Modifié le 03-11-03 à 19:37 (GMT)J'avais envie de parler un peu de mon problème de reconnaissance, car c'est une chose dont j'ai beaucoup souffert depuis ma naissance, et qui m'a valu une quête effrénée à travers l'alcool, le sexe, le travail, les possessions, le jeu...
La reconnaissance est quelque chose après quoi j'ai toujours couru et celà m'arrive encore d'avoir besoin de me sentir reconnue d'au moins une autre personne que moi surtout s'il y a conflit, j'ai encore beaucoup de mal à me suffire à moi même, même si je sais que je ne suis pas dans mon tort.
Tout a commencé à ma naissance :
- Lorsqu'on m'a présentée à ma mère, elle a tourné la tête vers le mur :
J'étais une fille, elle voulait un garçon, elle m'a boudée.
Et ça a continué toute mon enfance :
- Je n'avais de cesse de contenter ma mère sans jamais y arriver car je n'étais pas conforme à ce qu'elle attendait de moi :
On avait beau regarder mon sexe sous toutes ses faces, j'avais beau adopter des attitudes masculines, je n'étais toujours pas
un garçon !
Mon père, malade alcoolique, était quelqu'un de faible et de passif, qui n'avait d'yeux que pour ma mère et sa propre mère; Il a bien essayé de s'intéresser à moi quelques fois dans ma vie d'enfant, mais ses essais ont vite été démontés par le regard de censure de ma mère qui ne voulait pas qu'on s'interesse à qui que ce soit d'autre qu'elle.
(Je parle de moi, de MA vérité, en aucun cas je ne parle à la place de mes parents, hein, je ne sais pas si ce que j'affirme est leur vérité, mais c'est la mienne, telle que je l'ai ressentie et vécue).
A mon adolescence, avec l'aide de l'alcool, de la boulimie vomitive, tout est allée bien mieux pour mes proches :
- J'ai correspondu à ce qu'ils attendaient de moi, à grand renfort de souffrance :
J'étais dynamique, j'avais un emploi dont ma mère pouvait se glorifier, j'avais un look d'hôtesse et tout ce qui va avec "d'admirable et admiré", j'ai même épousé un Apollon, homosexuel, soit, mais si beau...!
Que du bonheur pour ma mère, même si elle me reprochait parfois du bout des lèvres de trop fumer, d'être un peu trop maigre.
A 36 ans, je suis arrivée au bout de ma souffrance :
- J'ai arrêté l'alcool :
Je me suis RECONNUE malade alcoolique.
J'ai mis mon premier pied dans l'étrier de ma vie à moi.
Je suis redevenue une fille toute simple, toute tranquille, sans prétentions, une "amie à qui l'on tient" mais avec laquelle on ne peut pas se faire valoir en parlant de sa position sociale; Bref, je suis redevenue celle que ma mère n'avait jamais voulu reconnaître depuis ma naissance.
Je comprends à présent, avec du recul, pourquoi lorsque je lui disais que j'avais un problème d'alcool elle (tout comme mon ex mari) me disait que je me trompais, que je fumais trop, mais pas l'alcool, nooon ! Je comprends pourquoi elle ne voulait pas me reconnaître "non plus" dans ma maladie alcoolique :
Elle n'allait pas reconnaître la seule maladie qui me donnait le courage d'être celle qu'elle attendait que je sois même si je m'y tuais à grand feu :
Son faire valoir, son jouet, son os à ronger, la souris du chat qu'elle était.
Si j'arrêtais de me perdre dans l'alcoolisme, dans la boulimie vomitive, elle le savait bien, je n'étais plus celle qui lui plaisait.
J'ai dû arrêter de m'épuiser à attendre que ma mère et que mon ex mari m'acceptent telle que j'étais vraiment et m'aiment ainsi :
Ils ne le voulaient pas; J'ai dû avaler cette pillule difficile à avaler mais qui m'a libérée d'un grand poids lorsque je l'ai fait.
Ma reconnaissance, je l'ai ressentie parmi les gens qui souffraient de la même maladie que moi au départ (alcoolisme, boulimie, survivants d'inceste).
A présent, je commence à me sentir reconnue AUSSI en dehors de mes maladies par mes proches, mon homme, mes enfants, qui m'acceptent telle que je suis sans que j'aie besoin d'avoir recours à mes comportements compulsifs.
Je me sens enfin un être humain, un grain de sable à part entière dans la grande plage de l'humanité, et ça me va bien.
Je n'ai plus besoin d'être la Dune du Pila, participer à la dune me suffit, un jour à la fois
Bonne chance à tous; 24 heures aprés 24 heures, petit à petit, lorsqu'on choisit de vivre sans alcool, notre lucidité nous permet de nous retrouver, d'apprécier la personne qu'on est tout au fond et de fréquenter des personnes qui savent aussi nous apprécier pour ce qu'on est.
Poulou