Bonjour Isa,Merci de vous intéresser à cette discussion, et merci aussi de prendre le risque de venir parler sur un forum qui n'est pas modéré a priori, je le prends comme une marque de confiance de votre part.
"Vous avez surtout du mal à assumer votre désir et à le réaliser…"
C'est vrai. Je n'arrive pas encore à bien cerner ce qu'il est souhaitable ou nécessaire de faire, et si mon désir est aussi celui d'autres personnes. Je n'ai pas spécialement l'idée de créer quelque chose juste pour mon plaisir personnel et j'ai peur de ne pas savoir m'en occuper seule.
"Pourquoi vouloir créer un nouveau forum"
Bonne question. Il se trouve que j'ai lu pendant longtemps le forum schizophrénie. Après un temps assez long "d'écoute", j'ai pris le risque d'y prendre la parole.
Les réponses que j'y ai faites s'adressaient en particulier aux personnes "borderline" qui échouaient sur le forum schizophrénie à cause de quelque symptôme bizarre qu'elles éprouvaient, et dont elles avaient vaguement entendu parler comme pouvant faire partie du tableau de la schizophrénie (exemple : la dépersonnalisation), ou encore parce le médicament prescrit les inquiétait, portant le mot "psychose" ou "schizophrénie" parmi les indications (exemple : le Tercian). (En ce qui concerne la dépersonnalisation, il y avait déjà eu auparavant une question similaire sur le forurm maladies. Aucun des médecins n'y avait répondu. Vous y aviez répondu vous-même, et votre réponse ne m'avait pas semblé adéquate, ce que est logique parce que ça ne concernait pas votre maladie).
J'ai toujours répondu à ce type de questions dans le sens de vouloir clarifier les choses entre les deux pathologies (avec mes connaissances à moi, qui sont forcément limitées).
J'ai aussi parlé sur des sujets concernant autant la schizophrénie que ma propre pathologie :
- de livres de psychanalyse concernant la psychose (http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/857.html#16),
- de faire des enfants quand on a une pathologie psychique http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/860.html#2
- de l'annonce du diagnostic ou de l'absence de diagnostic http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/233.html
- du fait d'"entendre dire des bêtises sur la maladie mentale" et comment on y réagit http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/952.html#15
Pour le reste, je me suis permis de répondre à Psychee, qui m'a semblé être dans le cas d'une pathologie "borderline", même si sa question portait d'abord sur son ami schizophrène. Ma réponse s'adressait bien elle, à son état à elle et à son attitude vis-à-vis de son ami schizophrène. Vous m'avez d'ailleurs répondu " je suis entièrement d'accord avec ce que vous dites à Psychee..." dans la discussion "Comment l'aider au mieux" http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/979.html#8
Dans ces discussions, à mon avis, les choses se passaient tout-à-fait cordialement, chacun étant à sa place, se présentant sous une "étiquette" claire et parlant de ce qu'il connaissait par expérience. La place qu'on me laissait sur le forum schizophrénie me convenait très bien, j'étais là pour renseigner les personnes borderline arrivées là par mégarde, parler de cette pathologie pour faire évoluer un peu les mentalités et clarifier les frontières, tout en profitant moi-même de l'expérience de personnes schizophrènes stabilisées concernant la gestion de leur quotidien.
Là où il y a eu quelques problèmes, c'est dans la discussion "quelle relation entretenez-vous avec votre psy"
http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/910.html#26
RougeV ayant dit consulter un psychologue, et ne prendre aucun médicament, là votre réaction est vive :
"Vous dites que vous êtes schizophrène et vous ne prenez aucun médicament !!!
Il y a comme un problème mais lequel ? Votre psy est franchement un incompétent : soit il s’est trompé de diagnostic soit il a séché à la fac les cours sur les neuroleptiques. Et en plus il vous laisse face à vos angoisses sans vous soulager… Mais dans quel monde vit-on ?
Cherchez l’erreur…
Pandore si vous nous expliquiez ce qu’est un état limite…"
(Là vous vous adressez à moi, m'incitant à intervenir alors que je n'ai pas encore participé à cette discussion)
et plus loin :
"Il faut redonner la parole aux vrais schizo..."
Quant au Docteur Dupagne, il s'emballe : "il est bon de temps en temps de remettre les pendules à l'heure et de laisser parler les vrais schizophrènes et non quelques personnalités borderline qui se permettent de généraliser à partir de leur expérience personnelle"
Bien sûr, suite à cela, il y a eu des excuses, des explications. Je cite le Docteur Dupagne :
"Il se trouve que les adversaires des neuroleptiques sont souvent des personnalités borderline qui ont reçu des neuroleptiques en phase de décompensation, et qui sont arrivés ensuite à bien vivre sans neuroleptique. Au lieu de s'en réjouir tout simplement, certains se sont lancés dans un combat contre ces médicaments indispensables pour d'autres pathologies comme la schizophrénie.
Si nous sommes d'accord sur cet aspect, vous avez tout à fait votre place ici."
D'accord avec ce qu'il dit, mais pourquoi le dire particulièrement ici, et à moi, alors que je viens justement de répondre à Psychee dans le sens "pour les neuroleptiques" : "je considère plutôt que ce sont mes angoisses qui ont un effet tout à fait dévastateur, et j'apprécie que le Tercian m'aide à en venir à bout ! Ces médicaments sont prescrits dans le but de nous faire aller mieux, pour avoir une meilleure qualité de vie, et justement pour pouvoir être libres de penser. Ils sont prescrits par un médecin, dans le cadre d'une relation d'aide et de confiance. Il n'y a à être ni pour ni contre les neuroleptiques, pas plus qu'on n'est pour ou contre les pansements ou les points de suture."
C'est là que j'ai senti beaucoup d'ambivalence dans les discours, qu'il y avait le risque d'une sorte d'amalgame, et que je risquais moi-même de devenir la victime d'obscurs comptes à régler avec ceux que vous imaginez être les "borderline", comptes dont les enjeux me dépassent totalement.
Je comprends très bien que vous ayez à vous défendre très fortement contre tout ce qui pourrait risquer de vous faire décompenser, et je connais les résultats atroces de la décompensation pour une personne schizophrène.
Je ne vous ferai pas l'affront de faire la moindre comparaison avec ce qui m'arrive quand je suis blessée : ça se solde par une bonne crise de larmes, un tranquillisant, un petit dodo, et après ça je peux de nouveau plaisanter. Mais ça ce sont les réactions que j'ai moi après des années de thérapie, avec un traitement médicamenteux, un suivi psy régulier, une vie réglée pour avoir le moins de stress possible, et une vie matérielle pratiquement idéale… Il faut savoir que les personnes "borderline" qui sont encore au milieu du tunnel peuvent être, tout comme vous, très fragiles, angoissées, suicidaires ou para-suicidaires.
Dans la discussion "J'ai besoin d'1 avis - S.O.S. - long message" http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID20/990.html , du fait qu'on parlait d'une personne en son absence, (ce qui était une grave erreur que vous avez immédiatement relevée, et je vous donne 100 % raison), et que les informations données étaient plutôt vagues, les projections des uns et des autres ont atteint leur maximum.
Dans ma réponse, j'imaginais une situation : T. n'est pas schizophrène, Aliénor a des problèmes psy, le psy est un bon psy (c'est-à-dire une situation un peu comme la mienne)
Vous, vous étiez dans la logique de votre propre situation : T. est schizophrène, lui seul peut parler en son nom et juger de son suivi, Aliénor et Pandore ne peuvent pas comprendre les schizo, "on tue la parole des schizo".
Les projections entraînent l'incompréhension, la critique, le rejet.
Contrairement à ce que vous croyez, à partir du moment où vous vous expliquez, je comprends votre façon de penser. Mais ce qui me ferait plaisir aussi, c'est que vous essayiez de comprendre mon raisonnement sans avoir d'a priori négatif.
Je me trompe peut-être souvent sur les problèmes propres à la schizophrénie, mais au moins j'essaye de dialoguer, de m'intéresser, de tenir compte de vos explications et de vos remarques.
J'aimerais aussi, tout comme pour vous quand on parle des schizophrènes, qu'on tienne compte de ma susceptibilité et de mon hypersensibilité quand on parle des "borderline".
Vous dites : "Quant à la modération, j’en suis revenue… Si les alliances fonctionnent bien dans un groupe on peut aisément s’en passer. Le tout est de savoir réguler la violence par le dialogue…"
Je ne crois pas qu'on puisse se passer de la modération. Mais quel art difficile !... Et le dialogue, comme c'est long, épuisant… mais tellement riche aussi, et ça me fait tellement avancer !...
Tout ça pour dire que, dans le cas où je continue à intervenir sur les problèmes borderline dans le forum "maladies" et dans le forum "schizophrénie", ou dans le cas ou un site spécifique serait créé, je souhaiterais que certaines conditions soient respectées :
Respect des personnes, respect de leur sensibilité particulière, pas d'a priori sur la pathologie borderline, pas de stigmatisation des personnes d'après leurs symptômes, explications médicales données pour cette pathologie aussi détaillées et fouillées que pour les autres maladies (ah! que j'aime placer là ma fameuse comparaison avec les petits boutons blancs chers au Docteur Dupagne !), recours à des citations ou des références bibliographiques de spécialistes quand on ne sait pas, ou renvoi sur des sites spécialisés.
De la part des borderline aussi, je verrai des limites à mettre qui pourraient être ajoutées à la charte (ou mises dans la charte du forum spécifique) : De même qu'on ne décrit pas les délires, on ne doit pas faire de longues descriptions détaillées et complaisantes de symptômes. Pour décrire un symptôme, une simple allusion suffit (par exemple en ce qui concerne l'auto-mutilation, inutile de s'étendre, on sait ce que c'est). Idem pour les TS, il suffit de dire TS, ce n'est pas la peine d'en rajouter la description. Interdiction aussi du chantage au suicide ou du chantage à la décompensation (du type : vous m'avez fait aller mal).
Merci de me faire profiter de vos réflexions sur ces propositions.
A bientôt,
Pandore