Modifié le 27-10-02 à 14:52 (GMT)Bonjour,
Un message qui finit mal pour une fois,
En alexandrin pour peu que j'y crois :
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Bonjour et bienvenue, voici un long message :
Oui vous avez bien lu, pas un heureux présage.
Depuis deux longues années, ma vie a dérouté,
Depuis que j’ai saisi, la chance que j’avais.
Je suis un homme qui pense, aussi je vous l’accorde,
Ma vie on s’en balance, moi au bout d’une corde.
Pourquoi partir perdant ? La question est habile,
Mais je serai galant, ma vie n’est pas tranquille.
Tous seul je resterai, j’en suis persuadé,
Tant que ne pourvoirai, à ma félicitée.
Je sais qu’on ne m’ignore, je suis intelligent,
Et c’est comme on est fort, qu’on reconnaît l’argent.
Tout seul je suis paumé, comme un arbre sans branches,
Mes feuilles accompagnées, éclairent sans étanche.
Pause.
J’ai vu le docteur, on a estimé,
La somme de douleur, la peur d’expirer.
Je compte mes heures, plus que mes journées,
Je suis radoteur, à peine adoré.
Elle veut voir son gars, dit qu’elle est pas libre,
Aurore a le droit, d’éviter ma fibre.
Elle veut bien aussi, que je lui écrive,
Si c’est pour mon bien, pas pour la dérive.
Je lui écrirai, mais là j’ai pas le temps,
Je dois m’endormir, je suis un fainéant.
Je ne l’ai pas vu, cela fait longtemps,
Je dois m’endormir, elle au moins m’attend…
À trop espérer, on finit vieil homme,
Assis, fatigué, adorant Sodome.
Moi je n’ai que dalle, même pas l’amitié,
D’un vieux général sans âme, mité.
À trop voir ça, satisfaisant,
On baisse les bras comme un enfant.
Moi j’ai déjà la vie, et la mienne est pourrie,
Par la démocratie, à trop vouloir, tant pis.
Ma belle est partit loin dans un havre de paix,
Là-bas elle est, au moins, tranquille et loin de mes
Aspirations fugaces, attirances salaces,
De mes trucs dégueulasses, elle voit pas ma face.
D’un côté c’est tant mieux, même si je trouve ça moche,
Qu’elle fléchisse les yeux dès que je m’en approche.
Elle et son petit copain s’en vont main dans la main,
Tandis que rêve un brin, je passe pour un crétin.
(Aurore ? Veux-tu de moi ? Je suis amoureux fou,
Je t’aime et j’ai la foi à m’en rompre le cou.)
Alpiniste casse-cou je n’ai pas le vertige,
Au sommet du Ventoux, je crois bien que je pige.
Faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire ricocher,
C’est à moitié tricher, c’est aussi partager.
Ce que je ne dis point c’est qu’en ces lieux mêmes,
Régnait le terrorisme, la sueur et l’haleine.
Entre deux hémisphères la vie est difficile,
Équateur de la sphère, et squatteur de sourcils.
Ma bohème passée me rend mélancolique,
De tous ces entassés, il faut que je m’explique.
Nouveau dans le lycée, je me suis aperçu,
Que pour s’y immiscer, il faut être bien perçu.
En passant la Seconde, je subissais la guerre,
Ma vie se dévergonde, je n’y distinguais guère.
En côtoyant le vice, j’appris à contourner,
Coyote de service, la loi des libérés.
Je pus rendre caduque, en roulant des pétards,
La langue de ces trous d’ucs, tous ces grands salopards.
En fumant je voulait, non pas me démolir,
Crier que j’espérait ce qu’on me faisait fuir.
Mes parents ne savaient, coincés dans leurs affaires,
S’occuper de ma haie qui poussait, solitaire.
Cette fleur de délice était en papier,
Une tulipe lisse bourrée de mélangé.
« Mix » de tabac et de shit, mes cigarettes marrons,
Me faisait délirer, psychoter sans raison.
Le soir quand j’entendais mon père aller border,
Ma sœur qui rigolait, je croyais paniquer.
J’imaginais des cris qui me faisait horreur,
Étouffés par mon père, ceux de ma petite sœur.
Et puis je ressentais toujours après le travail,
Des serpents qui poussaient, perforaient mes entrailles.
Un soir je n’en puis plus, après avoir fumé,
Me liquéfier je crus, c’était à vérifier.
Je jetais le papier qui appelait à l’aide,
Celui qui, rédigé, faisait que ma peur cède.
Ce fut au mois de Juillet, que j’ai eu des pensées,
Tournées sans alphabet, juste pour délirer.
Travaillant à La Poste, je me levais le matin,
J’occupais un vrai poste, mais n’étais sûr de rien.
Puisque dans ma conscience une femme était belle,
Pourquoi voir ma science comme une demoiselle ?
Je jetais mon vélo, alors qu’une voiture,
Fonçais sur mon héros, je reçus une blessure.
Les pompiers méfiants m’entouraient comme une bête,
Je dois dire que seulement je n’étais pas très net.
En grondant hier soir, j’avais dévisagé,
Le voisin, un jeune noir, et son chien enragé.
Mes supérieurs aussi, alertés par les flics,
Avaient de gros soucis, en voyant mes mimiques.
Une fois à l’hôpital sur un lit surélevé,
Je vis que j’avais mal et je léchais ma plaie.
Je m’enfuis pour revenir, ce qui les alerta,
Une blouse, des sourires, la psy me consulta.
Je n’allais pas très bien, mais je voulais partir,
Pour eux j’irai pas loin, ils purent me retenir.
Porté par deux colosses, puis nu et sous calmant,
Je pleurais comme un gosse, puis m’éteins brutalement.
Ce jour ou le lendemain -je ne me souviens plus-,
Je vis le médecin ce qui me secourut.
Il me parla de moi, de ce que j’avais fait,
Dit que j’avais le droit et que je guérirai.
Les jours suivants, j’abrège, ma mère m’accompagna,
Elle me parlait solfège, sur un air d’opéra.
J’eu la visite une fois, d’Aurore et d’autres gens.
Comme je n’étais pas là, passé le plus urgent,
Ils surent que j’allais mieux, que je me promenais,
Les trous en face des yeux, ça allait à peu près.
J’obtins sans condition, pour mes dix-neuf années,
Par délibération, le droit de retourner.
À mon anniversaire, on alla pour dîner,
Dans un restaurant cher, fallait pas lésiner.
J’ai en somme bon souvenir, de ma courte carrière,
Aux façons de subir, aux troubles éphémères…
Schizophrène je le suis, le mot est déclaré,
Des vies j’en ai suivi, à moitié éclatées…
Tour à tour dépravé, fugueur et délinquant,
C’est vrai j’en ai bavé, car j’ai foutu le camp.
J’aurai dû m’en tenir, à la vie bien tranquille,
Des études sans finir, des parents si fragiles…
Moi-même je suis et reste, et je tiens mon assiette,
Pâle après un tel geste, je saurai tenir tête.
Face à mon expérience il est bon de savoir,
Que marcher par méfiance n’est utile nulle part.
Baisser la tête n’est pas, la meilleure voie à suivre,
Il faut lever les bras, pour ne pas rester ivre.
Mon objectif est tel, chanter ma ritournelle,
Faire plaisir à ma belle, pour qu’elle m’ensorcelle…
Me fasse plonger dans les abyssales profondeurs,
Que je tête le lait de ces subtiles rondeurs…
Comme un amant fidèle, je lui ferait des signes,
L’adorerait telle qu’elle, dans son immense insigne.
Je lui baiserait la joue pour un petit caprice,
La ruinerait dessous sa jupe : cicatrice…
Borné de voir sa main, dans la main d’un autre,
Je lui dis « à demain », je la quitte comme un pleutre.
Je ne suis bon qu’à ça, à chausser des couleurs,
Je dis mes mots qu’à sein, pour crier ma douleur.
Je rêve de toi ma mie, molette de plastique,
N’en fait pas un fromage, orange fantastique.
Orage, au désespoir, ma douce est donc si vile ?
Offrande aux dieux du noir, rendez-moi ma Sibylle !
La lumière du soleil levant me dévisage,
Dans son simple appareil, me lavant le visage.
Rémi.