Bonjour Cilloux,
>- le déni est-il répandu ?
C'est un trait qui revient dans une large part de troubles psy.
Ecxuse-moi, mais je ne suis pas très dans mon assiette aujourd'hui.
Je voulais surtout te répondre à une question qui m'a interpellé.
>- (aux médecins) Est-ce que vous soupçonnez systématiquement que derrière la
>mauvaise volonté apparente de certains patients (ou/et familles) se cache un déni.
Peur de se découvrir, peur de découvrir qu'après tout tu ne rentres pas dans la normalité des choses.
Avoir un trouble psy, une case en moins( ou en plus) a toujours dérangé et fait peur..
Avoir un trouble psy, c’est échapper à cette normalité, mais c’est surtout et avant tout , malgré le handicap "vivre".
Parler d’un mal-être, c’est déjà le reconnaître, à demi se l’avouer et préparer la route d'un cheminement qui sera long mais riche d’enseignements, de différences, de renversements, parfois d’épreuves plus que douloureuses mais synonymes de de vérités sur le trouble en lui-même et d'avancées.
>- (aux malades) Est-ce que vous avez parfois l'impression d'avoir un
>train de retard sur la maladie à cause de ce fameux déni ?
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Un train de retard
Simple exemple d'actualité:
<<" Le personnel naval continue à nier l'existence de la maladie. Il contribue ainsi à la propagation de la maladie. Des programmes d'éducation doivent impérativement être mis en place au sein de l'armée " poursuivent-ils.<<Source:Quand le déni propage le VIH - Yahoo! Actualités
Identique pour un malade qui refuse de se soigner et met dangereusement sa vie en danger, car il refuse de se voir malade. Là les organes physiologiques sont atteints.
Identique pour un diabétique qui refuse de s'alimenter correctement, et même identique pour une prise de sang que tu refuses de faire, car tu sais qu'elle sera mauvaise.
Un train d'avance que parfois je ne veux pas regarder en face, et que finalement j'ignore pour rester sur place.
>- Le déni est-il une étape obligatoire pour accepter la maladie,
>ou est-ce un accident de parcours ?
J'ai lu un article de psychologies, hier qui m'a fait réfléchir
"La boulime m'a sauvé la vie".
Et étrangement, je me suis retrouvée dans cette article.
Bien souvent en réalité un TCA ou autre, n'est en fait que "le prétexte" à une pathologie principale et non l'inverse.
Un peu comme le signe précurseur d'un trouble plus important...
On peut être dépressif, boulimique et en fait ne voir que la partie émergée de l'iceberg. Comme l'un des facteurs initiaux quipermettront de découvrir un trait plus spécifique .Mais aussi d'une prise de conscience
http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID5/4973.html#31
Dans "La boulime m'a sauvé la vie", je dirais que au point de vue physique c'est évident avec 36 kg et toutes mes dents pour une perche de 1m71.
Sur le point de vue psychologique, c'est plus dificile.
La boulimie a coïncidé pour moi avec la prise de conscience de mon vilain tas d'os, que cette fois j'étais bien décidé à changer.
Une fois réveillée (sur tous les sens du terme)..le sorti du déni a été pour moi le déclic: je veux vivre. Et me construire mon fameux chemin, pour mieux décider quelle route choisie ou subie je comptais me laisser , quelle chance je souhaitais tout simplement offrir à ma vie.
Ma maigreur, je la voyais, (pas folle la guêpe), mais c'est comme si cela était passé loin de moi, très très loin. Comme si finalement tous ceux qui voulaient me voir entre quatre planches avaient raison.
Ma douleur ne se voyait pas vraiment. Je voulais m'enfoncer seule, lentement mais sûrement vers qqch qui ne serait assurément pas "pire que ce que j'avais déjà vécu jusqu'à présent."
Aloès parle de troubles alimentaires avec une très belle métaphore "l'arbre qui cachaient la forêt". Et bien c'est à toi de découvrir à ce moment ce que cet arbre cachait. Au début du trouble, je suis redevenue hypersensible et terriblement angoissée de tout rater, ou de ne jamais faire assez, là où il fallait le faire.
Je suis sortie contre-avis médical, avec une sacrée pression à la maison, je peux te l'assurer.
Mais très vite, j'ai trouvé ce qui allait me remplir, le corps et l'esprit...toujours le soir , seule.
Avec quelques objectifs en tête: passer ma licence en septembre..
et leur prouver qu'ils avaient eu tort. Partir à Mur de Barrez (pas très loin de chez toi) et un petit jardin secret, bien à moi...
Même lorsque je fus prof stagiaire en prison, tout le monde m'avait dit "tu n'y arriveras pas"... Une fois de plus...
En mars, la boulimie était encore là, et il m'est arrivé de manger encore et encore pour être plus forte face à eux..Face au quartier femmes, hommes, au mitard, aux pointeurs..et puis finalement, la seconde semaine, j'ai compris que je n'avais pas besoin de tout ça. Je pouvais très bien faire cours, à de drôles de loustics, de moins drôles, des jeunes, des adultes, à de jeunes majeurs en toute confiance.
Mon petit ami a même trouvé à me redire,que j'avais pris du ventre à 47 kgs. Pff!! J'ai surtout apprécié de laisser ma taille d'enfant au placard..et désormais de hisser les pantalons de "la normalité féminine."
Seul exploit, un magasin pour anorexiques, que je ne pouvais plus supporter depuis le début de mon histoire en 1998, m'a réconcilié..
Avec eux, tu mets une taille de plus. Pratique! .
Alors, j'ai eu le privilège de ranger les 34,les 14-16 et 18 ans de persévérer en 36 et de m'offrir le premier 38!!
Bref arrêtons ces détails, aujpurd'hui la boulimie est guérie à 88%...
Le reste, c'est un mélange de souvenirs, d'espoirs et de promesses.
..Life isn't always a bed of roses..
Bon assez parlé, désormais au boulot..
Cordialement
Et Bonne continuation pour toi, avec tes questions drôlement intéressantes
Irléana, un peu confuse aujourd'hui