Je suis depuis un certain temps votre forum ( J’avais envoyé un mail de remerciement à Isabelle, qui s’en souvient peut-être, il y a quelque temps ) car j’habite depuis 4 ans avec mon ami qui est schizophrène ( Je dois préciser qu’il n’a pas encore été diagnostiqué comme tel mais il en présente cependant presque tous les symptômes ).Suite à une bouffée délirante il y 1 an et demi, il avait passé quinze jours à l’HP.
Étant moi même fragile et dépressive, j’ai alors été très choquée par cet événement puisque c’est moi-même qui ai dû faire l’HDT.
La sortie de l’Hôpital a bien sûr été difficile car mon ami a traversé une période dépressive très dure.
Cependant, il avait peu à peu réussi à retrouver un fonctionnement normal ( emploi, bassiste dans un groupe, rencontre de nouveaux amis…) et m’a remercié de l’avoir placé à l’Hôpital.
Malheureusement, il a alors arrêté ses médicaments. En fait, l’arrêt de son traitement n’a pas eu d’incidence immédiate mais peu à peu les « bizarreries » sont revenues.
Nous en parlons ensemble, et il me confie parfois ses délires, mais cela reste rare.
Par rapport à ça, sa position est ambiguë : il dit parfois de lui-même qu’il est « dingue » mais qu’il aime ses moments d’exaltation et qu’ils ne l’empêchent pas de vivre (« je suis gentil, généreux, non violent, pourquoi me refuse t’on le droit d’être différent après tout ! ), parfois il me dit qu’il n’est pas dingue que ces « bizarreries » sont réelles et que je devrais respecter sa façon de voir les choses, il me reproche alors de lui faire des remarques méprisantes
Il est persuadé que son trouble ne se guérit pas en tout cas, et même, il n’a pas envie de guérir semble-t-il parfois.
Tous mes efforts pour le pousser vers un suivi médicamenteux ou psychothérapique ont échoué.
Il garde un très mauvais souvenir de son traitement : le psy s’était moqué de ses délires (« vous regardez trop la télé »), l’avait véritablement assommé de médicaments, il a eu de gros effets secondaires et son psy ne voulait pas changer les médicaments et il ne lui a pas proposé de psychothérapie malgré ses demandes, et il n’a consenti a me parler que 5 mn et au téléphone en plus, et pour couronner le tout il a dit à sa famille (mais pas à lui le principal intéressé, qu’il lui faudrait sûrement prendre des médicaments à vie)
De plus, Il est persuadé de n’avoir que 2 choix : réussir à mener une vie pseudo normale avec ses troubles ou finir sa vie en HP (il refuse de croire mes arguments du contraire).
Dans ce contexte, nous nous sommes laissés enfermés dans une situation très malsaine puisque j’ai alors voulu supplanter le rôle médical, je pense, en le « surcouvant » parfois, ou en lui faisant des remarques qu'il a pu juger « méprisantes » quand je craquais d’épuisement.
Aujourd’hui il semble en pleine rechute, nous avons eu une discussion hier soir particulièrement bouleversante :
Il m’a avoué avoir besoin de moi, m’a dit ne pas pouvoir continuer sans moi, que si je le quittais il deviendrais un clochard, qu’une seconde hospitalisation le conduirait au suicide.
Il a émit le souhait de pouvoir me considérer comme son « refuge ».
Seulement, je ne sais pas que faire, le poids à porter est trop lourd pour moi : sans suivi extérieur, je ne peux pas être son seul refuge et accepter tous ses délires, car c’est alors moi qui serait entraîné dans sa chute et je dois me protéger aussi.
Une 2ème hospitalisation non consentie est impossible, je m’en sens incapable à l’heure actuelle (d’ailleurs en ais je le droit ?).
Pourtant, je l’aime, c’est pour moi l’homme idéal et ses troubles mentaux, quelqu’ils soient, ne me semblent pas insurmontables dans l’absolu.
Personnellement, je ne me vois pas quitter l’homme de ma vie parce qu’il est malade, mais la situation devient périlleuse : je pleure tout le temps (ce qui ne doit pas le rassurer non plus), je pense à ça toute la journée…bref, je craque complètement et en vient à penser qu’une hospitalisation me ferait du bien à moi aussi.
Je ne sais même pas quel types de conseils je peux attendre, mais ça me soulage déjà énormément d’en parler.
Je vous remercie de votre forum qui permet à chacun d’extérioser ses souffrances et de se sentir soutenu par des gens qui sont déjà passé par là.
J’espère n’avoir déstabilisé personne en exposant ainsi mon histoire, mais je crois qu’il est plus honnête de livrer son histoire quand on a lu celle des autres.
Ulysse