Résumé des saisons 1 et 2 : Le 1er janvier, à 35 ans, après 13 ans de fumette à 2 paquets par jour, je décide d’arrêter de cloper. Des patchs durant le premier mois m’ont permis de bien tenir le coup à l’exception de 2 ou 3 écarts pendant les dix premiers jours d’arrêt. Pour le deuxième mois, je vole sans filet. Plus de patchs : sauf la volonté compte dorénavant… Mais plus facile à dire qu’à faire, je craque une seule fois mais quelle fois : bourré, je trouve moyen de me fumer un paquet entier en l’espace de 4 heures !!! Désespéré, je décide de rentrer au couvent et de revêtir le voile. Plus de sorties, plus d’alcool fort, plus de sexe… 76 kg au jarret, des poils aux pattes, Sœur Luc est née ! Avant toute chose, je tiens à préciser que ce qui suit va être écrit avec beaucoup de tendresse. Mais ce n’est pas parce qu’on est tendre qu’on n’a pas le droit d’essayer d’être drôle et incisif. Donc pas de levée de boucliers, plizzzz
La Mamma est arrivée de sa campagne hier soir. Oui parce que Maman Thar habite très loin de Paris, dans des montagnes enneigées de l’Est de la France. L’isolement de la montagne, la rigueur du froid, la fréquentation quotidienne des vaches… ça vous forme comme qui dirait un personnage. Ce n’est pas Bécassine - parce que Maman Thar n’est pas idiote - mais parfois on se demande…
Illustration par l’exemple.
Tout brave fiston que je suis, j’ai offert une soirée théâtre + restaurant à Maman Thar. Ben si j’avais su…
Nous étions dans le bus lorsqu’une charmante voix féminine se mit à annoncer la station à laquelle nous arrivions. N’importe quel être un peu « aware » se douterait qu’il s’agit là d’un disque et non du Gluon de l’annonce de bus, caché dans les haut-parleurs. Ben Maman Thar, elle, a fait preuve d’une naïveté déconcertante et m’a demandé :
- Mais c’est une femme qui conduit le bus ?
Je dois avouer que j’ai mis du temps à comprendre pourquoi elle me demandait subitement ça et n’ai fait le rapprochement avec le disque automatique que 30 secondes plus tard (le temps que l’information parcourt mon unique neurone).
Je vous passe l’épisode durant lequel elle me racontait ses déboires sentimentaux dans le bus. J’avais beau lui donner des coups de coude pour qu’elle baisse d’un ton, rien n’y faisait. Moi, j’étais rouge pivoine et me disait que ce n’était pas possible, que c’était l’âge, qu’elle commençait à yoyoter du chapeau et qu’elle devenait sourde. Enfin… Y a au moins une cinquantaine de personnes sur Paris qui, ce soir, sont au courant de la vie intime de Maman Thar.
Au théâtre, je prévoyais déjà le truc et lui ai sommé de ne pas parler tout haut pendant la pièce et que si elle avait un commentaire à me faire, qu’elle me tape discrètement sur l’épaule et qu’elle me chuchote à l’oreille ce qu’elle aurait de si important à me dire… Ben ça n’a pas loupé ! Maria Pacôme venait de s’installer confortablement dans un fauteuil lorsqu’un grand silence tomba dans la salle. Pas un bruit. A peine si on entendait un souffle. C’est à c’est instant précis que Maman Thar jugea bon de me faire partager, tout haut, son avis sur la coiffure de Maria Pacôme en me demandant si je pensais que ça lui irait bien !
Et ce n’était pas fini ! A un moment, du coin de l’œil, je la vois qui s’agite et trifouille dans son sac à main. Je me dis en moi-même « Ça y est ! qu’est-ce qu’elle va encore me faire ? ». Y a des tas de femmes qui auraient sorti de leur sac un rouge à lèvres, un poudrier, un mouchoir, un bonbon… bref tout ce qu’on peut trouver dans le bordel d’un sac de nana ! Ben Maman Thar a quelque chose dans son sac à main qu’aucune femme ici n’aurait eu un jour l’idée d’emporter ! Maman Thar cache dans son sac à main… un cure-dents !!! Et là voilà qui, sans complexe, se met à trifouiller dans sa bouche à la recherche du probable petit bout de viande qui était resté coincé depuis le déjeuner !
Certes, nous étions dans le noir mais quand même… Y a des choses qui ne se font pas ! Fallait se laver les dents après déjeuner !
Ben voilà… Vous avez un bref aperçu de ce qu’est Maman Thar. Elle me fout la honte 50 fois par jour mais elle est comme elle est : originale, bohême, sensible, simple et rustique ! Si elle n’était pas comme ça, je ne serais certainement pas ici à essayer de vous tirer un sourire en racontant mes conneries.
Et pis Maman Thar elle a une fierté : le fiston s’est arrêté de fumer !
Elle, qui a perdu son père à 17 ans d’un cancer des poumons, a toute sa vie fait la chasse aux fumeurs. Pas un homme ne lui a résisté : ni mon père, ni son deuxième homme, ni son troisième homme. Il ne restait qu’un irréductible et pas des moindres… Le fiston ! Et v’la que moi aussi j’ai rendu les armes.
Moi je vous dit : Maman Thar c’est vachement plus efficace qu’une Nicorette !!!
Thar