Modifié le 20-10-04 à 20:15 (GMT)désolée, j'avais oublié que vous étiez de Montréal, donc tout ce qui se rapporte au système de soins est sans doute faux:remboursement, etc.
Bonsoir,
Je ne suis pas médecin, mais j'ai une longue et douloureuse histoire avec mon dos. J'ai été opéré plusieurs fois dont la première aux conséquences dramatiques. Heureusement je n'ai jamais cédé, j'ai continué à me battre avec des douleurs de dos et des douleurs neurogènes dans les jambes; Pour vous avouer, ces dernières sont selon moi, ce qu'il peut y avoir de pire,genre, supplice chinois en permanence.
Je n'écris pour vous raconter mon histoire dans les détails, mais comment à un moment il faut savoir se faire aider;
Durant un an, je ne pensais qu'à remarcher, je vivais dans l'instant présent. Ensuite, j'ai été à nouveau opérée, progressivement j'ai récupéré une grande partie de la marche, mais certaines séquelles demeuraient, dont les douleurs neurogènes. Les douleurs du dos impliquaient et impliquent une augmentation des douleurs neurogènes. Globalement, je dirais que malgré tout, j’allais bien mieux, j'avais gagné sur l’essentiel :la marche. C'est à ce moment précis que j'ai su que seule, je ne pourrais pas m'en sortir. Je vous précise que je suis mariée, mère d'une famille nombreuse et nous avons beaucoup d'amis avec qui ns partageons sorties, vacances etc; J'étais prise en charge au niveau médical par une équipe compétente et très humaine. Ces précisions pour que vous compreniez le sens que je donne au mot 'seul'.
J'avais rencontré lors de mes hospitalisations des psychiatres. Dans tous les grands services de rhumatologie, la plupart du temps un psy est attaché (pas vraiment intégré!!) à l'équipe. L'un des premiers pratiquait des qcm, totalement stupides. Je donnais les réponses à certains malades sinon ils risquaient de faire un séjour ds le service de psychiatrie.
Face aux conséquences dramatiques de la 1ère op, les médecins ne sachant expliquer, ont fait rappliquer le psy; C'est courant, lorsque le médecin ne sait pas, il appelle psy, c'est très à la mode depuis plusieurs années. Celui-ci était génial, et a renvoyé les médecins face à leur responsabilité, ironisant sur le fait que la personne la plus saine c’était moi et qu’ils devraient plutôt admirer mes réactions face à une tuile pareille.
Bref, tout ceci pour vous dire que si j'ai décidé à un moment de faire appel à un psychiatre, ce n'était pas pour des raisons de mode ou je ne sais. Je prenais conscience de ce qui m'était arrivé, ce que j'étais devenue et surtout j’avais besoin de parler de ma souffrance à quelqu'un. Ce n’est pas avec vos proches, ou avec les médecins que vous pouvez /devez en parler, expliquer tous les mécanismes qu’elles opèrent en vous, En parler, c’est reconnaître qu’elle fait partie de nous, l’identifier réellement, c’est déjà la maîtriser. Le mécanisme de la douleur est complexe ; j’ai une pathologie clairement identifiée qui permets aux médecins d’en connaître les causes.Les éléments déclencheurs,ceux qui intensifient ,ceux qui peuvent atténuer, ceux qui me permettent aussi de la fuir , seule moi je les connais. La douleur est une spirale, plus vous souffrez plus vous êtes mal, plus vous êtes mal plus vous souffrez. Il faut apprendre à être bien avec cette souffrance, avec nos handicaps. Tant que vous êtes seule, enfermée, piégée presque, dans ce mécanisme, les médicaments ne seront pas suffisants.Connaître la cause n’est pas en soi déterminant, ce qui est essentiel, c’est arriver à gérer la douleur pour qu’elle ne nous empêche pas de vivre, c’est être plus fort qu’elle. Ce n’est pas simple à expliquer. Je tente de vous convaincre qu’un psychiatre psychothérapeute peut vous offrir cet espace où vous allez parler de vos souffrances, acceptez vos différences, être capable de faire des deuils.
Les médecins dans la majorité des cas ne savent pas expliquer cette démarche ; De manière violente et intrusive, ils vous disent que c’est psy ou qu’il faut consulter un psy. les patients lle ressentent alors comme une négation de leur douleur, comme une agression, comme un rejet C’est souvent lorsqu’ils ne savent pas qu’ils expriment cette proposition, Ils sont dans l’incapacité d’ exprimer en quoi cela peut vous aider de porter ce fardeau à deux.
Je vous conseillerai de prendre rendez-vous dans un centre anti- douleur, Je vous conseillerai aussi de prendre rendez-vous avec un psychiatre, psychothérapeute, j’insiste sur le mot psychothérapeute, pas un distributeur de pilules.Psychiatres car, contrairement au psychologues libéraux, vous êtes remboursée et plus de chance de tomber sur quelqu’un de compétent.
J’espère avoir été claire, le psy ne va pas soulager vos douleurs, mais peut vous permettre de vous inscrire dans une démarche différente, comment vivre avec elles et tous les autres pbs que vous avez. C’est seulement à ce prix-là, je crois que vous pourrez alors les combattre, taper aux bonnes portes, etc.
Je vous ai raconté une partie de mon histoire, pour tenter de vous convaincre. Aujourd’hui l’équipe médicale qui me suit pour mes pbs de dos de douleurs neuros etc, ‘sait que celle qui sait’, c’est moi. Quelquefois le personnel hospitalier est choqué de me voir dicter ma prescription au médecin. Si je ne m’étais pas inscrite ds cette démarche, je crois que la souffrance aurait eu raison de mon équilibre, serait devenue le moteur de ma vie. Il faut du courage, de l’humilité et chasser les idées préconçues. Il faut vous persuader que l’essentiel, c’est de vivre et de vivre bien, de se battre pour construire et non pas subir.
Bon Courage
Amicalement
Mary
Ps, j'aurai pu aussi bien écrire ce message ds la discussion sur maladies mentales/ maladies physiques...