Par décision du directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en date du 28 novembre 2002 :Considérant que les laboratoires Servier, 22, rue Garnier, 92200 Neuilly-sur-Seine, ont diffusé une publicité relative à la spécialité Mediator (tiré à part) ;
Considérant que ce document présente les résultats d'un résumé de communication de congrès relatif à une étude évaluant l'efficacité et la tolérance de Mediator versus metformine et placebo chez des patients diabétiques sur une durée de six mois, avec notamment les allégations « efficacité antidiabétique sur l'HbA1c après six mois de traitement », « versus metformine : Mediator s'est montré statistiquement non inférieur à la metformine sur la baisse de l'HbA1c » et la mise en exergue des conclusions des auteurs :
« 1. Mediator réduit significativement l'HbA1c et la glycémie à jeun, en comparaison au placebo ;
2. Mediator est bien toléré ;
3. Mediator s'est montré statistiquement non inférieur à la metformine sur la baisse de l'HbA1c. Cette baisse apparaît néanmoins un peu plus importante, dans cette étude, sous metformine. »
Cette étude a été examinée par la commission d'autorisation de mise sur le marché des médicaments dans le cadre d'une demande d'extension d'indication de Mediator au traitement du diabète de type 2 après échec des mesures hygiéno-diététiques seules.
Or, cette étude présente des faiblesses méthodologiques, avec notamment :
- des patients inclus qui sont en moyenne peu sévèrement atteints ;
- un déséquilibre dans les taux d'HbA1c à l'inclusion, plus bas dans le groupe Mediator que dans le groupe metformine ;
- une analyse statistique de la comparaison de l'efficacité de Mediator versus metformine réalisée avec un intervalle de confiance à 90 % (soit un risque d'erreur de 10 %), alors que la comparaison de Mediator versus placebo a été analysée avec un intervalle de confiance à 95 % (soit un risque d'erreur de 5 %). Ainsi, l'analyse réalisée avec un intervalle de confiance à 90 % présentée dans le document promotionnel montre une non-infériorité de Mediator par rapport à la metformine, tandis que celle réalisée avec un intervalle de confiance à 95 % en intention de traiter ne permet pas de conclure à la non-infériorité du benfluorex comparé à la metformine ;
- une analyse en per protocole qui n'a inclus que 68 % des patients.
Ainsi, cette extension d'indication a été refusée par la commission d'autorisation de mise sur le marché, considérant que la démonstration d'efficacité n'a pas été apportée, notamment dans la mesure où l'essai clinique fourni ne permet pas de conclure à la non-infériorité du benfluorex par rapport à la metformine, compte tenu des faiblesses méthodologiques de l'étude.
Par ailleurs, la mise en exergue d'une non-infériorité de Mediator sur la diminution de l'HbA1c est associée en dernière page du document à la mise en exergue de résultats de tolérance gastro-intestinale en faveur de Mediator : 13 % dans le bras traité par Mediator versus 25 % pour la metformine, sans précision d'un degré de significativité pour interpréter cette différence et sans que soient mentionnés les autres effets indésirables. Or, cette présentation tend à établir une comparaison du rapport bénéfice/risque de ces deux spécialités et à générer une prescription préférentielle de Mediator chez certains diabétiques de type 2 sur la base d'un profil de tolérance plus favorable pour une efficacité non inférieure, ce qui ne favorise pas le bon usage de Mediator dans la mesure où les indications validées par les autorisations de mise sur le marché de Mediator et de la metformine ne sont pas superposables concernant leur place dans la prise en charge du diabète de type 2. En effet, Mediator est indiqué comme « adjuvant du régime adapté chez les diabétiques avec surcharge pondérale », tandis que la metformine est indiquée dans le « traitement du diabète de type 2 de l'adulte, en particulier en cas de surcharge pondérale, lorsque le régime alimentaire et l'exercice physique ne sont pas suffisants pour rétablir l'équilibre glycémique ». Ainsi, cette présentation d'une efficacité antidiabétique non inférieure à la metformine associée à une meilleure tolérance gastro-intestinale tend à positionner Mediator au même niveau de la stratégie thérapeutique du traitement du diabète de type 2, c'est-à-dire après l'échec des mesures hygiéno-diététiques, ce qui ne correspond pas à l'indication validée par l'autorisation de mise sur le marché de Mediator ;
Considérant qu'en conséquence la présentation des résultats de l'étude précitée comparant l'efficacité et la tolérance de Mediator versus metformine et la conclusion efficacité antidiabétique sur l'HbA1c après six mois de traitement, versus metformine Mediator s'est montré statistiquement non inférieur à la metformine sur la baisse de l'HbA1c sont contraires à l'article L. 5122-2 du code de la santé publique, qui dispose que la publicité doit respecter les dispositions de l'autorisation de mise sur le marché, présenter le médicament de façon objective et favoriser son bon usage,
les publicités, sous quelque forme que ce soit, pour la spécialité pharmaceutique Mediator reprenant les allégations mentionnées ci-dessus sont interdites.