aider. Je suis aux prises depuis l'enfance avec ce trouble, j'ai maintenant 45 ans et je suis plutôt satisfaite de mon évolution, et de ma vie actuelle.
Je te souhaite de la persévérance.
Pandore