La revanche du DragonTu vois mon (thé) Thar, tu n’es pas le seul à jouer l’incruste…
Samedi midi, il fait beau et le soleil découpe, à travers les persiennes, l'ombre mouvante des bambous sur le mur d'en face... C'est beau.
Assis dans la lumière, je bois une tasse de thé en essayant de me remémorer la nuit dernière. Un des chats, Greebo, le gros, est allongé sur le dos, les pattes en l'air et ronronne diesel. L'autre, Thoma, l’air sérieux, garde le jardin contre toute intrusion. J'ai allumé la cheminée. Il fait 8°C dehors et 19 dedans. La radio annonce une grosse vague de froid et de neige qui nous viendra du nord-est.
Pas vraiment mal à la tête, pas vraiment mal au ventre, un peu comme si on m'avait enrobé les membres dans du coton hydrophile et que le plancher était devenu un peu élastique...
Mais au moins c'est doux, presque aussi doux que mon lit que je n'aurais peut-être pas du abandonner.
Tout a commencé vers 17 heures, quand Gary m'a envoyé un texto pour savoir si j'allais honorer les bouges d'Earls Court ou de Soho de mon auguste présence... Gary, c'est un ex adorable. Je ne veux pas dire qu'il a cessé d'être adorable. Il a continué d'être tout aussi adorable sans moi, c'est tout. Mais je me méfie un peu parce que la dernière fois que nous sommes sortis ensemble, l'alcool aidant, nous sommes redevenus très proches l'espace d'une soirée. Mais qui n'était plus du tout adorable le lendemain, quand je lui ai fait comprendre, au petit déjeuner, que ce n'était pas la grande aventure qui recommençait ? Gary.
Je lui réponds donc que je pense aller au Coleherne à Earls Court, et ensuite sans doute au Bromptons.
Le Coleherne est un pub, un des pubs gays les plus anciens de Londres. C’est là qu’a eu lieu l’équivalent anglais de Stone Wall, dans les années 70. Après une série de raids quotidiens et humiliants par la police, tous les clients du pub se sont rebiffés un samedi soir et ont séquestré huit policiers dans les toilettes pendant plus de trois heures ! J’aime bien imaginer la scène…
C’est un Pub typique, enfumé, un peu drague, mais la bière est bonne et il y a un billard or j’aime bien en faire une partie ou deux.
J’arrive donc au Coleherne et après avoir commandé ma bière, et fait le tour des lieux réglementaire, je m’inscris au tableau pour jouer au billard.
Trois bières et 5 parties plus tard, toujours aucun signe de Gary. Il est adorable, mais on ne peut pas compter sur lui, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles… enfin bref, passons.
Alors que je me préparais mentalement à rentrer, je vois arriver Gilles, un pote français qui habite Londres aussi et que je n’avais pas vu depuis trois mois. Du coup il paye une tournée, nous discutons de mes travaux. Je lui rends la pareille et nous parlons de ses ex les plus récents, bref, une soirée sympa, assis sur les banquettes dans le fond du pub, et là, voilà qu’il sort de sa poche une petite cigarette roulée maison, du genre qui sentent drôle et qui donne envie de rire…
Et j’ai craqué, j’ai pris plusieurs taffes de son spliff.
Tout en pensant à vous, tout en me disant : « Idiot, sale bête, espèce de fiente, une seule cigarette suffit pour replonger… »
Je me sens coupable, mais pas si coupable que ça, j’ai pas mal bu, j’ai surtout beaucoup rit, très mal joué, mais passé une soirée très zagréable…