Bonjour Isabelle,Pardonnez-moi de ne vous répondre plus précisément que maintenant.
Voyez-vous une chose dont je suis persuadé aujourd'hui, c'est qu'il ne faut toujours pas baisser les bras. Oui, cela va mieux, mais nous n'osons pas nous réjouir pleinement. Rien ne semble définitivement acquis.
Permettez-moi, avant de poursuivre, de rappeler quelques phrases qui ont suivi notre premier message, et qui nous ont certainement permis d'avancer:
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Isabelle:
Juste une question. Est-ce que vous êtes déjà allé avec votre épouse à une réunion de l'UNAFAM partager votre expérience de parents ?
Apparemment le découragement a été un sentiment positif puisqu'il vous a permis de sortir de votre isolement et de trouver ce forum.
Misset:
Tous les cas sont particuliers et différents, ce qui ne facilite pas les décisions des uns ou des autres.
Laurence:
Il y a certains psy avec lesquels on est toujours au meme point des années après si on ne prend pas soi-meme le taureau par les cornes!
Daniel:
quand je vois toute l'energie dépensée pour rester la tête hors de l'eau je me demande comment nous devons être pour ne pas les déstabiliser. Chaque réaction de notre part ou chaque souci est analysé à l'extrême et nous devons rester vigilant.
Remi:
Les médicaments seuls ne peuvent rien.
Daniel:
Le reproche de lui avoir caché sa maladie "vous pend au nez", pardonnez moi l'expression, mais il s'agit ici d'une décision personnelle que VOUS devez prendre avec votre épouse.
Igaluck:
« Nous avons chaque jour, autant qu'il nous était possible, puisé dans notre amour (oui, c'est le mot!) pour l'accompagner, l'aider. » — Cela restera pour vous, votre enfant, son frère, la meilleure “assurance” vers des jours meilleurs. C'est une grande “épreuve de vérité”, avec ce genre de maladie on ne peu tricher longtemps.
…..De toute façon c'est un travail de longue halaine, c'est à l'endurance que cela ce “gagne”.
Lanzac:
Gardez le fil vous reliant à votre fils et évitez qu'il ne vous classe du côté des persécuteurs.
Dr Dopagne:
En informant la famille, et non le malade, le psychiatre a créé un front de tension qu'il ne peut dénouer que lui-même.
Isabelle:
Ce sera alors impossible d’être son allié dans ces conditions là. Votre fils ne pourra jamais vous reprocher d’être resté à votre place de parent encore moins d’avoir respecté sa relation avec son psychiatre et de ne le voir que comme votre fils.
Toute la subtilité est là entre accompagner et soigner, entre aimer son fils et ne le voir que comme un malade.
Isabelle (réponse à Nash):
….mais je crois que sur ce forum nous sommes tous confrontées à cette maladie...
Isabelle:
C’est un beau message d’espoir que vous nous délivrez là !
Nora:
J'ai lu votre témoignage et il me remplit d'espoir.. et prouve que ce combat n'est pas vain et inutile.
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Oui, Isabelle tout cela pour vous dire que ces conseils ont été un fil conducteur. Nous nous sommes placés, mon épouse et moi-même, dans le seul contexte de soutien à notre fils sans aucunement rechercher à l'identifier comme "tel ou tel". Depuis deux années, plus que jamais, il est notre fils. Nos amis proches n'ont jamais rien su, notre famille également (à une exception) et ce avec le seul but que le regard des autres reste, autant que possible, celui "d'avant". Nous n'avons pas voulu dans cette première étape faire de lui un malade qu'il fallait "identifier". Nous avons recherché à lui donner sa chance afin que son propre combat ne soit pas entâché par des remarques pouvant le déstabiliser.
Nous n'avons jamais prononcé avec lui le mot "schizophrénie"... Nous sommes (sur votre conseil) restés à notre place de parents. Ses propres discussions avec son psychiatre lui ont permis de m'en parler un jour... Et lui de me conseiller de regarder le film "Un homme d'exception" (que vous connaissez certainement; film que mon autre fils s'était par ailleurs acheté en DVD après l'avoir vu au cinéma (un message pour nous... alors que nous avions voulu le protéger de la situation de son frère?). Bref nous n'avons jamais parlé directement de cette maladie... Je sais gré à son psychiatre de lui avoir aussi gardé cette confiance en laissant la question du diagnostic comme une question "secondaire".
A ce jour, nous n'avons rien lancé au niveau COTOREP, nous ne sommes jamais allés à une réunion de l'UNAFAM (pardonnez-nous!) car nous n'avions pas cette force de nous lancer dans des procédures particulières. Nous avions besoin de concentrer notre force dans son propre soutien... Bien évidemment nous comprenons que tout cela peut s'avérer indispensable mais nous pensons (bien sûr quand cela est possible! car nous imaginons bien que le cas de notre fils reste, comme les autres, particulier) qu'il est difficile de mélanger soutien et aide dans cette difficile étape. Durant ces deux dernières années, j'ai eu la chance de pouvoir reconsidérer ma carrière professionnelle pour laisser la place nécessaire à ce soutien.. Ne serait-ce que par une activité moins stressante permettant la disponibilité d'esprit nécessaire à mon retour au domicile...
Sa propre épreuve, ses souffrances, ont fait de lui un homme à part entière... au point de vouloir entamer une formation pour préparer le concours d'infirmier (car il ne voyait plus l'intérêt de terminer sa licence...). Bien évidemment, certains pourront peut-être dire "pour se soigner peut-être, mieux se comprendre".. Mais, la chose certaine est qu'il a beaucoup appris de son expérience et que ses camarades pourront lui envier son approche... Bref, donc là aussi nous avons laissé faire...
Il est donc reçu cette année à trois concours... Ses résultats aux tests psychotechniques et entretiens ont été bons, voire très bons...
Que faire maintenant? Certainement croiser les doigts car beaucoup de chemin reste à faire! Le plus beau des résultats est que son psychiatre ne le voit plus comme avant et l'encourage fortement dans cette voie qu'il a lui-même choisi... Le diagnostic qui était en suspend est désormais reconsidéré... Peu importe, ce n'est pas le problème, "être malade ou ne pas l'être" n'est pas notre principale question. Vous démontrez tous ici que "le combat n'est pas vain et inutile"
... Voilà le seul vrai diagnostic! Quoiqu'il arrive, je resterai comme je lui ai dit "fier de lui".
La situation n'est peut-être pas acquise... Mais, nous regarderons désormais plus loin et c'est un résultat précieux.
Isabelle, j'espère avoir répondu à votre demande de précisions.
Prenez soin de vous!!
Nous restons à vos côtés car nous aurons encore besoin de vous tous...
Amitiès
Eric