Bonjour Jacqueline,La relation triangulaire schizophrène-psy-parents est souvent débattue dans ce forum, et je vous renvoie aux nombreux messages sur ce sujet.
Il n'y a pas de règle absolue, car il n'y a pas d'ailleurs deux schizophrènes identiques.
A partir de ma modeste expérience, je peux vous donner un point de vue personnel :
Pour que le schizophrène puisse avoir une chance de gérer sa maladie, de la surmonter et de se socialiser, il doit avoir une relation forte avec son médecin. Cette relation doit être sous-tendue par une confiance importante, notamment vis-à-vis de la confidentialité de leur échanges.
Pour un schizophrène, l'idée que le médecin communique avec ses parents est souvent vécu comme une intrusion qui l'infantilise et l'empêche d'avoir une attitude "responsable" vis-à-vis de son traitement. On arrive très vite à une situation ou le père ou la mère devient le "traitant", insistant pour la prise des médicaments, renvoyant le schizophrène à son incapacité et l'enfermant donc dans sa maladie. Le rôle de l'entourage est plutôt d'apporter de l'amour, du soutien, et de la confiance (ce qui est parfois bien difficile).
Le médecin sait très bien que ce que lui dit le schizophrène en consultation est sans doute parcellaire, voire faux. Mais ce qui compte, c'est justement ce que le schizophrène lui dit. Une relation saine ne peut se développer qu'en conduisant le schizophrène à devenir acteur de sa maladie, et donc à informer son médecin le plus complètement possible. Un dialogue régulier entre le médecin et les parents est un moyen très sûr d'empêcher cette évolution.
Mais comme je vous le disais plus haut, il n'y a pas de règles, et dans certains cas, le schizophrène peut accepter, voire souhaiter que son médecin soit en contact avec ses parents. Cela ne me semble néanmoins pas de bonne augure pour le futur de ces malades.
Je vais prendre une comparaison simple : je ne sais pas si vous fumez, mais imaginez que vous consultiez dans un centre anti-tabac, et que le médecin que vous consultez s'entretienne au téléphone avec votre entourage ; imaginez que cet entourage lui apprenne que vous fumez en cachette ou que vous ne mettiez pas vos patches anti-tabac. Croyez-vous vraiment que ces interventions soient positives pour vous ?
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Dr Dominique Dupagne Administrateur du Forum |