bonjour à tout-e-s,ce message est mon premier sur ce forum auquel je vais participer ces prochains jours
il a plus valeur de témoignage que de question
J’ai 27 ans et vis à Genève, je suis Suisse. J’ai un traitement unique, du Zyprexa - Olanzapine, 10 mg/jour depuis 2-3 ans, Fluanxol pendant 1 ans demi avant.
J’ai fait ma première grosse décompensation un été 1997. Mais la schize commençait à me submerger 3 ou 4 ans plus tôt. Je revois presque cet après-midi où j’ai sentit, littéralement, un effondrement. C’était de la tristesse, de la solitude, de la mélancolie, du dégoût, de la rage, de la fureur, de l’incomprhésion, du nihilisme. Quelque chose s’était brisé, et une plongée en abime. Pas seulement mon mental, mais ma vision du social, de l’institution, de l’histoire, de pouvoir etc..
Ce qui a joué là-dedans avant mes 20 ans (prenez votre respiration) :
- 3 décès familliaux successifs de proches vers 14 ans (noyade, suicide, overdose)
- Une mère anorexique
- Un père alcoolique
- Une cousine bipolaire
- culture catholique (et son cortège de névrosettes) reniée partiellement
- naissance dans la Rome protestante (et le calvinisme est pathogène, croyez-moi).
- prises importantes de drogues durs (LSD, MDMA), douces (hashish, herbe) et connes (tabac, alcool, cocaïne). Les opiacés je n’y touche pas.
- des mauvaises et nocives lectures trop jeunes (Lovecraft, Nietzsche, Burroughs, Baudelaire, Rimbaud, Clive Barker, Primo Levi, Orwell, Debord, Foucault, Deleuze)
- un système suisse élitiste, eugéniste, puritain, vaguement nazillard ou afrikaneer (au secours!)
- Un voyage chaotique en Europe en 1994. Dans les décombres du mur de Berlin, une visite de Dachau, et le cousin yougoslave de Marc nous parlant de la Bosnie et des horreurs qu’il avait fuit. A moi, ne me parlez plus d’Europe (surtout en ce moment).
- activisme politique et avant-gardisme artistique radicale et échevelé
- iinterruption des études, plongée brutal dans le sous-salariat genevois (manutention, nettoyage, salaire d’esclave, je salue ici le prolétariat immigré de Genève !).
Après ma décompensation, je suis resté interné (entrée volontaire) à Belle Idée (l’asile du bled, j’étais dans la section “Les Sillions”). C’est un très bel endroit en pleine nature, le seul endroit dans la société où on a enfin la permission d’être complètement fou, sans qu’un parasite ou un crétin viennent vous emmerder avec son Réel encore plus factice que le notre.
En plus j’étais assez ému par l’humanité que j’ai trouvé là-bas - les autres patients - mais en quelques heures j’ai repris conscience que je n’étais pas aussi ateint pour justifier celà (mais le médecin urgentiste ne m’avait pas - à raison - laisser le choix).
La médecin cheffe m’a laissé sortir ule lendemain , aprèsbeaucoup de discussions ss entre moi, ma mère et elle, terriblement pénible, où toute l’histoire familiale revenait sur la table. J’ai le souvenir qu’elle était assez énervée contre moi, par ce que j’étais incroyablement prétentieux, sûr de moi (délire de grandeur, de surpuissance, de surcompréhsion).
“Arrêtez de vous mettre à la place du médecin !”, elle a eu des mots assez dur, mais je crois que c’était justifié : elle a vu que ma conscience n’avait pas complètement sombrée, et elle a voulu faire appelle aux ultimes débris de facultés critiques qui me restait en profondeur. Et ça a fonctionné.
Après jj’ai très vite été pris en charge par les diverses institutions psychiatriques et sociales, un dès meilleur réseau de santé au monde je ne suis pas à plaindre. Pendant 3 semaines les neuroleptiques m’ont aidé, mais ensuite carrément zombifié. le Zyprexa à cet égard a été une vrai lbération. Plus aucun effet secondaire, plus de correcteur, juste un peu plus d’apétit et quelques somnolences.
Et j’ai desparents absolument géniaux, qui ont beaucoup fait pour essayer de comprendre ma maladie (réunion, information etc.) et m’on admirablement aidé pour repdémarrer. Financièrement je suis à l'Assurance Invalidité j'ai une rente qui me met à l'abris de tout.
Je n’ai pas vécu de drame lié à ma maladie, ou de complication importante. J’ai toujours été coopérant avec les médecins. Mais je suis devenu très méfiant, refermé, peureux, et en même temps toujours pressé, énervé, près à sauter sur les gens à la moindre encartade. Je suis plein de préjugé sur tout, je refuse mille choses qu’on me propose et je me lamente ensuite de ne rien avoir et de tout refuser, vraiment je suis incompréhensible.
Jusqu’à 23-24 j’avais beaucoup de rapports avec des filles de mon âge, amoureux, amicaux, j’ai vraiment vécu de belles choses. Depuis 2-3 ans, presque plus rien. C’est pas du à mon physique (on s’étonne souvent de me voir célibataire ou un peu timide, par ce que je suis rangé dans la catégorie “beau mec” viril baraqué tralalala ), mais au fait que je n’ai plus d’endroit ou socialiser, et que je suis toujours paniquer à l’idée de parler de moi. Entre tout dire et ne rien dire... J’ai eu plein d’histoires amoureuses avec des filles géniales et j’ai le sentiment d’avoir tout gaché, ou plutôt de n’avoir rien fait.. Je crois que je n’ai connu qu’une fois un vrai amour (déçu, gaché et sans retour) et le reste n’était que passion.
Du coup, j’ai le sentiment très persistant de vivre dans le mensonge. Et son compagnon : le rêve. Je me suis inventé une vie imaginaire que je vais parfois peupler histoire de décompresser un peu. Mais c’est trop intime pour en parler ici Mais concrètement je me suis bien marginalisé Intérieurement s’’entend, à l’extérieur j’ai l’air tout a fait normal, mais en moi je me suis clochardisé...).
En public je suis toujours gêné, malaisé, hésitant. J’ai des trous béant dans ma pensée, mes phrases finissent dans la semoule, je ne sais jamais quoi dire (et pour cause, je ne vis pas grand chose...). Face au psychiatre qui m'ont suivit (consultation publique = nouveau psy chaque année) j'ai toujours joué "au bon patient" mais je ne parle jamais des trucs intimes ou de quand ça ne vas pas.
Je suis prés à me jeter dans les bras de n’importe qui mais je ne rapelle personne. J’ai des raisons d’en vouloir à tout mon carnet d’adresse.Une personne peut passer en une phrase “d’ami éternel à sauvegarder” à “ennemi absolu à détruire”. Un mot condescendant, une indulgence mal placée, une critique infondée, une bêtise, une vulgarité pédante, une ignominie, une crêtinerie, une infamie, . J’ai l’impression qu’on me déversse des ordures dans les oreils parfois. Sentiment de persecution, de machination, paranoia galopante...
en fait j’ai eu une crise de panique et d’angoisse terrible hier soir (paralysie et tension extrème) et je voulais un peu décompresser en vous écrivant
merci de votre attention
Julien
PS : je cherche une co/sous-location à Paris, jusqu’à 6-700€ par mois.