Bonne année à tous pour 2002.(...) La SS pense qu'il n'existe qu'une bande d'excités au sein d'une population médicale silencieuse à cent lieux de toute revendication. Elle se trompe profondément, le malaise est immense.
Au moment du réveillon, la discussion est bien évidemment partie sur le sujet, et du plus silencieux, généraliste ou spécialiste, au plus virulent, le sentiment est le même :un ras le bol le plus total. Pas de la médecine; pas du vrai serment d'Hippocrate; pas des vraies urgences. Un ras le bol de la servitude, de
l'esclavage qui nous est imposé au motif du serment d'Hippocrate.
Le pouvoir distribue les 35 heures, quand les médecins doivent répondre de 8 h le matin à 20 heures chaque jour de la semaine, jusqu'au samedi midi. Honte aux journalistes qui accusent les 90% de médecins qui ne sont ni de garde ni réquisitionnés de ne pas répondre à leurs patients un soir de réveillon et de surcharger ainsi le service public.
Le pouvoir distribue les retraites : quand les médecins actuels pourront prendre la leur, et avec combien pour vivre?
Le pouvoir distribue les congés payés, combien de médecins ne peuvent se faire remplacer pour y avoir droit?
L'informatisation est imposé aux médecins, c'est une lourde charge pour les médecins, et beaucoup ont du mal à s'adapter. Quelle aide ont-ils reçu? une prime payée avec de l'argent volé quelques mois plutôt aux médecins et une aide perenne ridicule et humiliante. Qu'on ne s'étonne pas alors que de la résistance active et passive s'installe!
Ras le bol d'être confronté à des exigences personnelles quotidiennes qualifié d'urgence par leurs auteurs, plus urgence de convenance que rarement médicale ; exigences accompagnées d'insultes, de manque de savoir vivre, de manque de respect au motif qu'ils "payent", alors qu'ils ne payent rien, c'est la société qui paye à leur place. Hier j'ai été appelé par une
patiente "mourante" qui ne pouvait se déplacer; arrivé chez elle une heure plus tard, un peu plus tôt que ce que j'avais prévu, c'est la voisine qui était chargé de me dire qu'elle était partie faire ses courses et me demandait si je pouvais l'attendre!
Les médecins ont été augmentés substantiellement pour les visites d'urgence, et sur la liste fulmedico, des médecins se plaignent de ne pas en faire beaucoup car ayant le sens de l'urgence et de l'honnêteté.
A-t-on fait des statistiques sur les motifs des dépenses de cette VMU? c'est pourtant le rôle de la SS.
Je peux dire que certains médecins profitent de cette nouvelle disposition pour faire payer VMU à ces urgences de convenance, aux frais de la SS, et que les patients n'en ont rien à foutre dans la mesure où ils sont remboursés! Vous
allez me dire que ce n'est pas bien de la part des médecins, mais de la part
des patients?
Une prise de responsabilité, ça se paye, pas sur des actesd'exception, mais sur les actes de tous les jours.
Ras le bol aussi de servir de poubelle de tout ce que la société ne sait pas gérer. On exige du médecin un certificat médical pour justifier une absence d'enfant absent en toute illégalité; il faut se battre à chaque fois contre une administration qui fait localement ses propres lois!
L'assistante sociale qui renvoie le patient au médecin quand elle ne sait pas trouver une solution qui est pourtant de son ressort; il est vrai que face aux exigences des patients, c'est plus facile.
Les agents de la SS qui font souvent de même!
Les conflits patron-salariés n'épargnent pas non plus les médecins,les arrêts de travail frauduleusement extorqués aus médecins lors de la dernière grève des gendarmes en sont une éclatante démonstration!
Quand on ne sait pas faire, quand on veut quelque chose, la solution de facilité est devenue le médecin : sur son front, on peut lire "tête de con". Même l'état ne paye plus ce qu'il doit à la SS, et puise dans les caisses pour financer ce qu'il offre en période pré-électorale prolongée.
La santé coûte cher, l'informatisation est nécessaire pour diminuer les coûts de fonctionnement de la SS : la poubelle médicale paiera l'outil qu'on lui impose. Sans doute, les médecins pourraient développer l'informatique à leur avantage; mais les médecins ne sont pas informaticiens. Un seul exemple, les bases de données médicamenteuses qui sont un outil indispensable pour diminuer coût et iatrogénie : je considère la base que je possède est inutilisable sur le plan sécurité à 50%, et quand on sait qu'on va vers un 0% de droit à l'erreur, cela veut dire que sur le plan sécurité ma base informatisée est en réalité inutilisable à 100%.
Le ministre de la santé, l'AFSSaPS sont au courant des problèmes, mais font la sourde oreille : le médecin-poubelle fera avec. Quand à la réduction de coût, l'ergonomie est telle, la prescription en DCI étant bridée par l'industrie pharmaceutique, il faut vraiment vouloir faire plaisir sans contrepartie à la SS pour se lancer dans la couse à l'économie.
Alors oui, le malaise est grand, et il monte de plus en plus.
Il y a quelques années je disais à un patient ayant la trentaine : cette année, vous avez consulté 10 fois; que préférez-vous : continuer avec le système actuel de remboursement à 100%, ou bien me payer 10 Fr à chaque consultation, et payer 100 Fr de moins de cotisations sociales?
Il me dit : mais ça revient au même; puis après un temps de réflexion : si je consulte moins, je commence à gagner de l'argent. Et oui, ce n'était pas un cheminot, mais un chauffeur routier.
Yves Adenis-Lamarre
Message posté sur la liste fulmedico, reproduit avec l'autorisation de son auteur.
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