Bonjour Isabelle et bonjour à tout le monde J’ai changé de pseudo en me réinscrivant. Mon pseudo est ainsi maintenant steph01 au lieu de mfb0pvs
Je veux bien répondre à tes questions (pardon c’est un peu long)
Je vais essayer d’exposer ma situation qui n’est qu’un cas de schizophrénie parmi les nombreux possibles. Un ensemble de critères à été rassemblés pour tenter un peu de cerner la schizophrénieet on été regroupé comme tu le sais dans la nomenclature internationale DSM4.
C’est un ensemble de critiques de la part de mon entourage que je subissais et de déficiences de ma part depuis que je suis petit qui a fait que je me suis intéressé à connaître mes propres dessous de cartes. C’est dans un livre de vulgarisation de psychologie destiné aux médecins généralistes que j’ai découvert à 17 ans que la majorité des actes, perceptions et comportements de ma vie depuis le collège correspondait à de la schizophrénie hébéphrénique. Dans mon cas, elle est insidieuse, elle n’a cessé de s’intensifier jusqu’à l’année dernière où je n’arrivais même plus à m’habiller . Les symptomes ont été :
- délires
- altération de la pensée avec grandes difficultés pour structurer une idée,
- émotions inadéquates quand elles ne sont pas très diminuée
- obscurcissement de la conscience de soi
- manque de motivation
- pas d’hallucinations
- oscillation des périodes de schyzophrénies
J’ai vu une neuropsychiatre et un psychologue que je suis aller voir de moi-même.
Mes traitements ont été : zyprexa dont les effets était bénéfique mais à une dose où les effets négatifs étaient non négligeables, Haldol, Solian 200 pour ré augmenter la sociabilité, equanil pour le stress. J’en ai pris d’autres mais je ne me rappelle plus les noms.
Les traitements étaient efficaces mais seulement pendant une période plus ou moins courte. Selon moi, cette phase d’accoutumance provenait soit d’un phénomène naturel de résistance de la maladie soit du rôle que celles-ci jouait dans ma vie.
En effet, je perçois la schizophrénie (dans mon cas et du type de schizophrénies que j’ai développé et qui ne peut être valable pour tout le monde) tout d’abord comme une altération ou une diminution des émotions relative à l’environnement. Un des grands débats est de savoir si son développement est lié ou non à une influence extérieure. Il est admis qu’il existe une base génétique ou du moins une base de certaines propriétés de certains systèmes nerveux à engendré des schizophrénies. Ces dernières pourraient ensuite démarrer dans certaines conditions que l’individu rencontre dans sa vie.
Ce qui m’a aidé a été de comprendre à quoi servent les émotions.
D’après ce que j’ai compris les émotions que les personnes qui n’ont pas de pathologies ressentent ne sont que des perceptions de changements d’états du corps au vue de s’adapter à une situation nouvelle qui vient d’être perçue ou alors une réaction de changements d’état du corps que l’on a apprise au cours de situations plus ou moins similaires à celle rencontrée à ce moment. En fait les émotions, donc ce que l’on ressent, ne sont en fait que la mesure d’une petite partie de la collection de réponses de changements d’états que le corps met en place face à une situation rencontrée par l’organisme. Toute émotion est aussi liée à une variation du flux sanguin dans le corps ainsi que de sa répartition. Le corps en redistribuant la masse sanguine permet à certains organes d’être mieux irrigués et donc leur permet de mieux utiliser l’énergie. Ceci se ressent par exemple quand on a la peur au ventre : le sang quitte les organes viscéraux pour aller vers les muscles, cerveau et cœur. De même de nombreuses autres sensations sont liée aux émotions et aux transferts sanguins. Ainsi, les émotions prépareraient à adapter le corps pour que celui-ci se conserve. En fait c’est valable pour tous les organismes :
Chaque organisme a un "but" premier qu’il doit à la propriété de sa structure : vivre tout simplement, c’est-à-dire assurer le maintien de sa structure. On peut définir la vie comme un système complexe adaptatif.
Le système nerveux a ce but : assurer le maintien de la structure de l’organisme dans un environnement parfois fluctuant. Il ne sert finalement qu’à agir vers des conditions optimales de bien-être, d’équilibre, atteindre les conditions de ce que certains ont appelé l’homéostasie.
Dans un organisme complexe comme l’être humain comme dans d’autres espèces , on peut remarquer que son corps est composé de plusieurs niveaux d’organisations, c’est-à-dire qu’il y a différentes structures suivant l’échelle que l’on regarde (ensemble d’organes, organes, ensembles de cellules, cellules, organites, ensemble de molécules, molécules, …). Chaque niveau transmet des informations avec les autres et au sein d’un même niveau pour que l’ensemble atteigne l’homéostasie. Ces circuits d’informations peuvent être :
- Nerveux
- Hormonaux
- Immunologiques
Ces derniers peuvent d’ailleurs s’influencer. De plus, cet ensemble reçoit des informations extérieures à l’organisme et ces informations peuvent modifier l’état du corps ou certains circuits d’informations.
Sans entrer dans les détails de la structure du système nerveux, on peut dire que, face à une stimulation qui est considérée comme déstructurante donc stressante (≠ anxiété), il a 3 types de réponses :
La Lutte qui vise à supprimer la source qui est à l’origine du stress. Elle peut prendre différentes formes : physique, communicative,… et psychologique pour l’Homme qui peut utiliser son imaginaire pour répondre aux problèmes ou transformer sa vision des choses pour que cela n’en devienne plus un.
La Fuite, qui est aussi une forme d’action, intervient quand on ne peut réduire le problème rencontré. On peut fuir physiquement ou mentalement dans l’imaginaire ou encore grâce à diverses substances qui agissent sur le psychisme.
Si aucune des deux formes précédentes de réponses ne marchent, c’est-à-dire que l’action s’avère inefficace, l’organisme tombe en "Inhibition d’action". Etat qui s’il dure trop longtemps peut s’avérer dangereux car c’est un état du corps particulier qui est mise en œuvre, une forme d’attente du passage à l’action que le corps ne peut gérer à long terme. Il apparaît alors différents problèmes :
- Les problèmes psychosomatiques : les problèmes de santé ( ulcère, hypertension, insomnie, …).
- Les problèmes psychologiques : dépression, trouble obsessionnel, phobies, névrose, …
Tout ceci ne me permet pas de lutter contre ma schizo mais m’a permis de comprendre un petit peu son arrivée et de prendre du recul sur le jugement des autres et l’image que j’avais de moi-même. J’ai pu ainsi revenir sur un passé que j’avais enterré et sur lequel je n’arrivais pas à réfléchir vu que je ne mettais construit que sur l’image que les autres te renvoient de toi-même.
En fait dans les périodes où j’avais moins les symptômes, je souffrais d’autres choses que j’ai appris plus tard être de la phobie sociale. Cette dernière , je l’ai acquise à la fin maternelle quand les groupes d’enfants commencent vraiment à se former. Etant roux, j’ai été rejeté des groupes qui ont parfois besoin de trouver des cibles sur lesquelles taper pour renforcer leurs liens. Cette agression, vaste et diffuse a fait que je me suis renfermé au fil des années, malgré les luttes et fuites incessantes que j’enclenchait pour me protéger.
La phobie sociale, c’est aussi assez bizarre, on ne peut pas se concentrer quand il y a plusieurs personnes devant soi, c’est comme si chaque personne rencontrée prenait une partie des capacité de focalisations. Donc plus il y a de monde, moins on est apte à faire quelquechose.
Ainsi, j’était déchiré émotionnellement par l’envie d’aller vers les autres et par le fait que je devais toujours faire face à cette agression permanente et parfois le rejet. Ce déchirement était tellement intense que j’avais de gros problème de santé.
C’est à ce moment vers le collège que les premiers symptômes de schizophrénie sont apparus. Ils permettait de diminuer les émotions liés aux conflits indécidables qui me grignotaient. La diminution des émotions conflictuelles m’a permis de commencer à réellement construire une vie sociale, malgré parfois l’inadéquation de ces émotions et les symptômes positifs et négatifs que je ne savais pas être comme tel.
Mais au fur et à mesure des années, la schizophrénie augmentait. La diminution des émotions a entraîné un manque de réactions que l’on a commencé a me reproché, c’est pour cela que je m’y suis intéressé et posé des questions. Les émotions permettent de savoir si quelque chose est bien ou mal pour soi-même d’après ses propres expériences, la perte ou l’incohérence des émotions fait que l’on ne peut décider ce que l’on doit faire face à une situation quelconque. Je n’étais plus capable d’élaborer une stratégie face à des problèmes car je n’était pas capables de les appréhender émotionnellement et de construire une idée structurée par dessus. J’ai aussi perdu à des moments la notion du temps vu que je n’étais pas capable de me projeter dans l’avenir. A d’autres moments, je ne savait plus comment on faisait pour parler,…
J’ai parlé de summum car un moment je n’étais plus capable de me définir comme individu, je n’arrivait plus à faire de différences entre le monde extérieur et moi-même. Cette situation de perte de conscience de soi a fait que j’avais aussi perdu la notion d’objet et quand ça arrive, ça laisse perplexe. Par exemple, si je regardais des livres dans une bibliothèque, je savais intellectuellement et par expérience que chaque livre était un objet distinct mais c’est comme si j’avais perdu le feeling de comprendre que le livre est un objet, c’est indescriptible. Une fois aussi, j’ai perdu la relation qui existe entre la vision et le touché, ça a duré une journée, et ça aussi, c’est indescriptible.
Tous ces problèmes ont fait que je ne pouvais, et c’est le cas de beaucoup de schizophrènes apparemment, filtrer les informations provenant de l’extérieur, j’étais comme submerger vu que le tri ne se faisait plus avec les émotions. C’est peut être pour cela qu’il y a beaucoup de mystiques chez les schizophrènes, on a une réception du monde qui ne se fait pas suivant une sélection prédéfinies, entraînant une vision plus ou moins globale ou du moins beaucoup trop intense et qui fait parfois souffrir.
C’est la possibilité, après un long travail sur moi-même, de me redéfinir tel que j’ai essayé de me définir comme je viens de le faire qui a permis de diminuer ma schizophrénie. J’ai retrouvé la notion d’individualité et certains symptômes ont fortement diminué sans pour autant disparaître pour autant.
La diminution de ma schizophrénie a fait que la phobie sociale est revenue, mais j’ai maintenant des armes pour la gérer.
Je ne sais pas trop si c’est clair, ni ce que vous en penserez, ni même si tout ça n’est pas qu’une construction mentale qui ne reflètent pas la réalité mais j’espère que ça pourrait peut-être aider quelqu’un. J’ai la chance de pouvoir mettre des mots sur ce qui a déclenché ma schizo mais c’est peut-être pas le cas pour tout le monde car il semble que parfois cette maladie se développe sans vraiment avoir de raison précise.
Amitiés
Stéphane