Résumé de la saison 1 : Le 1er janvier, à 35 ans, après 13 ans de fumette à 2 paquets par jour, je décide d’arrêter de cloper. Des patchs durant le premier mois m’ont permis de bien tenir le coup à l’exception de 2 ou 3 écarts pendant les dix premiers jours d’arrêt. Pour le deuxième mois, je vole sans filet. Plus de patchs : sauf la volonté compte dorénavant… Comme prévu, j’ai passé la soirée de vendredi chez mon ex.
Je craignais le pire en y allant puisque je suis parti dans un état d’énervement prononcé, vu que ma banquière m’a encore arnaqué de 7 € et que j’en ai marre qu’elle me prenne pour un gogo. J’avais donc une super envie de cloper en partant…
Mon ex et son cop’ habitent dans le 18e. Pour ceux qui ne connaissent pas Paris, le 18e c’est à l’opposé d’où j’habite, et c’est l’un des quartiers les plus populaires de Paris avec une foule d’ethnies qui cohabite joyeusement. Comme je ne fréquente jamais ce quartier, j’avais l’impression de m’immerger dans le Bronx.
En sortant du métro, j’ai eu une super envie de pisser. Je n’aime pas arriver chez des gens et demander tout de suite à aller aux toilettes, d’une part ça fait mec qui a une petite vessie (j’en ai une grosse moi !!!) et d’autre part ça fait mec qui n’est pas à l’aise et qui veut marquer son territoire.
Donc, avant de monter chez mes potes, je me soulage dans le caniveau, pudiquement caché entre deux voitures. Soudain une voix sortie de nulle part commence à m’ululer des injures… En fait, je n’avais pas fait gaffe, mais j’étais en train de me soulager devant un appartement, en rez-de-chaussée, habité et – évidemment – dont les habitants n’étaient pas du tout content de voir me vidanger de la sorte. Mais malgré tout, le père, la mère et les deux enfants étaient tous rassemblés à la fenêtre en train de me mater la quéquette et d’ameuter tout le quartier en relatant mes exploits. La soirée commençait bien… Après la banquière, un pipi qui tourne mal… aïe aïe aïe…
En arrivant chez mes potes, je tombe tout de suite sur les deux lesbiennes martiennes qui ne trouvent rien d’autre de mieux à faire que de m’alpaguer et de me coincer dans leur coin. Mon ex Guillaume me confirme que la parisienne branchouille et cocaïnomane ne viendra pas ce soir. Ouf ! ce sera toujours ça à ne pas négocier.
Outre les deux lesbiennes, Guillaume et son cop’, il y a un couple dont la fille m’agace d’entrée de jeu. C’est bête parce que son copain, lui, à l’air sympa. Et un petit bout de femme super timide que je ne connais pas et dont je ne connaîtrai rien en repartant.
Toute la pièce est enfumée. Ici, c’est simple : TOUT LE MONDE fume. Le genre de soirée qui vous font penser que vous être vraiment anormal et triste sire de ne pas fumer.
Ce soir, j’ai la super côte avec les lesbiennes. L’une des deux tente de me convaincre pendant 1 heure que c’est vachement dur de faire cuire des pommes de terre sautées, tandis que l’autre me dresse un portrait sensible des services gynécologiques des Hôpitaux de Paris.
Au bout d’un moment, la discussion vire sur la clope. Et comme quand j’ai bu, je suis vachement bavard (déjà qu’en temps normal…) : je m’improvise pourfendeur de la goudronneuse, défenseur de la loi Evin, combattant des enfumés et ambassadeur des économies et des affaires sanitaires…
Rétrospectivement je fait peur.. Genre je deviens l’ex-fumeur vraiment chiant qui va hurler sur tous les toits que c’est beaucoup mieux de ne pas fumer.
Mais je vois bien que je les fais tous bisquer. Guillaume, mon ex, a même cette bienheureuse parole :
- « Ah la la ! Ça me troue le cul que te sois arrêté de fumer »
Ben si un jour on m’avait dit que je lui trouerai le cul à lui !!!
Je continue de pérorer. Je sors les trémolos. Mon assistance a beau arborer une bouche bée de circonstance, je n’en sens pas moins un léger malaise et surtout un ras-le-bol général de me voir monopoliser l’attention et seriner mes histoires anti-tabac.
Je suis marrant moi ! Ils n’ont rien demandé à personne eux ! Ils sont venus passés une bonne soirée et ils ont en face d’eux un gus qui les fait culpabiliser à mort !!!
Soudain la fille que je ne sentais pas s’exprime sur le sujet et… me prie de bien vouloir me taire. Je m’excuse et lui dit que c’est plus fort que moi, que j’ai besoin de ce genre de thérapie de groupe etc etc…
Tout penaud et déjà complètement ivre, je me retourne vers mes deux lesbiennes préférées et me résigne à écouter les us et coutumes des services gynécologiques hospitaliers entre deux recettes de pommes de terre sautées…
Le whisky, la gynécologie et les pommes de terre m’ont tellement saoulé que ma soirée s’arrête là… Il y a un trou de 2 ou 3 heures durant lesquelles je ne sais AB-SO-LU-MENT rien de ce qui s’est passé. Si ça se trouve j’ai mis à sac l’appartement…si ça se trouve j’ai collé un bébé à l’une de des deux lesbiennes… si ça se trouve j’ai fumé une taffe, une clope, deux clopes voire pire… un paquet de clopes en entier, et je ne le sais même pas !!!
Toujours est-il qu’en me réveillant le lendemain, j’ai eu tout de suite le réflexe de sentir mes doigts, ma bouche… rien… pas d’odeurs suspectes de tabac froid, pas de souffle court non plus… OUF ! L’hypothèse du paquet fumé en entier est vite écartée mais pour le reste ? C’est peu probable mais je ne le saurais jamais…
Tout ce que je sais c’est que j’ai fait une surconsommation de chouingues : 2 tablettes en l’espace de 6 heures !!!
Ben voilà… Après une telle soirée, il m’a bien fallu deux jours pour m’en remettre. Toujours pas d’envie de cloper. Mon voisin et sa copine Ulla se sont remis à s’arrêter de fumer. Lui se demande même s’il ne va pas passer aux patchs. C’est vraiment trop cool de donner envie aux gens d’arrêter de fumer. En plus, moi qui incarnait le parfait intoxiqué, ça les laisse assez perplexes de me voir si bien tenir… Faut-il que je rappelle l’élégante formule de mon ex ?
Thar